Carnet de voyage Angola 2004

L'album photos Angola
L'album photos Angola

Cacongo -> Cabinda -> Liaison par Antonov ! -> Luanda -> Porto Amboin -> Sumbe -> Lobito -> Benguela -> Dombe grande -> Lucira -> Bentiaba -> Lubango -> Cahama -> Chitago -> Namibie

Mardi 27 Avril

Nous franchissons la barrière et le militaire nous montre du doigt les bureaux où nous devons nous rendre. Pendant que David va à la douane pour le carnet pour la voiture, je m'occupe de la partie passeport et visa. Malheureusement, la personne qui s'occupe de cela n'est pas encore arrivée et je dois attendre. Ca me permet d'observer les mouvements autour du poste. Au bout d'une grosse demi-heure, un homme en costume 3 pièces arrive et s'installe au bureau qui nous concerne. Il s'avère très sympathique et nous fait remplir une lettre contenant différents renseignements nous concernant. C'est en portugais mais on arrive relativement facilement à s'y retrouver. On reprend la route. Elle est très mauvaise et truffée de militaires armés qui s'y promènent à pied. Beaucoup de villages sont disséminés de part et d'autres. Juste avant Cacongo, on trouve enfin du bon goudron et par la même occasion un point de contrôle. Ils nous enregistre et nous disent d'aller voir l'immigration en ville. Ils nous montrent le chemin. La personne chargée de l'immigration vérifie nos papiers dans la rue et nous laisse partir en nous précisant bien d'aller nous enregistrer au bureau correspondant à Cabinda. Sur la route, beaucoup de gens que nous croisons nous saluent en nous montrant leur poing fermé avec le pouce levé comme pour nous dire que c'est super qu'on soit venu ici. Nous arrivons à Cabinda à midi. En cherchant les bureaux de l'immigration, on tombe sur l'Alliance française. Une bonne aubaine pour obtenir des renseignements. Un jeune se propose de nous conduire au bureau. Là, c'est un peu l'anarchie car ils sont en train de déménager dans des bureaux flambant neufs mais les officiels s'empressent de nous enregistrer. Ils font même les photocopies de nos passeports avec nos visas sans rien nous demander. On va à la banque pour changer de l'argent et c'est le banquier lui même qui me désigne les gens avec qui je change directement  nos CFA en Kwanzas. Tout se passe en fait rapidement et nous pouvons filer directement à l'aéroport pour une mission bien plus délicate : trouver un avion pour mettre Totoy dedans et nous avec, pour atterrir directement à Luanda et éviter ainsi la République Démocratique du Congo ou Congo Kinshasa. Cette idée très originale nous a été donnée par un autre voyageur français qui nous a précédé de quelques mois et qui a utilisé ce moyen de transport si particulier (Un grand merci à Guillaume pour le tuyau !). En fait il faut s'adresser à la base militaire où plusieurs fois par jours des avions cargos militaires atterrissent et décollent vers Luanda. Et à partir de là se débrouiller car bien sûr, rien des ces opérations n'est officiel. On se dirige en premier lieu à l'aéroport ce qui semble le plus logique pour nous. En demandant les avions cargos militaires on tombe sur un homme qui parle français et qui se propose comme intermédiaire pour notre négociation avec le chef de la base. Il nous dit de revenir en début d'après midi le temps qu'il traite notre cas. Pendant ce temps, on va manger dans une gargotte en face de l'aéroport. Notre négociateur nous rejoins accompagné d'un officiel vu le badge qui est suspendu à son cou. C'est d'accord pour notre prix, rendez-vous à 15 heures sur le parking de l'aéroport. Quand on se gare sur le parking l'homme nous attend mais pour dire que l'avion prévu est plein. Il faut revenir demain matin à 9H30. On n'avait pas prévu ça comme ça. On cherche une banque pour retirer de l'argent mais elles sont toutes déjà fermées. On s'attaque à la recherche d'un hébergement mais on ne voit qu'un hôtels extrêmement cher : 120 dollars la nuit.  On tourne dans la ville mais on ne voit rien d'autre. On se rabat sur les missions catholiques mais mon portugais plus que rudimentaire ne permet pas de me faire comprendre. On repart à l'Alliance française en demandant s'ils connaissent des logements abordables mais comme on ne connait pas la ville le jeune homme se propose de nous accompagner pour nous servir de traducteur et de guide dans la ville. Mais Cabinda vit de l'industrie du pétrole et le dollar y est roi. Les tarifs proposés pour une nuit dans des hôtels pour travailleurs du pétrole sont exorbitants rien à moins de 100 euros. Pendant qu'on tourne en rond en ville, on discute un peu avec José. On comprend un peu mieux la situation particulière de Cabinda et l'existence d'un mouvement de libération de cette enclave qui de temps en temps enlève des étrangers pour faire entendre ses revendications. On comprend aussi beaucoup mieux la forte présence militaire qu'on a vue depuis la frontière du Congo. Il nous accompagne à la mission mais le père n'est pas là et le gardien ne veut pas prendre de décision. On retourne à l'autre mission où j'avais tenté ma chance et grâce à José qui explique notre cas nous pouvons rester là dormir. Nous ramenons José chez lui et repartons nous installer dans la cour de l'école de la misson.

Réveil dans la cour de l'école de la mission de Cabinda

Réveil dans la cour de l'école de la mission de Cabinda

Mercredi 28 Avril

On se lève avant le début de l'école pour ne pas trop perturber le fonctionnement. Mais la cour est très vite remplie d'une nuée d'élèves qui sont très matinaux et visiblement impatients d'aller en classe. On arrive au parking de l'aéroport. Un militaire de la base d'à côté vient nous chercher et nous dit que le vol de 15h est confirmé et qu'on peut venir directement à la base vers 14 heures. On repart en ville, on trouve un cyber café, extrêmement lent, grâce à José et on consulte nos mails. On cherche un resto mais il n'y a pas grand choix. Le seul qu'on trouve a un cadre raffiné et une carte alléchante de plus de quatre pages mais la seule chose qu'ils peuvent nous proposer c'est une salade ! 14 heures pétantes, on arrive à la base. le gardien nous laisse entrer sans problème. On nous montre où on doit se garer. Le temps passe mais pas d'avion pour nous. On s'installe pour faire un scrabble. Il y a beaucoup de va et vient de voitures et de piétons dans la base. C'est la fin de l'après midi et toujours rien. Une voiture passe et s'arrête. Un blanc nous demande en anglais s'il peut nous aider. On lui présente notre cas et il nous répond que ça va être compliqué car notre voiture est trop grosse pour les avions cargos habituels. Mais il n'est pas sûr. Il préfère demander confirmation à son collègue russe qui s'y connait plus. Quelques minutes après Andrej nous confirme le diagnostic et nous affirme qu'il n'y a aucun gros Antonov prévu aujourd'hui. Nitzan, qui lui est israélien, nous propose de parler directement au commandant de notre cas car il le connait bien. Plus tard, on nous fait signe de rentrer dans les bureaux. Le commandant est là, il nous offre une bière et parle avec Nitzan. Il appelle ensuite un collègue à Luanda et parle d'un Land Cruiser blanc demain à 9 heures, raccroche puis nous met la télé satellite française, nous fait signe qu'il revient et s'en va. Nitzan le suit. Nous attendons un petit moment. Puis la nuit tombe. Pas mal de monde s'affaire autour de nous. On entend un avion qui décolle puis plus rien. On attend. A 21 heures, tout le monde semble parti et on se retrouve tout seul dans le bureau. On trouve enfin quelqu'un et on essaie de lui faire comprendre notre situation très particulière. Il appelle le commandant qui nous a à priori oublié, et on comprend qu'on doit revenir demain matin à 7 heures. Comme c'est trop tard pour retourner à la mission, on va à une pension que j'avais repéré ce matin. On négocie et on obtient un prix à condition de partir avant 6 heures. Ce n'est pas bien brillant mais au moins ça nous évite une trop grosse dépense.

Jeudi 29 Avril

Lever 5h15. On va direct à la base. On se fait le petit déjeuner sur place. On attend l'avion de 9h mais il n'est pas là. On ne comprend pas trop. Peut-être qu'on a mal interprêté et que c'est 9 heures du soir mais pourquoi nous faire venir à 7 heures du matin ? Toujours est-il qu'il faut se contenter d'attendre. A la base, tout le monde nous connait maintenant et nous salue. On fait la connaissance de Jolie une secrétaire qui parle un peu français car elle a été réfugiée en RDC. On se raconte un peu nos vies mutuelles. On compare les niveaux de vie de chaque pays. On fait aussi la connaissance du commandant en 3 de la base. Il est subjugué par notre voiture qu'on fait visiter à un peu tout le monde. Andrej passe et comme il est informé des plans de vols il sait quels sont les avions de prévus même si ça peut changer beaucoup. Il nous déclare qu'il n'y a pas d"Antonov 12 à priori. Ca ne nous encourage pas mais on attend quand même. Ce coup-ci on sort la table et les chaises et on essaie de s'occuper tant bien que mal dans la chaleur ambiante. On attend ainsi toute l'aprés-midi. Jolie nous dit que notre avion sera là à 18 heures et nous fait ses adieux. Mais la nuit tombe et rien pour nous. On attend très tard, jusqu'à 9 heures car on ne sait jamais. Mais on aperçoit Nitzan sur le tarmac et il nous dit que ce n'est pas la peine de rester là. On n'a vraiment pas le moral et on décide de se payer un des deux hôtels de luxe pour se remotiver. En fait ça n'a rien de luxueux, c'est juste un niveau un peu élevé et surtout très cher. On est tellement fatigué qu'on veut juste avaler des sandwich sur le pouce mais ils n'en ont plus. On doit se rabattre sur ce qu'il y a de moins cher une triste omelette avec quelques malheureuses frites pour 11 dollars quand même.

Vendredi 30 Avril

Comme maintenant on connait les habitudes de la base, on sait que ce n'est pas la peine d'être trop matinal. On s'arrête juste avant acheter du pain frais et tout le monde nous reconnait. On arrive à la base et on fait notre petit rituel, On dit bonjour à tout le monde, on sort notre table et les chaises et on s'installe pour le petit déjeuner. Nitzan passe et nous dit qu'on a peut-être nos chances aujourd'hui car il y a deux à trois gros avion par semaine et le dernier était le jour de notre arrivée. Mais Andrej passe peu après et nous précise qu'aucun plan de vol de gros cargos n'a été déposé. En plus le commandant est parti et ne revient que dimanche. Le problème c'est qu'on n'a pas beaucoup d'autres possibilités. Le bateau tout le monde ici nous le déconseille et Nitzan qui a ses entrées dans la marine nous dit que de toute façon ce n'est pas plus prévisible que l'avion et c'est aussi cher. La route, nous n'avons pas étudié cette option car ça nous oblige à passer par la RDC alors qu'on n'a pas de visa et réentrer en Angola pour lequel on a épuisé notre visa à entrée simple. On s'en veut de s'être coincé dans ce coin perdu et si cher. C'est vraiment épuisant pour les nerfs car on comprend à peine un peu de portugais et on ne sait pas trop ce qui se passe.  Sans cesse c'est le chaud et le froid qu'on nous souffle dessus. On est obligé de rester à la base au cas où, et rien n'arrive. Tous nous disent qu'il y a un très gros avion pour nous bientôt, juré, craché, promis. Mais à chaque fois, ce sont toujours des petits avions cargos qui embarquent des marchandises et aussi beaucoup de passagers civils ou militaires qui font ainsi la navette entre Cabinda et Luanda en payant bien sûr le commandant avant tout. On est sans cesse ballotté entre espoir et désillusion. C'est assez pénible. Demain, si on n'est pas encore parti on ira en premier lieu se renseigner au port. Heureusement, les gens sont super sympas avec nous. On arrive à discuter en baragouinant un peu de portugais et d'espagnol. Et puis on tombe aussi dur des gens qui parlent un peu le français car ils ont vécu en RDC à cause de la guerre. C'est ainsi qu'on entend souvent la réflexion assez déconcertante : "J'aimerais bien faire votre métier de touriste". Ils croient qu'on est payé par le gouvernement pour visiter les pays ou qu'on va écrire un livre et le vendre. On a dû mal à leur faire comprendre qu'on ne gagne rien (au contraire !) et qu'on fait ça car c'est notre rêve depuis toujours. Je crois que notre réponse les surprend autant que nous avec leur question. Toujours est-il qu'on est presque les derniers à partir de la base. Nous avons fait nos adieux à Andrej car il part en week-end à Lobito. Il va falloir se passer de ses informations et contacts, ça ne nous motive pas pour la suite. Nous testons une autre pension que nous avons repérée. On bataille pour garer la voiture à l'abri des voleurs et on arrive à diminuer le prix de moitié, on a une bonne excuse, il n'y a pas d'eau courante. Que des grands bacs remplis d'eau. Il faut quand même débourser environ 25 euros pour ça, mais c'est propre et le gars est sympa, en plus il nous indique un coin plein de petits restos sympas. On a enfin trouvé un logement abordable et décent.  

Samedi 1er Mai

Comme promis nous partons au port et nous renseignons. Apparemment, le bateau qui fait la navette entre l'enclave de Cabinda et l'Angola est encore à Soyo. Normalement, il repart d'ici lundi matin. On essaie d'en savoir un peu plus mais la personne qui s'occupe de ça n'est pas là. Apparemment, ce n'est pas donné non plus et il faut boucler l'affaire dimanche matin au plus tard. On a au moins un plan de secours même si ça fiabilité est douteuse. On retourne à notre chère base. Les jours défilent et pendant ce temps notre durée de visa raccourcit à vue d'oeil. On s'installe comme d'habitude et on parle beaucoup avec le commandant en 3 et le colonel du tribunal militaire. Ce dernier, qui parle un excellent français, nous confirme la volonté des gens à vivre en paix mais aussi les dégâts désastreux sur le plan psychique et mental sur plusieurs générations de 40 années de guerre. En milieu de matinée, il commence à avoir une activité inhabituelle autour de notre voiture. Beaucoup de monde passe et la jauge du regard. Puis soudain le commandant en 3 vient nous voir. Il nous dit qu'il y a un avion cargo qui vient d'arriver pour nous et si on veut, il s'occupe de tout à condition qu'on lui donne l'argent. On est OK même si on n'aime pas payer avant d'avoir le service ! On attend, fébrile. On enlève tout ce qu'on a sur la galerie et on le case tant bien que mal à l'intérieur. A peine fini, il faut partir sur le tarmac. On ne sait pas encore comment on va monter dans l'avion ! Les passagers descendent, puis les marchandises sont déchargées à coup de trans-palettes. On vérifie nos passeports. Ils installent une sorte de rampe et on nous fait signe de monter. On s'engouffre dans la carlingue. C'est un équipage russe qui pilote nos manoeuvres. Ils arriment la voiture. Pendant ce temps les passagers s'installent avec leurs bardas harcelés par les manoeuvres angolais. Ca parle russe et ça hurle portugais, on n'est un peu perdu. La moindre place est occupée. Les hélices rugissent, la porte se ferme, on se cramponne à nos sièges, attachons nos ceintures (si, si !) et l'avion décolle. On y croit à peine et pourtant c'est bien vrai, on est dans la voiture, confortablement installé et Totoy vole au dessus de la côte angolaise. C'est vraiment la chose la plus extraordinaire qu'on a faite jusqu'à maintenant ! Jamais, il y a quelques semaines encore on aurait imaginé cela. En quelques minutes, les interminables heures d'attente sont effacées. Une heure après, nous atterrissons à Luanda. Nous devons refaire un certain nombre de formaslités. Les officiers, dans un premier temps peu amènes, se révèlent finalement sympathiques et nous sommes peu après lâchés dans cette immense ville, sans aucun plan bien sûr. Nous tentons de nous diriger vers la côte, mais nous avons du mal à nous repérer. La circulation est dense et il y a beaucoup de routes. Nous traversons d'immenses bidonvilles cernés par des montagnes de détritus qui dégagent une puanteur extrême dans cette chaleur. C'est un vrai capharnaüm dont on arrive quand même à se tirer en essayant systématiquement d'aller vers la mer. Heureusement, nous avons des indications grâce à notre ami Bernard qui vient régulièrement en mission de travail ici ce qui nous évite d'être complètement perdu. On continue vers la "Ilha" une petite île reliée à Luanda par un pont, quand, soudain, on aperçoit des tentes de toits sur des Land Rovers. Ca doit probablement être les 2 couples d'américains qui nous précèdent et avec qui nous sommes en contact par email depuis le Gabon. Comme on est mort de faim après toutes ces émotions, on va d'abord se payer un bon repas dans un cadre superbe : nous faisons face à Luanda et ses superbes immeubles coloniaux.

Luanda vue de la Ilha

Luanda vue de la Ilha

Repus, nous faisons demi-tour pour retrouver nos tentes de toit. On les trouve au Club Nautique et on débarque en disant que c'est nous les Français. En fait il y a 4 véhicules de voyageurs.  Nous faisons ainsi connaissance de Slade, Krissi et Vicky (1 couple sud-africain anglais avec une amie anglaise) qui voyagent depuis 9 mois, de Urs et Elza (1 couple suisse français) et leur chien Bayo qui sont partis depuis 16 mois et de Jenifer, Witt, Graham et Connie  nos fameux "américains" qui ont démarré depuis un peu plus de 3 mois. Tout ce petit monde s'est rencontré au fur et à mesure de leur pérégrination et maintenant, ils voyagent ensemble. On s'abreuve de questions et de récits, tout cela en anglais bien sûr vu le groupe très cosmopolite. Seule Elza parle français et on la met fortement à contribution pour ses talents de traductrice. Bref, le temps passe très vite, ils nous invitent à se joindre à eux pour dormir ainsi qu'à un barbecue auxquels ils sont conviés. On est un peu pris dans le tourbillon et on accepte. La soirée se déroule chez Rob un ami à une amie à Vicky qui travaille en tant qu'expatrié en Angola. Il se trouve que Rob travaille avec Mario un angolais qui fait partie d'un club de 4x4 et, au courant de la venue de ces voyageurs peu ordinaires, a préparé une sortie pour eux et une liste de points GPS pour la suite de leur parcours. La très sympathique soirée nous permet de mieux faire connaissance avec le groupe de voyageurs et de discuter avec des expatriés français installés ici et qui nous font un peu découvrir ce pays. On trouve même une jeune femme qui habite en temps normal à 25 kilomètres de chez nous ! La barbecue-party passe très vite mais on doit rentrer se coucher à une heure raisonnable car demain, il faut se lever encore très tôt pour partir en excursion à la presqu'île de Moussolo.  

Dimanche 2 Mai

Nous partons juste après le lever du soleil avec notre nouveau groupe pour un programme complètement imprévu. Rob et Mario, nous servent de guides pour sortir de la ville tentaculaire et nous quittons la route pour la piste de la fameuse presqu'île. Nous avançons de plus en plus dans le sable. A droite, la lagune formée par l'avancée de la mer dans les terres, à gauche l'océan atlantique dans toute sa vigueur. La langue de sable se fait de plus en plus étroite jusqu'au moment où nous pouvons apercevoir ces deux mondes aquatiques en même temps. C'est magnifique.

Presqu'île de Moussolo Séance collective de dégonflage des pneus à Mussolo
Presqu'île de Moussolo Séance collective de dégonflage des pneus à Mussolo

Nous longeons la côte sur l'océan et nous sommes obligés de dégonfler les pneus pour éviter de nous planter dans le sable. La terre gagne du terrain et des îlots de palmiers surgissent dans cette savane plane, sèche et sableuse. Encore quelques kilomètres et nous traversons la presqu'île en largeur, pour atterrir sur une superbe petite plage côté lagune avec un campement aménagé. C'est le campement de vacance privé d'un ami à Mario du club de 4x4, qui nous le laisse carrément à disposition.   Nous passons l'après midi à lézarder au soleil, à chercher des clams de l'autre côté même si on rentre bredouille. Je me remets doucement à l'anglais pour discuter avec nos nouveaux amis. Quant à Mario, qui parle anglais et français, il nous donne d'innombrables informations sur l'Angola, un pays qu'il aime passionnément et qu'il connait en profondeur pour avoir participer entre autres à des déminages et à des réouvertures de route après la guerre. Il est aussi un grand voyageur puisqu'il a parcouru avec sa femme il y a quelques années, l'Europe et le Moyen Orient pendant 2 ans. Bref, un homme passionnant à plus d'un titre. Cette journée de vacances, qui nous permet de décompresser de notre stress cabindais, s'achève par un bel apéro autour des succulents sushis préparés par Connie et d'un barbecue dans la plus pure tradition sudafricaine.  

Notre lieu de villégiature

Notre lieu de villégiature

Lundi 3 Mai

Nous quittons le clan provisoirement pour repartir à Luanda car on a pas mal de choses à y faire. Deux heures de route sont nécessaires pour rejoindre la capitale. Nous tentons plusieurs banques pour changer de l'argent mais il y a trop de monde qui attend. Le change au noir dans la rue n'est pas très attractif car ils ne sont intéressés que par le dollar et ne connaissent pas bien le taux de l'euro. Heureusement, il y a un supermarché qui, acceptant uniquement les paiements en Kwanzas, met à disposition de ses clients un bureau de change à l'intérieur. L'opération est rapide et on se retrouve avec d'énormes liasses de billets dans les mains. A la caisse, c'est un cauchemar pour payer et la machine compteuse de billets est mise à forte contribution. Nous faisons notre ravitaillement et partons faire celui de Totoy. Paradoxalement, ce pays producteur de pétrole a parfois des pénuries de carburant à l'extérieur de la capitale. Par précaution, nous faisons donc le plein complet de gas-oil soit 260 litres. Cette opération, habituellement plutôt douloureuse sur le plan financier est ici un vrai plaisir : 8 kwanzas le litre soit à peine plus de 8 centimes d'euros ! Nous devons aussi prévenir les différents contacts que notre ami Bernard qui vient régulièrement en mission en Angola, avait activé pour nous, pour leur signifier que notre programme est bien chamboulé par la jonction avec le groupe de voyageurs. Cela nous donne l'occasion de parcourir Luanda qui est pleine de contrastes. La misère la plus totale côtoie des hôtels de luxe, de superbes bâtiments coloniaux cachent des bidonvilles minables, des hommes d'affaires pressés croisent des pêcheurs en guenilles. Pourtant, avec son boulevard Marginale qui longe le front de mer et sa presqu'île de Ilha, cette ville dégage un atmosphère attachante qu'on ne pourra malheureusement pas approfondir. La dernière mission à accomplir avant de partir est de trouver des cartes postales et des timbres. Croyez moi ce n'est pas une mince affaire ici où le tourisme est quasi inexistant. Nos objectifs atteints, nous repartons rejoindre les autres à la presqu'île de Moussolo. Nous arrivons à la nuit tombée mais notre journée n'est pas terminée. Nous leur avions promis un apéritif spécial alors, pour cette occasion si particulière, nous ouvrons le bocal de foie gras fait par ma maman, que nous transportons depuis la France. Il a un peu souffert mais il est véritablement délicieux et ça fait tellement de bien de partager sous ces latitudes avec de nouveaux amis !  

Tractage d'un fourgon planté dans la piste de sable de Moussolo Une belle tablée avec nos nouveaux amis Witt, David, Nadine, Elza, Urs, Slade, Graham, Krissy, Connie, Jenifer et Vicky !
Tractage d'un fourgon planté
dans la piste de sable de Moussolo
Une belle tablée avec nos nouveaux amis
Witt, David, Nadine, Elza, Urs, Slade,
Graham, Krissy, Connie, Jenifer et Vicky !

Mardi 4 Mai

Nous devons nous résoudre à quitter ce coin merveilleux et nous partons en convoi vers le sud. Les paysages arides sont superbes. La côte et l'océan d'un bleu azur ne sont jamais très loin. Cela nous fait un penser à la Grèce. Nous découvrons aussi une nouvelle flore dont cette plante style aloès avec des hautes hampes de fleurs rouge orangées. Les baobabs torturés refont leur apparition. De temps en temps on passe des villages aux cases rouges comme la terre.

Paysages semi-arides Jolis villages de terre ocre
Paysages semi-arides Jolis villages de terre ocre

Chaque fois que nous croisons quelqu'un à pied ou en voiture, c'est un grand sourire qui illumine son visage avec un salut chaleureux de la main. En fin d'après midi, on tente une piste qui rejoint la mer pour bivouaquer. On arrive dans un modeste village de pêcheurs. A cause de la marée, il n'y a pas assez de place pour nous tous. Nous revenons un peu en arrière pour nous installer dans la brousse. Nous avons même droit à une superbe éclipse de lune comme spectacle de fin de soirée.  

Enfants d'un village de pêcheur

Enfants d'un village de pêcheur

Mercredi 5 Mai

Nous reprenons la route qui trace dans ces étendues sèches. Porto Amboin, est visible de très loin avec son anse magnifique et la falaise qui la domine. La terre aux alentours est très claire presque blanche et toutes les maisons, faites de cette terre, sont d'une blancheur éclatante sous la lumière crue du soleil. Nous allons dans le village et  essayons de trouver des langoustes à acheter au pêcheurs mais en vain. Il n'y a pas non plus de poisson frais. Seulement une multitude de poissons de toute sorte qui sèche sur des claies.

Porto Amboin Les mêmes villages mais de terre blanche
Porto Amboin Les mêmes villages mais de terre blanche

Nous poursuivons notre périple. A un moment, nous surplombons une vallée d'un vert incroyable. C'est une véritable oasis que nous apercevons. Nous nous y engageons en prenant la direction de Gabela. Tout le long de la route, des gens nous proposent des sortes d'écrevisses, crues ou déjà cuites en brochettes. Le vert des prairies marécageuses et le bleu des étendues d'eau contrastent vivement avec les teintes marron ternes des collines environnantes. Nous arrivons ensuite aux chutes d'eau que nous a indiquées Mario. La végétation luxuriante qui les entoure est un véritable bain de fraîcheur. Mais pour certains de nos compagnons ça ne leur suffit pas et ils se font un plaisir de plonger dans les eaux limpides du bassin de la cascade. C'est le lieu idéal pour notre pique-nique.

La vallée oasis Chutes d'eau
La vallée oasis Chutes d'eau

Nous repartons pour rejoindre la côte. Nous nous arrêtons très tôt, sur une plage peu après Sumbe, pour trouver un endroit un peu romantique. En effet, aujourd'hui, c'est l'anniversaire de mariage de Slade et Krissy et nous avons décidé de leur préparer une surprise : cocktail en amoureux face à la mer et diner aux chandelles. On s'amuse comme des gosses à préparer ce petit évènement et on n'oublie pas de se gâter au passage !  

Une superbe plage parmi tant d'autres

Une superbe plage parmi tant d'autres

Jeudi 6 Mai

Nous poursuivons notre descente vers le sud. La route quitte peu à peu la côte pour s'enfoncer un peu plus vers l'intérieur. Les paysages sont rudes mais toujours aussi beaux. Il y a de moins en moins de villages. Les étendues que nous traversons sont immenses et notre petit convoi s'étire sur le long ruban d'asphalte.

Notre convoi dans les routes du sud

Notre convoi dans les routes du sud

Nous atteignons la grande ville de Lobito qui se trouve de nouveau au bord de la mer. Nous faisons le remplissage maxi de nos réservoirs de carburant car on n'en trouvera pas forcément jusqu'à Namibe ou Lubango. Nous devons être prêt pour attaquer la partie plus isolée de l'Angola. Le peu que nous apercevons de la ville est un peu à l'image de ce que nous avions vu à Luanda, un fort contraste. On voit de beaux bâtiments coloniaux restaurés perdus au milieu des bâtiments modernes sans âme le tout étant cerné par des quartiers populaires ou bidonvilles très étendus. Nos compagnons n'aimant pas s'attarder en ville, nous manquerons de voir le front de mer qui j'imagine doit être très beau s'il imite celui de la capitale. Peu après Benguela, nous quittons le goudron pour de nouveau une piste qui nous mène à Baia Farta, une avancée rocheuse dans la mer. Nous trouvons ainsi un beau bivouac sur la plage, non loin d'un village de pêcheurs.  

Vendredi 7 Mai

L'état de la route se dégrade lentement mais sûrement. Les paysages sont toujours aussi secs et presque désolés. On a parfois l'impression de se retrouver au Maroc avec ces montagnes où la roche est plus présente que les arbustes.  Plus tard, la descente d'une colline nous offre un point de vue surprenant : des champs, des jardins et des plantations de bananes à perte de vue. Nous sommes à Dombe Grande qui a la chance de pouvoir irriguer ses terres et de suite c'est une véritable explosion de vie. Il y a du monde partout avec des petits marchés où les producteurs vendent le fruit de leur travail. Nous en profitons pour faire une halte gaie et colorée à  l'un d'entre eux. Nous y mangeons les meilleures bananes que nous avons goûtées jusque là. L'endroit est très animé et ça a l'air d'être un carrefour important dans la région.

Petit marché de Dombe Grande

Petit marché de Dombe Grande

La piste qui est assez bonne jusqu'à Cimo devient assez infernale vite après. On s'enfonce un peu plus dans la montagne et  la piste est maintenant très rocailleuse rendant la progression très lente et difficile. Par moment on ne doit pas faire plus de 10 km/heure. Mais les paysages sont grandioses et on a l'air tout petit dans cette immensité. Ca nous donne une incroyable sensation de liberté. Comme on n'arrivera pas à Lucira aujourd'hui, on commence à chercher un endroit pour bivouaquer. On trouve une petite piste balisée qui semble rejoindre la côte. Elle slalome au milieu des acacias dont les branches griffent notre pauvre Totoy dans un bruit strident. Nous avons de plus en plus de mal à avancer mais le jeu en vaut la chandelle. Nous arrivons sur le site magnifique de notre nouveau bivouac qui surplombe d'une hauteur incroyable l'océan au loin. Nous nous installons pour admirer un coucher de soleil absolument splendide, nous sommes seuls au monde.  

Vue plongeante sur la côte Bivouac fantastique en haut de la falaise
Vue plongeante sur la côte Bivouac fantastique en haut de la falaise

Samedi 8 Mai

Nous retournons sur nos pas et retrouvons la piste principale. A notre grande surprise, nous croisons 2 véhicules. Finalement, la piste n'est pas si horrible qu'on le craignait. Peu avant Lucira on quitte le groupe pour aller au village. La route goudronnée que nous avons retrouvée ne dure pas longtemps : elle a été emportée, probablement par la rivière en crue qu'un pont maintenant isolé enjambe. Heureusement, il y a des pistes de contournement qui empruntent justement le lit de la rivière à sec, c'est ainsi que nous arrivons à Lucira dans l'après midi.

Enfants pêcheurs de Lucira

Enfants pêcheurs de Lucira

Il règne ici une tranquillité extrême. Rien à vendre, rien à acheter. On marche le long de la plage de sable clair, les gosses continuent à jouer. On aperçoit au loin d'anciens grands bâtiments : il y a dû avoir de l'activité mais il y a longtemps. On continue pour rejoindre les autres. Sur le bord de la route, quelques bergers gardent leur troupeau. Ils nous donnent vraiment l'impression d'être en Afrique australe avec leur allure longiligne style Masai, le torse nu, appuyé sur leur bâton, vêtu d'une sorte de jupe et d'une paire de baskets ! Peu après Lucira, les paysages changent brutalement et sont fantastiques. Les montagnes ravinées par les ruissellements forment un relief des plus étranges et arborent des couleurs incroyables avec en fond une oasis verdoyante. Puis, ce sont des plateaux immenses et d'une platitude infinie qui succèdent.

Paysages incroyables après Lucira

Paysages incroyables après Lucira

Nous parvenons ensuite au superbe coin de plage où nous rejoignons nos compères. Les rouleaux de l'Atlantique déferlent, on se sentirait presque chez nous ! Comme tous les soirs depuis notre rencontre, nous faisons un feu pour faire la cuisine. Cette fois-ci, on l'apprécie d'autant plus qu'on commence à avoir froid chose qu'on n'imaginait plus depuis bien longtemps.  

Dimanche 9 Mai

On poursuit la piste. Le sentiment de désolation des paysages est accentué par le ciel gris et la présence d'une brume matinale. On s'arrête à un phare complètement abandonné, on dirait que cet endroit est tombé dans l'oubli depuis de nombreuses années. Depuis Lucira, le goudron est plutôt correct mais tous les ponts sont effondrés. Comme nous sommes en saison sèche ça ne pose pas de problème et il y a toujours une piste qui permet de traverser ces oueds. Mais à d'autres périodes, ça ne doit pas être la même histoire. Le goudron s'améliore de plus en plus et nous arrivons à Namibe assez vite. C'est dimanche et tout est fermé mais je doute fort qu'il y ait encore grande activité ici. Nous pensions nous ravitailler mais nous allons tenir jusqu'à Lubango. Il n'y a qu'un resto d'ouvert sur le front de mer et il n'y a pas grand chose à manger. On dirait vraiment une ville en pleine décrépitude. La plage est noire de monde et des enfants font des acrobaties de toute sorte. Au bout de l'avenue on trouve un camping propre et bien aménagé. On s'y installe pour pique niquer. Après manger on découvre qu'il y avait même un restaurant proposant de la langouste au bout du camping. Peut être que l'été, c'est un lieu de villégiature apprécié. En quittant la ville on aperçoit furtivement trois femmes assises avec des bracelets de cuivre aux jambes, les seins bandés et un pagne leur servant de coiffe. On remonte en arrière pour trouver l'embranchement pour Lubango. On s'arrête juste après Caraculo pour bivouaquer.  

Lundi 10 Mai

Nous nous levons au petit jour et pendant que nous nous préparons, un jeune berger s'approche. Il nous salue et observe tranquillement tout ce cirque très inhabituel pour lui.

Jeune berger aux alentours de Caracaculo

Jeune berger aux alentours de Caracaculo

Nous nous dirigeons ensuite vers la chaine montagneuse en haut de laquelle se trouve Lubango. Depuis que nous roulons, cette superbe barrière rocheuse s'offre en point de mire. La majorité des habitants sont vêtus de leur habit traditionnel et c'est un superbe spectacle que de les croiser sur la route. Nous entamons la montée et nous progressons lentement. Les côtes sont rudes et les voitures peinent mais la raison principale c'est qu'on ne cesse de s'arrêter pour admirer les points de vue magnifiques sur les vallées qu'on découvre à chaque virage. Le summum est atteint lorsque nous franchissons le col après les derniers lacets incroyablement rapprochés. La route bifurque sur le plateau pour s'arrêter en face, nous permettant ainsi de jouir d'une vue fantastique sur les plaines des alentours.

Chaine de montagnes à grimper pour Lubango Les derniers lacets pour atteindre le sommet
Chaine de montagnes à grimper pour Lubango Les derniers lacets pour atteindre le sommet

Nous traversons maintenant des terres plates, cultivées ou servant à l'élevage. La population de plus en plus dense nous confirme que nous nous rapprochons de Lubango. C'est une ville très étalée et très bizarre. On voit beaucoup de bâtiments délabrés mais aussi des commerces vendant des produits derniers cris. Mais en fait il est difficile de trouver des produits frais. On discute pour s'organiser pour que chacun puisse faire ce dont il a besoin, quand Connie sort de sa voiture affolée : elle vient de se faire voler sa pochette. C'est arrivé très vite alors qu'elle était toujours dans la voiture. Le voleur a profité de l'attroupement de jeunes provoqué par notre arrêt et de la confusion qui en a suivi pour dérober en une fraction de seconde d'inattention, la fameuse pochette. Très vite, on nous montre quelque chose qui gît sous notre voiture. C'est la pochette, elle a été vidée de son argent mais fort heureusement les passeports y sont toujours et c'est vraiment le plus important. Nous ne voulons pas nous attarder ici mais nous devons absolument trouver du gas-oil. A la première station, il n'y en a pas, ni à la deuxième d'ailleurs. Un couple nous prend en charge et parcourt toute la ville avec nous pour trouver du carburant. Finalement, on parvient à trouver cette denrée rare. On ne se fait pas priés pour quitter la ville. La route est maintenant horrible, farcie d'énormes nids de poule qui nous obligent à slalommer ou à rouler à cheval sur les bas-côtés. On n'avance pas et c'est vraiment pénible. En plus Pinzie, le camion étrange de Urs et Elza commence à fumer sérieusement. Il consomme de l'huile et ce n'est généralement pas bon signe.

Chacun essaie à sa façon d'éviter les nids de poules énormes sur la route Lubango - Namibie

Chacun essaie à sa façon d'éviter les nids de poules énormes
sur la route Lubango - Namibie

On décide de s'arrêter pour examiner le problème de plus près. Mais en s'engageant hors piste, Slade tape une très grosse pierre en la trainant sous sa voiture. Décidément, ce n'est vraiment pas une bonne journée et il faut en finir au plus tôt.Slade analyse les dégâts et heureusement aucun organe vital n'est touché. Il y a juste quelques pièces à redresser de bons coups de marteaux mais le vieux Land de Slade en a vu d'autres. Pour Pinzie, c'est plus délicat. Pendant que les garçons sont tous affairés autour du moteur qu'ils démontent en partie, nous discutons entre filles en espérant secrètement que ça ne sera pas trop grave. Régulièrement on nous tient informés de l'évolution du diagnostic. En fin de soirée, les mécaniciens en arrivent à la conclusion suivante : c'est un guide de soupape qui est cassé entrainant ainsi une forte consommation d'huile et une combustion sur trois cylindres (tout le monde a suivi ?). Bref, c'est pas gagné mais ils ont quelques idées pour bricoler une réparation de fortune le lendemain matin.  

Mardi 11 Mai

La matinée étant vouée à la mécanique, j'en profite pour dormir un peu plus longtemps. Petit à petit, j'entends des voix enfantines qui se rapprochent. De petits gamins et gamines se sont installés juste derrière notre voiture pour admirer le spectacle qui se livre sous leurs yeux. Je peux les observer dans l'entrebaillement des portes arrières tandis qu'eux ne me voient pas. C'est un vrai plaisir de voir leurs yeux ébahis et leurs mimiques tantôt d'étonnement tantôt d'amusement. Je me lève et prépare le petit déjeuner. Je leur fais du thé à la menthe bien chaud pour les réchauffer car il fait frisquet. Je leur fais goûter ce nouveau breuvage, ils semblent surpris mais ils apprécient. Le plus frappant, dans ces moments, c'est comment ils s'appliquent à ce que tout le monde ait bien sa part. Chacun de nous vaque à ses occupations en attendant l'heure du départ. A un moment, un des gamins vient vers moi et m'offre une grosse tige et me fait signe de manger. C'est un peu sucré il doit s'agir de canne à sucre sauvage. Un peu plus tard, je les entends crier. Bayo, effrayé par le remue ménage autour du Pinzie, vient de se réfugier dans leur coin et le chien sème un courant de panique chez les enfants. J'essaie de les rassurer en caressant Bayo mais seuls les plus téméraires osent se montrer. Les autres restent cachés derrière. Le signal du départ est donné et nous quittons ces gosses adorables pour continuer doucement sur la route horrible. Malgré la réparation, Pinzie consome de plus en plus d'huile et nous devons régulièrement nous arrèter pour vérifier le niveau. Cette fois-ci, il n'y en a plus et il faut envisager une autre solution. A force de cogiter, les garçons trouvent une autre option et ils font la mécanique sur place. Nous repartons mais quelques kilomètres plus loin, nos espoirs s'envolent en fumée et le verdict tombe : Pinzie ne peut plus continuer comme ça sinon le moteur risque d'y passer. Après réflexions, Slade propose de le tracter. Vu l'état de la piste, c'est un choix délicat mais il n'y a plus d'autre issue. Seul point positif, nous avons fini de traverser les montagnes. Nous avançons à 20 km/h. De toute façon, on ne peut pas aller plus vite sur cette route ignoble. Nous continuons ainsi jusqu'à Cahama en espérant trouver une solution meilleure et peut-être un moyen de réparer. Au bivouac, l'ambiance s'en ressent et la soirée est bien moins joyeuse que d'habitude même si le moral est toujours là. Pour notre part, nous avons un choix crucial à faire. En effet, notre visa expire demain et nous sommes encore loin de la frontière de la Namibie. Compte tenu des conditions de la route, nous envisageons de prendre la piste que nous avait conseillée Mario qui part de Cahama jusqu'à Ruacana nous économisant ainsi une bonne centaine de kilomètres. Mais nous n'avons pas envie d'abandonner nos amis surtout dans de tels moments. D'un autre côté, si les douaniers procèdent comme pour certains voyageurs passés, on risque jusqu'à 1000 dollars d'amende par jour expiré ! Par ailleurs, nous ne connaissons pas l'état de la piste mais ce sera difficilement pire que la route même si c'est toujours possible. Bref, tout ça tournicote dans nos têtes et une seule chose est sûre pour l'instant, on se lèvera très tôt demain matin.

Mercredi 12 Mai

Au lever, notre décision est prise, nous tenterons la piste vers Ruacana. Tout le monde est déjà debout et nous avons même des villageois voisins qui sont venus nous rendre visite. On se réunit autour du feu car il fait frais et nous faisons nos adieux temporaires. Nous espérons nous retrouver dans maximum 2 jours à la première ville côté Namibien.

Réveil frisquet avec nos voisins villageois

Réveil frisquet avec nos voisins villageois

Nous retournons sur Cahama pour trouver la piste. On a un peu de mal à repérer mais les habitants nous mettent sur la voie d'Otchitanjau. A notre grand soulagement la piste est très roulante. Elle nous offre aussi de beaux paysages très doux de forêts vertes d'arbustes mise en relief par les herbes jaunes pâles qui tapissent le sol et la latérite ocre de la piste. La piste qui part ensuite vers Chitago devient plus dure car nous attaquons une zone montagneuse. Dans les petites plaines qui séparent les collines, on voit de temps en temps des champs clôturés et des troupeaux de zébus qui déambulent. Les villageoises sont en  tenue traditionnelle : un pagne pour le bas et de nombreux colliers de perles à la ceinture ou autour du cou.

Paysages sur la piste Cahama - Ruacana La tradition et la modernité !
Paysages sur la piste Cahama - Ruacana La tradition et la modernité !
Enfants sur la piste Cahama Ruacacna avec les cheveux couverts de perles multicolores Case de paysan sur la piste Cahama - Ruacana
Enfants sur la piste Cahama Ruacacna
avec les cheveux couverts de perles multicolores
Case de paysan sur la piste Cahama - Ruacana

Le relief s'adoucit et la piste s'améliore nous conduisant à Chitago qui a plus l'allure d'un village fantôme qu'autre chose. On récupère la piste principale pour Ruacana qui nous rapproche de la Namibie. Peu après, on rencontre un groupe de femmes Himbas assises à l'ombre d'acacias. Elles sont reconnaissables entre toutes. Elles s'enduisent le corps et les cheveux d'un mélange à base de beurre et de terre rouge pour se protéger du soleil et préserver la jeunesse de leur peau. Une peau de chèvre tanée leur sert de jupe, un superbe coquillage orne leur poitrine mais surtout elles sont couvertes de colliers et bracelets constitués de pièces de fer des plus hétéroclites. On y voit pêle mêle des écrous, des boulons, des rondelles, des clés, des douilles de balles, des maillons de chaînes de vélo le tout enduit de cette pommade ocre. La richesse de leurs accessoires est impressionnante et leur coquetterie aussi. Quand on est arrivé à négocier de les prendre en photos, elles passent cinq bonnes minutes à s'apprêter devant l'appareil. L'une d'entre elles porte un petit bébé dans ses bras qui a déjà les attributs Himba.

Encore un candidat pour champion du monde des cornes ! Revue en détail des accessoires des superbes Himbas
Encore un candidat pour champion du monde des cornes ! Revue en détail des accessoires des superbes Himbas

Nous repartons, ébloui par tant de beauté et le sentiment que le temps n'a aucune prise sur ce peuple quand nous évitons de justesse des motos de cross qui arrivent en face : les temps modernes ont tôt fait de nous rattraper.    Comme on est dans le bon timing, on s'arrête déjeuner au lac de barrage avant d'attaquer le passage de la frontière. Côté Angola, des bâtiments délabrés avant même d'avoir été terminés font office de bureau. De l'autre côté un superbe édifice récent avec les drapeaux namibiens colorés qui flottent nous montre bien que c'est plus une frontière entre deux mondes qu'entre deux pays que nous allons traverser. Une fois qu'on a réussi à trouver où ça se passe, les formalités se passent facilement et dans la convivialité. Pas de problème avec notre expiration éventuelle de visa qui aurait pu susciter une interprétation litigieuse. Avant de passer en Namibie, nous faisons un crochet de quelques mètres pour admirer les magnifiques chutes de Ruacana situées dans le no man's land entre les deux pays. Une fois rassasiés du fabuleux spectacle de la nature nous passons en Namibie.

Les chutes de Ruacana à la frontière avec la Namibie Baobabs perdus dans les chutes de Ruacana
Les chutes de Ruacana à la frontière avec la Namibie Baobabs perdus dans les chutes de Ruacana

 

Angola 2004

Ca peut toujours servir :

 

  • Bon plan pour changer de l'argent : InterMarket au Nord de l'avenue en front de mer. A la place où il y a une tour horloge et une fontaine (celle du Méridien) prendre la rue derrière, parallèle à la mer.

    Courses à payer en kwanza alors caisse de change rapide dans le magasin.


Nombreux distributeurs de billets mais réservés aux comptes locaux. N'acceptent pas de retrait internationaux avec la carte Visa.

 

  • Hébergement :
    - Cabinda :
    Hotel Puerta del Sol : 10000 Kwanzas
    Pension sur la route du front de mer vers l'aéroport : 2 500 Kwanzas
    Autre Pension au bout de l'Avenue centrale : 4 000 Kwanzas

    - Merveilleux bivouacs encore et toujours et gratuits !

 

  • Adresses pour manger :
    - Cabinda : Petit resto "Mama quelque chose" en face de l'aéroport
    - Luanda :   
    Quai 4 : bar snack standing avec pont de teck sur la baie de Luanda - Ilha  
    Le Tamaris : toujours sur la Ilha mais de l'autre côté
  • Prix
    - Change : 1 euro = un peu moins de 100 Kwanzas, 1 dollar US = environ 80 Kwanzas,          
    - Gas-oil : entre 8 et 14 Kwanzas le litre (soit entre 0,08 et 0,14 euros !!!)
    - Vol de la voiture avec nous dedans en cargo militaire Cabinda Luanda : 540 euros
    - Petit pains : 10 Kwanzas chaque
    - 6 tomates : de 50 à 200 Kwanzas
    - Internet : 200 Kwanza de l'heure
    - Repas pour 2 avec boissons : de 720 à 2640
    - 1 timbre pour la France : 45 Kwanza
    - 1 carte postale : 50 Kwanza
    - Péage Kwanza Bridge : 210 Kwanzas
  • Points GPS :
    - Kwanza Bridge : 09 19.941S   10 09.959E
    - Porto Amboin : 10 43.773S    13 45.644E
    - Tournée à gauche pour chutes d'eau au National Institut Petroleum : 11 07 507S    13 56.07E
    - Chutes d'eau : 10 59.318S   14 05.318
    - Sumbe : 11 10.927S    13 51 751E
    - Lobito : 12 18.993S    13 34.882E
    - Dombe Grande : 12 56.896S   13 05.574E
    - Cimo : 13 20.207S   12 56.103E
    - Lucira : 13 52.000S   12 32.000E
    - Namibe : 15 12 005S 12 08.320E
    - Lubango : 14 56.072S    13 28.093E
    - Ondjiva : 17 03.840S     15 43.694E

 

L'album photos Angola
L'album photos Angola

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