Carnet de voyage Bénin 2004

L'album photos Bénin

L'album photos Bénin

Togo -> Hilakondji -> Ouidah -> Grand Popo -> Cotonou -> Abomey -> Dassa -> Parakou -> Djougou -> Natitingou -> Parc National de la Pendjari -> Malanville -> Niger

Samedi 21 - Mardi 24 Février 

Le passage de la frontière côté Bénin est bien organisé et les formalités se font assez vite même si c'est nous même qui devons montrer au chef de poste de la douane comment il faut remplir le Carnet de Passage en Douane pour la voiture ! 

Pendant ce temps, nous avons tout notre loisir pour observer les locaux passer la frontière : c'est un ballet continu de petits cadeaux et petits bakchichs qui passent de main en main au vu et au su de tout le monde. Apparemment, c'est bien huilé et chacuna l'air d'y trouver son compte, assez impressionnant.

La route longe la côte et nous arrivons ensuite à Grand Popo où se trouve plusieurs auberges - camping en bord de mer. Nous allons à l'Auberge, sur les indications de Chantal et Lulu qui ont passé plusieurs séjours ici et on les comprend de suite. Le cadre est très agréable. Exactement ce qu'il me faut pour terminer mon travail sur le site web dans de bonnes conditions !

Notre camping à Grand Popo à l'ombre des grands arbres, directement sur la plage : vous avez dit paradisiaque ?

Notre camping à Grand Popo à l'ombre des grands arbres,
directement sur la plage : vous avez dit paradisiaque ?

Nous apprécions grandement l'air du bord de mer qui rend supportable la chaleur moite qui règne ici. Il faut vraiment rester à l'ombre des grands filaos et capter la moindre brise qui passe. Dimanche matin, je me réveille peu à peu au son des chants cadencés de villageois voisins. David est levé depuis quasiment le lever du jour, comme d'habitude. Je le cherche et je le retrouve en train de tirer le filet de pêche avec les pêcheurs. Le filet est mis en pleine mer et ensuite tiré depuis la plage à main d'hommes, en profitant des vagues, du sens des courants et de la marée. Ca fait un moment que ça dure et c'est eux que j'entendais pendant ma grasse matinée. Beaucoup d'efforts et de temps sont nécessaires avant de ramener le précieux butin sur le sable. Les poissons argentés luisent au soleil et le menu fretin frétille et saute dans tous les sens. Des gamins profitent de l'excitation générale pour chaparder quelques petits poissons et les cacher dans leurs poches. Le chef met de l'ordre à tout ça, le partage va commencer. 

David est crevé et il y a de quoi, nous revenons souffler sous nos arbres et observons le manège de loin. Le poisson est classé par espèce, calibré et partagé entre les pêcheurs et aussi vendu sur place à des femmes qui l'emportent dans leurs bassines. Un bon moment plus tard, le chef et un autre pêcheur arrivent vers nous pour nous remettre notre part : 4 superbes soles. Nous sommes un peu gênés, nous refusons puis nous leur faisons comprendre que 2 ça suffit mais ils insistent : nous avons notre menu de prêt pour les prochains repas. L'après-midi s'écoule gentiment et David en profite pour se faire la coupe afro en vigueur chez le coiffeur du coin : j'ai un peu de mal à le reconnaître. Mais au moins c'est la coupe la plus appropriée au climat ambiant. Je veux faire la même chose mais le coiffeur ne s'occupe pas des femmes et les coiffeuses ne coupent pas les cheveux. Je prends donc mon mal en patience.

Le précieux butin

Le précieux butin

Le Lundi matin nous partons à contre coeur faire une excursion en pirogue sur le fleuve Mono. En effet, la veille, David a été approché par un guide officiel, Goupil pour cette ballade et ensuite moi par un autre Thomas. Nous nous sommes entendus avec le second en lui précisant bien qu'on avait été en contact d'abord avec le premier pour ne pas avoir d'histoire. Les règles d'attribution de clients entre guides sont généralement définies ainsi. Dans l'après midi, le premier revient nous voir et en apprenant la nouvelle commence à dire que le second lui vole ses clients etc etc et que cette fois-ci il ne laissera pas passer l'histoire. Le matin fatidique approche et les 2 guides sont présents à nous attendre. Ambiance. On leur précise bien que s'il y a problème on ne va nulle part et qu'ils doivent s'arranger entre eux. Les tractations continuent. Thomas proposent même de se partager le butin : David avec l'un et moi avec l'autre ! Bref, au bout d'un moment, ils semblent s'être mis d'accord et on part faire cette fameuse ballade escortés de nos 2 guides. Visite du village avec ses - très très - anciennes maisons coloniales. Embarquement en pirogue pour faire un petit tour sur le fleuve Mono entre mangrove et plantations de cocotiers. On finit par un tour dans le village sur l'autre rive avec ses temples et rites vaudoun dans chaque quartier. La ballade était sympa mais sans plus.

Cocotiers sur le fleuve Mono

Cocotiers sur le fleuve Mono

Quand on retourne à notre camping, on est bien content d'en finir avec cette situation un peu particulière. Mais le répit est de courte durée. Cinq cars de collégiens et lycéens débarquent et tout ce petit monde s'installe sur le terrain de camping pour pique niquer. En une fraction de seconde, on est littéralement envahis par une nuée d'ados enthousiasmés par leur voyage et leur journée à la mer. La moindre place à l'ombre est prise d'assaut et on se retrouve très vite encerclé. Il ne nous reste plus qu'à observer leur petit manége de clans de filles et de garçons et les tentatives de drague. Certains sont plus branchés musique ou alcool et sous certains arbres ça picole pas mal. Le problème, c'est qu'ils jettent systématiquement tous leurs déchets par terre : emballage plastique, cannette, sachet, tout y passe et ce qui était un superbe terrain bucolique est transformé en quelques instants en champ de plastiques comme on le craignait. 

Mais ce n'est pas tout, pour occuper touts ces jeunes qui ne peuvent pas aller se baigner à la mer pour cause de courants trop dangereux, les accompagnateurs ont prévu un karaoké ! Autant dire que la concentration n'est pas facilitée. L'observation des rituels adolescents à la sauce africaine est somme toute très intéressante et amusante.  Toujours est-il que nous sommes plutôt contents quand on voit le signal de départ qui est donné en fin d'après-midi. Après un ramassage général bien que grossier de leurs déchets, les jeunes repartent dans leurs bus manifestement très heureux de leur journée et nous un peu chamboulés par le passage de cette tornade ! 

Le mardi matin marque la fin de notre séjour farniente à Grand Popo et nous partons dans l'après midi pour Ouidah ancien centre d'embarquement des esclaves vers le Brésil et Haiti mais aussi important centre religieux du culte vaudoun qui a donné le vaudou à Haiti. D'ailleurs, la visite du musée de la ville est très instructive et permet quelques éclaircissements sur ce sujet très particulier et très spécifique à la région. 

Mais le plus impressionnant à Ouidah, c'est la Route des Esclaves qui relie la ville à la mer et qui retrace le parcours des esclaves avant leur destin funeste et les différentes étapes. L'endroit le plus effrayant et le plus émouvant est la case dans laquelle les gens étaient entassés dans le noir avec le minimum de vivre et d'eau pour les habituer à leur future traversée de l'Atlantique pendant laquelle périssait environ un tiers des individus. Des statues tout le long de la piste rappellent que ce sont les rois d'Abomey qui ont organisé et entretenu le sordide commerce de leurs frères et soeurs africains avec les Blancs. L'imposant monument de la porte du Non-Retour nous permet de nous recueillir quelques instants sur ces vies brisées.

La porte du Non Retour à Ouidah Statues de la route des Esclaves à Ouidah
La porte du Non Retour à Ouidah Statues de la route des Esclaves à Ouidah

A partir de là, commence une autre route, beaucoup plus "légère", c'est la route des Pêches, qui borde la côte paradisiaque. D'un côté les immenses cocoteraies et de l'autre les plages de sable blanc et les villages de pêcheurs avec leurs cases en cocotier. C'est très peuplé et c'est entre deux villages que nous nous installons face à la mer, très vite rejoints par des enfants. On passe la fin d'après midi avec eux. Je leur montre mon travail sur l'ordinateur et vérifie les informations que j'aie sur le Bénin. Ils sont vraiment impressionnés par tant de connaissances sur leur pays et quand je leur sors quelques mots en fon, c'est le clou de la soirée ! Nous leur donnons rendez-vous au lendemain matin pour passer la soirée tranquille.

Perspectives depuis la route des pèches

Perspectives depuis la route des pèches

Mercredi 25 Février

Comme promis, les gosses sont au rendez-vous de bon matin et ils ne sont pas les seuls. Je termine mon travail sur le site web et nous repartons. Tout le long de la côte, à chaque village, nous assistons au superbe spectacle du lever des filets depuis la plage mais David n'est pas suffisamment remis de son exploit précédent pour rejoindre les pêcheurs. 

Nous arrivons à Cotonou, capitale économique du pays, changement complet d'ambiance. C'est une ville très animée où règne un traffic d'enfer. Ce phénomène est aggravé par la présence des zem (zemidgen), ces motos-taxis dont les conducteurs sont revêtus d'une blouse de couleur propre à chaque ville avec un numéro d'identification, mais surtout qui tournent au carburant frelaté venant du Nigéria : circulation anarchique et surtout pollution impressionnante, le tout sous une chaleur étouffante. Mais les gens sont toujours sympas ce qui donnent une note conviviale comme souvent dans les villes africaines. 

Cotonou et ses zems qui fument

Cotonou et ses zems qui fument

Un petit tour apprécié au cybercafé climatisé et nous partons pour Porto Novo la capitale administrative et officielle du Bénin, à la frontière du Nigéria. La route qui y mène est bordée d'immenses parcs de stockage de véhicules d'occasions qui doivent probablement arriver par le port de Cotonou. Les trente derniers kilomètres sont plutôt fastidieux avec tous les dos d'ânes et ralentisseurs de tout poil installés sur cette route très fréquentée.

L'arrivée sur Porto Novo est vraiment différente de celle sur Cotonou : c'est une grosse bourgade poussiéreuse avec quelques rues principales goudronnées. Quel contraste. Nous partons à la recherche d'hôtel susceptibles de nous accueillir dans leur cour et le moins qu'on puisse dire c'est qu'il n'y a pas grand choix. On fait la ville en long en large et en travers il n'y a pas grand chose sauf un que l'on trouve au dernier moment, avec un nom africain, au fin fond d'un faubourg de la ville. Ils ont pitié de nous et on arrive à négocier une chambre qui donne sur la cour avec possibilité de faire la cuisine dans la voiture. Impeccable et beaucoup mieux que les rares autres établissements qu'on avait vus jusque là et avec un excellent accueil qui plus est. 

Village lacustre sur la lagune

Village lacustre sur la lagune

Jeudi 26 Février

Nous nous levons assez tôt car nous voulons faire une expédition en pirogue jusqu'au village lacustre d'Aguégué beaucoup moins touristique et commercial que celui de Ganvié près de Cotonou. Déjà pour trouver le port d'embarquement, on est obligé de solliciter l'aide d'un zem car personne ne nous donnera l'info. Arrivé à l'embarcadère, on se fait un peu alpagué par tout le monde qui nous propose une excursion. On essaie de négocier mais ils sont rudes et bien sûr pas de pirogue collective soit disant. Comme on n'est pas plus patient que ça, on prend l'option pirogue individuelle. Le trajet sur la lagune est superbe. On chemine dans les canaux principaux mais il en part de partout. On voit aussi les locaux qui pêchent ou qui se rendent sur les berges marécageuses pour entretenir leur piège à poisson. Les rives sont aussi souvent bordées de palmiers. Bref, ballade plus qu'agréable. Le village d'Aguégué est bien moins intéressant et en fait, n'est lacustre qu'à la saison des pluies. Au retour comme par hasard, nous prenons plein de passagers et certains directement de barque à barque : c'est nous maintenant qui faisons pirogue collective. Ca nous donne l'occasion de discuter, notamment avec ce jeune en terminale, qui veut aller étudier et travailler en Afrique du Sud croyant vraiment que c'est son eldorado sans connaitre de près ou de loin la situation du pays.

Port d'embarquement de Porto Novo

Port d'embarquement de Porto Novo

De retour à Porto Novo, nous visitons le superbe petit musée ethnographique avec une visite guidée qui nous apprend beaucoup de choses souvent liées aux cultes vaudoun. Entre autre, l'importance des jumeaux dans ces traditions et surtout, la non existence de mort naturelle quand on est jeune, c'est à dire moins de soixante ans. Il faut consulter le fétiche pour interroger le mort pour connaitre la cause et le responsable du décès et agir en conséquence. Il y aussi des masques, statuettes et armes très beaux et intéressants.

Départ ensuite pour Abomey. Le long de la route, ce sont essentiellement des cultivateurs et on en profite pour faire le stock de fruits notamment d'excellents ananas. Arrivés à destination, nous nous installons chez Monique, agréable hôtel qui fait aussi camping dans sa cour plantée de tecks.

Vendredi 27 Février

Le réveil est assez tardif et on lézarde un peu profitant de ces moments où on est posé pour souffler un peu. Un jeune couple nous aborde, intrigué par notre plaque française. Il s'agit de jeunes français installés à Lomé pour raisons professionnelles : il surveille la production et la surgélation de basilic produit aux alentours de la capitale. Ils sont d'autant plus intéressés par notre périple qu'ils comptent remonter en France prochainement de la même façon. On discute pas mal de temps avec eux et on échange nos conseils et nos impressions : moment fort sympathique. 

Nous tentons de récupérer le linge que nous avions donné à laver la veille pour repartir, mais le gamin à qui nous avions confié cette tâche tarde. Nous récupérons enfin notre dû sauf qu'il manque un short long de David. On bataille avec le gamin, on n'arrive pas à savoir ce qu'il en est réellement, il dit qu'il nous le ramène plus tard. Du coup nous décidons d'aller visiter les anciens palais royaux de la dynastie des rois d'Abomey et de revenir après. Ces édifices, qui font également musée, retranscrivent l'histoire très ancienne de cette lignée de souverains avec beaucoup d'objets qui témoignent de la richesse de leur histoire et de leur culture. Vraiment une visite à ne pas manquer. 

De retour au camping, le gamin a disparu. On va donc voir la patronne Monique et on lui explique la situation. Et là ça commence à parlementer, s'énerver entre plusieurs interlocuteurs qu'on a du mal à identifier (tout le monde ne carbure pas qu'au petit lait). Pendant ce temps, nous faisons connaissance avec plusieurs voyageurs. Un couple de hollandais en 4x4 qui vient d'arriver et que nous avions aperçu à Porto Novo : ils comptent traverser l'Afrique en utilisant la même route que nous mais nous n'avons pas le temps d'approfondir le sujet. Par contre nous passons plus de temps avec un cycliste qui campe ici aussi. Et surprise, il s'agit d'un belge avec qui j'avais été en contact par mail, sur la fin de nos préparatifs ! Sounougal, c'est le pseudo sous lequel je le connais, est parti pour une grande boucle à vélo depuis Ouagadougou, qui va le conduire au Bénin, puis au Togo, pour remonter au Burkina pour un festival de musique au mois d'avril auquel il doit participer avec son groupe de reggae. C'est vraiment très courageux, d'autant plus que d'après ses propres dires, il n'est pas un athlète de la petite reine !

Mais nous devons revenir à notre préoccupation du moment : le short manquant. Cette histoire prend une tournure qui nous dépasse un peu. Le garçon en question est le fils d'une des employées de Monique depuis plus de 10 ans. Elle a accepté de le prendre pendant les vacances pour qu'il fasse des petits boulots à l'hôtel. Celui-ci a déclaré que le short avait été volé par les maçons du chantier voisin. Hors la personne qui supervise le chantier en question est le frère de Monique et l'équipe de maçons est censée travailler prochainement pour l'hotel. Bref, ça se complique sérieusement tout ça à la sauce africaine : beaucoup de palabres, d'éclats de voix, de grands gestes et de temps passé. Tout ça pour un short me dirait vous. Bien que nous tenons à notre stock d'affaires soigneusement sélectionnées pour leur coté pratique et endurant dans notre aventure (!), c'est bien sûr pour le principe que nous avons réagi. Si à chaque fois qu'on confie nos affaires, il y en a qui disparaisse, on va être vite déplumé et malheureusement c'est déjà arrivé. Pour la patronne c'est pareil, une question de principe, il ne doit pas y avoir de problème avec ses clients, c'est une réputation de presque vingt ans qui selon elle est en jeu. Bonjour les proportions. Au final, bien que nous ne voulions pas du tout ce résultat, nous faisons une croix sur le short, Monique nous rembourse la nuitée et malheureusement, retient une somme sur le salaire de la mère du jeune garçon qui n'a toujours pas réapparu, en espérant que ça n'aille pas plus loin. C'et donc avec une sensation très désagréable, que nous quittons les lieux en fin d'après midi pour reprendre la route vers Savalou et nous bivouaquons peu avant la ville. 

Samedi 28 Février

Nous passons Savalou pour nous diriger vers Natitingou. Peu à peu, les paysages verdoyants deviennent plus secs et on dirait que l'harmattan fait une légère réapparition rendant l'horizon vaguement laiteuse. Nous arrivons dans cette ville du Nord sous une chaleur écrasante. Le seul intérêt de l'endroit c'est son petit musée qui explique le mode de vie du peuple Somba, l'équivalent des Tamberma du Togo. La visite est très instructive et en plus très animée grâce à la gouaille et au sens évident de la comédie de son guide. Encore un moment enrichissant et joyeux à la fois. 

Nous faisons les ravitaillements mais ici ce n'est pas aussi évident car la cité n'est pas aussi bien équipée que ses soeurs du sud. D'ailleurs ils subissent actuellement une bonne coupure électrique et côté station de carburant, la situation n'est pas beaucoup plus brillante. Mais nous ne sommes que de passage et après avoir jardiné un peu, nous trouvons la piste pour Boukoumbé qui nous mène vers le pays Somba.

Les paysages redeviennent agréablement vallonnés voire montagneux, les perspectives sont splendides avec les tatas qui sont dispersés dans les champs de mil. Mais ce que nous apprécions par dessus tout c'est le naturel et la gentillesse de tous les gens que nous croisons sur notre parcours. Les salutations chaleureuses, les grands sourires, les petits signes de la main et des yeux parfois ecarquillés des enfants, tout ici nous rappelle l'hospitalité et le sens de l'accueil des habitants bien eloignés des manifestations touristiques de leurs voisins frontaliers les Tambermas. Même si le pays est assez habité, nous trouvons un endroit sympa peu après Nata, pour nous installer pour la nuit. Toute la soirée, des gens passent mais tout le monde respecte notre intimité ce qui est rare et appréciable. Seul l'instituteur du village se risque avec sa fiancée pour nous saluer et nous passons un petit moment ensemble. Dommage que demain soit dimanche sinon on serait bien allé le voir dans son école.

Paysages du pays Somba tata du pays Somba
Paysages du pays Somba tata du pays Somba

Dimanche 29 Février

On se réveille et on a pas mal de monde autour de nous mais ils gardent une distance respectable pour nous observer. Ils n'osent pas venir nous voir. Finalement 4 jeunes bergers qui sont aux alentours depuis au moins une heure, s'approchent . Comme je déjeune, je leur prépare des tartines de confiture mais ils les refusent ! Scène inédite. On a du mal à démarrer pour cause d'intestins un peu torturés mais on poursuit nos pérégrinations en pays Somba. La promenade est délicieuse avec ces paysages et surtout des gens toujours cordiaux et simples. Les petites pistes que nous empruntons nous permettent de traverser des villages, qui gardent leur rythme de vie quotidien ancestral. Puis nous tombons sur un immense marché. Toute la population des environs s'y réunit. C'est toujours un effet incroyable, un contraste saisissant d'animation, d'agitation et de vie avec la tranquillité apparente des hameaux.

Nous laissons le pays Somba avec des souvenirs merveilleux et nous passons à Tanguiéta pour des préoccupations beaucoup plus matérielles : faire du change, des courses, le plein d'eau et de gas-oil car nous allons à la réserve de Pendjari. Comme c'est le week-end, les banques sont fermées mais le gérant jeune et sympa de l'hotel des Baobabs accepte de nous dépanner. Il nous donne des informations sur le parc et son camping dans lequel nous passerons la nuit. Nous avons mission de leur remettre les colis fournis par le gérant qui nous a bien aidé à faire nos courses.

En début d'après-midi, nous arrivons à l'entrée du parc par Batia. On discute un peu avec les guides sur nos possibilités de circuit dans la Pendjari, sachant que nous en sortirons par l'Est pour aller vers le Niger. On rentre dans le parc puis on prend la bretelle 24 que certains nous avaient déconseillée à l'entrée mais sans vraiment nous dire pourquoi. On comprend maintenant : la piste est difficile mais c'est surtout qu'il y a beaucoup de fech fech. On s'est même retrouvé crépi de la tête au pied en une fraction de seconde car cette poussière de sable aussi fine que de la farine, s'insinue partout. On atteint enfin la berge de la rivière et on suit la piste le long. Beaucoup de marques d'éléphants sont visibles, arbres dévastés, traces de pas enfoncés dans la terre, crottes mais pas de pachyderme en vue.

On atterrit finalement au camping  où on est bien accueilli principalement par des espèces de moucherons voraces qui s'en prennent à nos chevilles par des piqûres douloureuses et qui saignent avant qu'on ait pu dire ouf. On est les seuls clients et pour les deux gardiens qui sont là ça doit être très dur de vivre ici loin de tout. Pas d'électricité, pas d'eau courante et les colis que nous leur amenons sont vraiment un ravitaillement en produit de première nécessité : lessive, oignons concentrés de tomate.

On discute un peu. L'ironie de l'histoire c'est qu'il s'agit d'anciens braconniers et maintenant qu'ils ont ce travail, ils réalisent les conséquences de leurs actes et sont les premiers à défendre le parc, sa faune et la lutte contre le braconnage. Mais c'est la dure réalité d'ici. Ils sont aussi épatés par notre voyage et le fait qu'on vienne de France. C'est le cri du coeur qui en témoigne : "Vous les blancs, vous êtes trop forts !".

Lundi 1er Mars

Réveil très matinal, mais pas assez au goût de nos gardiens qui sont presque plus motivés que nous pour voir les animaux. La brume de poussière rend difficile l'observation des bêtes dans la savane herbeuse parsemée d'épineux. Mais il faut de la chance et de la patience. Après un parcours qui nous fait longer la rivière et passer de mare en mare notre bilan est satisfaisant : singes, babouins, phacochères, plusieurs variétés d'antilopes, un troupeau de buffles, un éléphant de très près et un lion de très loin ! C'est sûr qu'on s'est usé les yeux mais la faune est diversifiée sans compter les oiseaux. Certes, il ne faut pas s'attendre au Parc Kruger mais c'est quand même pas mal.

Parc de la Pendjari et ses animaux : des antilopes et même un éléphant
Parc de la Pendjari et ses animaux : des antilopes et même un éléphant

Le midi, après une pause déjeuner dans un mirador près d'un point d'eau, nous laissons le circuit principal pour continuer la piste vers Kérémou. Cet axe n'est pas du tout fréquenté et parfois on se demande depuis combien de temps. La piste est de plus en plus défoncée et avec la grosse chaleur qui sévit, c'est pénible à supporter. Les paysages changent de temps en temps par la présence de palmiers qui entourent des zones à priori marécageuses. Le pire, c'est quand on passe sur de la tôle ondulée d'éléphants : c'est des tronçons de pistes, empruntés par les éléphants à la saison des pluies et qui sèchent en l'état : totalement défoncé. On a du mal à avancer, en plus un gros incendie menace au loin. Il nous tarde de nous sortir de là.

Sortis du parc de la Pendjari, les conditions de route ne s'améliorent pas vraiment, au contraire. On traverse une zone de chasse qui s'étend sur une partie plus montagneuse et rocailleuse. Enfin nous retrouvons la piste apparemment importante sur la carte, qui descend du Burkina Faso. Celle-ci est plus large mais tout aussi infernale bien que d'une autre façon : de gros trous et de temps en temps des pièges à fech fech. Au début de cette grande piste, on tombe sur des camions en panne au milieu de rien, plus de trente kilomètres les séparent de la première agglomération. Les gens nous demandent de l'eau, comme il nous en reste à peine on leur en donne une bouteille et c'est l'émeute.

La piste est encore et toujours infernale. On arrive péniblement à Kérémou. On ne pense qu'à une seule chose : se pauser sans que plus rien ne bouge et savourer une bière bien fraîche ! Notre voeu est exaucé à l'entrée de la ville de Banikoara tandis que le jour décline.

La traversée de la ville est assez épique avec l'animation et circulation habituelle et la nuit qui tombe rend la conduite plus sportive. Nous nous empressons de filer sur la route de Kandé ou il ne doit y avoir aucun village toujours d'après la carte. Mais en fait, il y a du monde partout et c'est à la nuit noire qu'on finit par plonger dans un champ de mil derrière des arbustes. Pas évident à la lumière des phares. Une fois installés, on entend des bruits de conversation, le son du pilon dans le mortier et on aperçoit des lueurs de foyers. En fait, on est tout près de cases familiales. Peu de temps après, deux hommes, probablement les chefs de famille viennent nous voir, intrigués et peut être inquiets de notre manège. Nous leur expliquons notre intention de passer la nuit ici. Comme d'habitude, ils nous assurent qu'il n'y a pas de problème et ils repartent soulagés et quelque part rassurés.

Parc de la Pendjari côté Est pour rejoindre la frontière avec le Niger

Parc de la Pendjari côté Est pour rejoindre la frontière avec le Niger
Une piste à éléphants

Mardi 2 Mars

Au lever, notre voisin paysan vient nous saluer, comme promis la veille. Nous partons pour Malanville. Cette fois-ci, l'harmattan souffle pour de bon et on commence à retrouver les paysages habituels du Sahel. Nous arrivons à la ville frontalière vers midi. Le vent de poussière important donne un peu l'allure d'une ville fantôme et nous nous décidons à passer la frontière vite après manger pour peut-être atteindre Niamey eu Niger dans la soirée. Au poste de douane de la ville, on nous explique qu'on doit faire toutes les formalités au niveau du pont à la frontière. Nous y allons, faisons les formalités de police, puis quand nous arrivons au douanier, celui-ci nous renvoie à Malanville. On a beau lui dire qu'on en vient avec des informations différentes, rien n'y fait. On vient de passer une heure pour revenir presque au point de départ, juste pour un tampon sur notre carnet de passage en douane. Mais ce n'est pas le meilleur. Lorsqu'on revient au poste de douane de la ville, ils nous disent qu'il n'y a que le chef qui a le tampon, qu'il est parti et qu'il reviendra vers 15 heures . Nous attendons. 15 heures.15 heures 30. 16 heures. C'est finalement vers 16H30 que le chef se pointe. Apparemment des douaniers seraient partis le chercher. 3 heures d'attente pour un coup de tampon fait en trente secondes. Joli score. On est vert de rage même si on essaie de ne pas le montrer. Cette attente, plus les petites histoires qui se sont déroulés pendant ces trois heures entache un peu sur le moment l'excellent souvenir que nous laisse ce pays. Du coup, on est d'humeur très moyenne pour attaquer les formalités pour le Niger qui en plus, n'a pas très bonne réputation sur ce point.

Bénin 2004

Ca peut toujours servir :

  • Goupil : guide - éco garde - secouriste Croix rouge - BP 21 Grand-Popo,
  • Tél : 43.00.47 - Auberge de Grand Popo
  • Hébergement à Porto Novo : Seul problème je ne me rappelle plus de son nom (africain) mais on voit sa pancarte juste au croisement en face de l'hotel Beaurivage, ensuite il n'y a plus qu'à suivre les indications et demander, le chemin est assez long mais accueil sympa et possibilité de négocier
  • Hébergements permettant le camping :
  • Chez Monique à Abomey : 2000 CFA/nuit/personne
  • Auberge de Grand Popo : 2000 CFA/nuit/personne
  • Camping l'éléphant dans le parc de la Pendjari, sommaire mais sympa, 5 000 CFA par voiture
  • Repas avec boisson pour 2 : de 4 000 à 10 000 CFA
  • Tarifs du Parc de la Pendjari :
    • 6 000 CFA par personne
    • 2 000 CFA par voiture
    • 5 000 CFA pour le guide par jour
  • cybercafé dans la poste principale de Cotonou, climatisé, matériel et système d'exploitation récents, bon débit, 500 CFA / heure.
  • Gas-oil : 270 CFA / litre
  • Parfois à Malanville, rupture de stock de carburant. Précautions à prendre avant si vous ne voulez pas vous retrouver à négocier du carburant venant au noir du Nigéria.

 

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