Carnet de voyage Tchad 2004

L'album photos Tchad

L'album photos Tchad

Niger -> Rig-rig -> Liwa -> Bol -> N'Djamena -> Bongor ->Kélo -> Moundou -> Pala-> Léré -> Cameroun

Vendredi 12 Mars

Nous traversons le no man's land, la piste est belle et les paysages superbes. Le temps clair nous permet de d'admirer l'horizon, on a même à plusieurs reprises la chance de surprendre des gazelles. Et pourtant, avant l'arrivée sur Daboua, nous sommes plutôt anxieux de ce qui nous attend. Les témoignages qu'on a eus jusqu'à présent ne sont pas très encourageant : tentative d'extorsion d'argent, rétention de papiers, ou même violence physique comme Chantal et Lulu qui en ont subi les frais l'année dernière auprès des militaires. Bref c'est avec pas mal d'appréhension qu'on arrive au poste frontière de Daboua. On nous ouvre la barrière, les hostilités peuvent commencer.

On commence par la cahutte de la police, puis on nous envoie à celle de la gendarmerie. Il faut ensuite aller à la cabane de la sureté nationale où on nous fait un mini interrogatoire. Un remplissage de fiches et 3 photos sont nécessaires pour compléter les informations. On arrive enfin à la douane. On tombe sur un officier chaleureux qui enregistre notre passage mais qui ne peut pas nous tamponner le Carnet de Passage en Douane car Daboua dépend du district de Bol et nous comptons passer par cette ville. Il faudra donc terminer à Bol. Si on partait sur Mao, il nous aurait tamponner le document. Il nous indique la piste la plus directe à prendre pour Bol : à 8-9 kilomètres il y a un embranchement où il faudra quitter la piste principale pour prendre à droite.

On quitte Daboua assez rapidement, finalement les formalités se sont déroulées sans anicroche, pas particulièrement sympathique, mais pas antipathique non plus. C'est donc soulagé qu'on poursuit notre chemin dans ces étendues désertiques. Emportés par notre élan, nous ne voyons pas le fameux embranchement et avançons de plus en plus dans la direction de Rig Rig. David ne veut pas faire demi-tour car il y a pas mal de distance à parcourir, la piste est très ensablée et on doit faire attention à la consommation de carburant. On ne souhaite pas non plus couper au cap, car on peut tomber sur un camp militaire ce qu'on veut éviter absolument. Donc on continue en espérant trouver une autre piste.

Rencontre surprise au détour de la piste

Rencontre surprise au détour de la piste

Malheureusement, on ne croise personne, pas de villages non plus et pas de piste supplémentaire. Nous arrivons donc à Rig Rig alors qu'on ne devait pas y passer. En plus, c'est la sortie de la grande prière du vendredi donc tout le village est là et surtout les enfants. On est apparemment obligé de se faire enregistrer au poste de police. Et nous qui pensions en avoir fini avec les formalités !  Accueil accrocheur : les enfants s'agripent à la voiture, le policier réclame de l'argent pour rendre les passeports, David s'en sort avec un paquet de cigarettes. Pour trouver la piste pour Liwa, il nous faut prendre quelqu'un qui nous met sur la voie contre un t-shirt et un paquet de cigarettes. Rien n'est gratuit ici. Donc, si vous ratez le fameux embranchement après Daboua, vous finirez à Rig Rig comme nous. Pour éviter d'aller dans le village il suffit de prendre à droite avant la descente dans la cuvette et contourner les collines ensablées en les laissant sur la gauche. Ensuite, il faut récupérer la piste principale au cap. Attention au départ c'est la même piste que pour Mao, ensuite il faut prendre celle de droite.

La piste est très ensablée et vraiment très belle. On trouve une halte ombragée sous les épineux pour se restaurer et on continue. Il fait chaud mais c'est acceptable. Arrivés à Liwa ou tourne en rond pour trouver la piste qui continue sur Bol. On demande aux collégiens qui sortent de leur établissement mais bien sûr, ils répondent gentiment à condition de payer. Heureusement pour nous, il se trouve qu'un infirmier a besoin d'aller à Bol, du coup on l'embarque et il nous montre la piste qui n'est pas non plus dure à trouver si quelqu'un de bonne volonté voulait bien donner des indications. Les paysages sont superbes. On voit de temps en temps un village protégé derrière sa barrière d'acacias. Mais une petite cuvette et hop on se retrouve planté. Je pousse mais rien n'y fait, David est obligé d'aller cherche les plaques sur la gallerie puis on sort les plaques tandis que le passager s'installe à l'ombre tranquillement !

Plantage, on est obligé de sortir les plaques !

Plantage, on est obligé de sortir les plaques !

0n repart quand même assez vite. La piste devient très sinueuse et cahotante. On alterne entre la piste des voitures et celle des gros porteurs pour se faire secouer le moins possible.A 25 km de Bol on trouve la piste de latérite horrible avec des trous béants et des tranchées de fech fech, une douzaine de kilomètres avant Bol ca s'arrange un peu. Au fur et à mesure qu'on se rapproche de la ville, on croise ou double de plus en plus de cavaliers et chameliers sur la piste.

Avant Bol, à notre grande surprise, nous découvrons d'immenses étendues d'un vert éclatant. Ce sont des polders irrigués avec l'eau des bras du lac qui forment des jardins maraîchers et de vastes champs de blé ou de canne à sucre.

A la ville beaucoup de monde mais pas de structure d'accueil alors que Modo nous avait dit qu'il y a une auberge. On dépose notre infirmier à qui on soutire la possibilité de dormir dans l'enceinte de l'hôpital. Avant tout on doit d'abord essayer de tamponner notre carnet de passage en douane. Mais c'est la fin d'après midi et la douane est fermée. On retourne à l'hôpital où on explique au gardien nos intentions. Mais ça ne va pas car comme il dit "ici, il n'y a a pas d'hygiène" ! Mais il connait un endroit pour nous et il  nous conduit dans une cour fermée où vivent plusieurs familles dont le chef est un jeune homme appelé Adoum. Nous nous installons et nous faisons comme chez nous comme nous y invite Adoum. Beaucoup de monde vient nous voir pour discuter mais ce n'est pas dans l'excitation, tout se passe tranquillement. En début de soirée, notre hôte nous rejoint pour partager avec nous le repas qu'a confectionné sa mère. Nous discutons longuement et il nous explique un peu sa réalité quotidienne, les négociations nécessaires pour son mariage qui aura lieu fin avril. Il nous parle aussi de la lourde tâche qui lui incombe depuis que son père est décédé. Il doit subvenir aux besoins de sa famille, c'est à dire, les quatre femmes de son père et les trente trois enfants non mariés qui vivent ici. Il nous fait part aussi de ses projets, des moyens qu'il compte employer pour les réaliser et de ses espoirs de changer un peu les mentalités des tchadiens. Il est très conscient des défauts de leur système et de la nécessité d'assouplir les traditions. Nous passons une soirée très agréable et très enrichissante.

Notre hôte Adoum, qui se marrie fin avril

Notre hôte Adoum, qui se marrie fin avril

Samedi 13 Mars

En allant à la douane tôt le matin, nous terminons les formalités liées à la voiture. Mais en chemin nous tombons sur des hommes en civil qui nous intiment l'ordre de les suivre pour se faire enregistrer à la police. Nous leur expliquons que tout a été fait à la frontière mais rien n'y fait : il y a tout à refaire ici. On va donc au domicile du chef de la police et on l'amène au poste. On s'attend à payer un dédommagement mais non. On repasse ensuite à la gendarmerie et au bureau de la sureté où on re-remplit les mêmes fiches qu'à la frontière avec aussi 2 photos. Finalement, les officiers s'avèrent courtois et mêmes sympathiques pour certains. On ramène notre policier et on se dépêche de partir avant que quelqu'un ne change d'avis.

La piste est devenue très difficile, elle est criblée de nids de poules, de trous plus ou moins abrupts avec du fech fech qui nous crépit à de nombreuses occasions. Mais le spectacle des paysages est à la mesure des efforts fournis. Il y a de nombreuses oasis avec très souvent des troupeaux de zébus à grosses cornes qui cherchent leur maigre pitance. La plupart des gens que nous croisons sur le bord de la route nous font souvent de grands saluts ou nous accueillent avec des regards chaleureux. A un moment, nous tombons sur une famille qui utilise ses zébus et ses ânes pour tirer de l'eau du puits. Je veux les prendre en photo mais le chef n'est pas d'accord alors je remonte dans la voiture et quand on repart tout le monde nous dit aurevoir d'un grand sourire.

Cavaliers sur la piste Nomades à drom toujours sur la piste
Cavaliers sur la piste Nomades à drom toujours sur la piste

A Massakory, l'état de la piste s'améliore sensiblement et c'est avec délectation que nous trouvons un goudron impeccable à Massaguet. Nous croisons de nombreux camions sur lesquels les gens s'agglutinent comme ils peuvent pour voyager. Il fait de plus en plus chaud. Nous arrivons à N'Djamena en milieu d'après midi ce qui nous laisse de la marge pour trouver notre lieu de séjour. Le seul petit problème c'est que nous n'avons aucun plan de la capitale. Mil y a quelques panneaux  et on suit les plus grosses artères pour trouver le Novotel où nous comptons camper le temps d'obtenir les visas du Cameroun. Un peu fatigué de tourner en rond, on demande à une station qui nous propose un éclaireur en moto pour nous amener à l'hôtel et ce, gratuitement ils s'en font un point d'honneur.

Au Novotel, nous nous installons au fond d'un parking ombragé, bénéficiant des toilettes et de la douche du personnel qui soit dit en passant est dans un état lamentable. C'est quand même honteux qu'un établissement où la chambre est à plus de 150 euros la nuit, ne construise pas des sanitaires décents pour ses employés. Nous on peut se débrouiller autrement et on utilise les équipements du pool house.

Dimanche 14 au Lundi 15 Mars

On se repose un peu, grasse matinée et visite du grand marché de la capitale. Et bien sûr, travail sur le site web tandis que David fait la lessive ce qui doit étonner plus d'un de nos voisins.

Le lundi, les activités reprennent. D'abord on commence par se fâcher. A l'hotel ils nous on dit qu'on devait se faire enregistrer à la police (encore !) mais qu'il s'en chargeait quand le policier viendrait. Ce matin, ils nous annoncent que ça fera 10 000 CFA. On n'est pas d'accord et on récupère nos passeports pour faire les démarches nous mêmes en espérant que cela ne nous reviendra pas plus cher.

On va d'abord dans une banque pour changer de l'argent mais en fait on trouve à l'extérieur un intéressé avec qui on traite rapidement et sans commission bien sûr. On s'occupe ensuite de l'assurance de la voiture. Avant de demander nos visas pour le Cameroun nous devons être en règle avec les autorités et nous enregistrer à la police. Nous trouvons enfin, l'édifice approprié. On commence les démarches en leur remettant les fiches de renseignements que nous avions déjà remplies au Novotel et récupérées mais ça ne suffit pas, il faut le tampon de l'établissement. On revient à l'hotel pour le tampon et on repart. Une fois terminée avec la police, on enchaine avec la sureté à qui de nouveau on doit remettre deux photos ! Mais au final, malgré les attentes et les allers retours, tout s'est bien passé et on n'a rien déboursé, on peut enfin filer vers l'ambassade du Cameroun pour soumettre notre demande de visa.

Le montant des visas réglés, il ne nous reste presque plus rien de l'argent changé ce matin. Comme à Niamey, il n'y a pas de distributeur mais certaines banques font les transactions équivalentes avec les cartes bleues.  On recherche donc une banque avec le macaron Visa. Au bout d'une heure d'attente au guichet approprié de l'une d'entre elles, je m'entends dire que ça ne fonctionne plus. Verte de rage on s'adresse à une autre où c'est possible mais c'est trop tard, il faut repasser demain, tôt dans la matinée.

On se rapatrie dans notre aire de camping après avoir testé un des quelques restaurants de la ville, pas donné mais très agréable.

Après tant de poussière, un bon nettoyage s'impose

Après tant de poussière, un bon nettoyage s'impose

Mardi 16 Mars

On règle quelques broutilles avant le départ : demande de retrait d'argent à la banque qui prend un certain temps avant d'être concrétisé. Puis je trouve un cybercafé pour mettre à jour le site. Au début c'est rapide mais très vite lent. Pendant ce temps, David part récupérer les passeports avec les visas du Cameroun et faire le ravitaillement. Au cybercafé je passe à travers des coupures électriques mais pas des plantages du serveur ! Plus de deux heures sont nécessaires pour la mise à jour à 50 CFA la minute heureusement il est toujours possible de marchander. On récupère l'argent à la banque et on déjeune dans un petit bistrot français typique qu'il est très étonnant de retrouver dans une ville comme N'Djamena.

L'organisme requinqué, nous pouvons affronter la sortie du territoire tchadien. Nous roulons jusqu'au pont de Kousséri non sans avoir demandé plusieurs fois notre chemin en route. Avant le pont, il y a une énorme zne fermée pour le transit et les douanes. Nous faisons tamponner le Carnet de passage en douane assez vite. Juste avant le pont, c'est la tournée des bureaux qui commence. On démarre par la police. Tout se passe bien jusqu'au moment où il fait mine de rendre nos passeports en demandant 30 000 CFA par passeport pour les formalités de sortie. Devant notre refus de payer il s'en réferre au chef qui nous tient le même discours évidemment. Nous campons sur nos positions. Il faut attendre. David s'assoit en plein soleil. Ca doit les impressionner car au bout d'une grosse demi-heure, le policier revient avec nos passeports visés en sortie. Au bureau d'après, c'est la gendarmerie et tout se passe normalement.  

On s'apprête à traverser le pont quand des hommes en civil nous arrêtent pour contrôler les passeports. Il manque le OK de je ne sais plus qui. Je pars au bureau correspondant pour rectifier la situation. C'est un simple et minuscule gribouilli que je suis venue chercher. On se dépêche car on ne veut pas passer derrière l'énorme troupeau de zébus qui squattent devant le pont depuis qu'on a commencé notre parcours administratif. Cette fois-ci, on peut traverser le pont après s'être acquitté du droit de péage. En roulant sur cet édifice qui nous mène au Cameroun notre sentiment est mitigé. Nous avons beaucoup aimé le Tchad pour ses paysages et on aurait bien aimé bivouaquer pour avoir plus de contact avec la population. Mais les tracasseries avec les autorités sont assez pénibles et on a jamais été très à l'aise dans ces situations. Une chose est sûre si ça s'améliore, on reviendra.  

Tchad 2004

Ca peut toujours servir

  • Points GPS : Ambassade du Tchad à Niamey, Avenue Général de Gaulle
    Daboua : N 14°24'37,8" ; E 13°36'33,1"
  • Visa Cameroun : Ambassade du Cameroun à N'Djamena, rue des Poids Lourds
    Visa pour 1 mois, 1 seule entrée = 1 photo + 30 000 CFA, obtenu en 24 heures.
  • Hébergement :
    Camping au Novotel la Tchadienne : 2 000 CFA la nuit
  • Assurance voiture :
    carte rose équivalent de la carte verte pour les pays de la CIMA : Afrique Centrale et certains de l'Afrique de l'Ouest .
    Pris à la Star Nationale située sur l'Avenue Général de Gaulle
    BP 914 N'DJAMENA
    Tél : (235) 51 52 96

    Pour Totoy, pendant 2 mois : 37 530 CFA
  • Retrait avec la carte Visa à la SGBT entre l'Avenue Général de Gaulle et la poste
    Frais environ 5 50 CFA pour 500 000 CFA.
    Y aller tôt le matin pour qu'ils aient le temps de faire les transactions.
  • Bons restaurants bien qu'un peu chers, toujours sur l'Avenue Général de Gaulle : TAMOUI et Le Bistrot de N'Djaména
  • Internet : Cybercafé toujours dans l'Avenue Général de Gaulle, 50 CFA la minute
  • Pèage pont de Kousséri : 1 500 CFA

 

L'album photos Tchad

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