Arrivé à Ceuta
Vendredi 13 Février
A Bittou, à la frontière, la route est complètement encombrée par une multitudes de
camions en panne, en attente de chargement ou de livraison ou tout simplement
des formalités. Après en avoir fini avec le Burkina, nous passons aux
formalités côté Togo et là ce n'est pas la
même histoire. Les douaniers se révèlent être particulièrement pointilleux
et pour la première fois inspectent notre véhicule. On est pressé de sortir
de là mais ce n'est pas évident avec toutes ces files de camions.
Le vent s'est de
nouveau levé avec son cortège de poussière mais ça ne nous empêche pas de
voir que les villages ont complètement changé : on est rentré dans l'Afrique
moderne. Nous quittons la nationale
pour une piste qui nous amène en pays Tamberma. C'est un peuple très
particulier qui a su préservé son mode de vie ancestral. L'élément le plus
représentatif en est le Tata : une sorte de petit fort aux lignes très rondes,
possédant des greniers sur le toit recouvert d'un petit chapeau de chaume. Tout au long de la
piste, dans laquelle nous nous enfonçons, les enfants mais de façon
surprenante, les adultes aussi, nous demandent des cadeaux, de l'argent, ... Ca
va être dur d'obtenir quoique ce soit sans ouvrir le porte-feuille. On continue
et on s'enfonce hors du circuit habituel de suite, les gens sont de nouveaux accueillants et
hospitaliers. Pour une fois nous bivouaquons tôt. David manoeuvre et pppffffffit. Crevaison.. Ca va l'occuper pour la fin de la
journée pendant que de mon côté je travaille sur l'ordinateur.
Samedi 14 Février
Nous revenons à Nadoba et un homme nous arrête pour amener sa soeur à la ville. Nous acceptons en
échange de la visite de la tata de leur voisin. Au moment de partir, nous
devons nous acquitter d'une petite somme d'argent et de petits cadeaux à la
grande surprise de notre passagère et de son frère.
A Kandé nous déposons notre auto stoppeuse. Il s'y déroule une grande
fête traditionnelle et officielle pour inciter la pluie à tomber. C'est une
grande kermesse où des musiciens et des danseurs jouent devant un public
d'officiels et devant la foule qui se presse autour d'eux. Autant dire qu'il y
fait très chaud. De l'autre côté il y a plein de stands où les gens vendent quelque chose, mangent ou
boivent. C'est l'occasion de goûter le tchoukoutou, une bière de mil épaisse
que l'on boit dans une calebasse. C'est assez spécial, surtout que c'est à
température ambiante. Autant dire qu'on attendra d'être mort de soif pour en
boire !
La route surencombrée de carcasses de camions ou de camions en panne descend
toujours vers le sud. A Pya, nous quittons l'axe principal pour trouver un petit
coin sympa pour la pause déjeuner. On prend à droite puis à
gauche et encore à droite. Quand tout à coup un militaire nous siffle et nous
arrête complètement excité. "Ou vous allez ? Qu'est-ce que vous faites
ici ? C'est grave ce que vous faites, Vous voulez rentrer dans la maison du
patron ! Il faut voir la gendarmerie ! Mais c'est grave, très grave" On essaie de se faire entendre et de lui
expliquer. Mais manifestement il est sourd et il s'emballe tout seul. Il se
trouve que sans le vouloir on est arrivé au niveau de l'entrée de la
résidence personnelle du président de la république du Togo (au pouvoir
depuis 1967). Notre gardien militaire est très zélé et encore plus excité et
surtout armé. Il est comme un fou. Il nous demande de couper le moteur et fait
descendre David de la voiture. Ca sent le roussi. En plus, les gens qui sont sur
le trottoir rigolent de la scène et notre militaire n'apprécie pas du tout mais alors
pas du tout. Il prend même une branche par terre pour fouetter un de ces
passants qui me posaient des questions. L'excitation est à son comble.
Heureusement, un chef de la gendarmerie en civil arrive et David parvient à
dissiper le malentendu. On fait demi-tour sous les regards appuyés des
militaires. Le plus drole, si on peut dire, c'est que 10 mètres avant, au
carrefour il y avait 4 ou 5 militaires qui n'ont pas bronché quand on a tourné
et qu'après,en remontant la rue, on a vu un char d'assaut si bien camouflé qu'on
ne l'a pas vu à
l'aller. Camouflage efficace !
On ne sait pas fait prier pour quitter les lieux et on s'est
beaucoup éloigné avant de s'arrêter déjeuner. A Kaya, finale de foot de la
CAN 2004 dans un bar puis suite de notre progression vers Atakpamé à la recherche
difficile d'un
bivouac vu la densité élevée de la population.
Dimanche 15 Février
Atakpamé est une ancienne ville de
villégiature et il y reste quelques vestiges des bâtiments de cette époque. On
profite de l'ambiance chaude mais tranquille pour faire nos course au marché
puis nous repartons vers l'ouest pour Badou. Tout le long du goudron, nous
rencontrons plein de monde et plein de villages avec les maisons en ciment à
l'allure défraichie. Les paysages sont devenus aussi très verts et tout lopin de
terre exploitable est cultivé, dur dur pour les bivouacs. La chaleur devient
vite étouffante avec l'humidité. Vivement la cascade d'Akloa
pour trouver un peu de fraîcheur. Mais au fur et à mesure que nous approchons
du but les "donne moi kado" se font de plus en plus insistant.
Au village on est limite de faire demi-tour devant la pression commerciale et
les prix demandés. Finalement on arrive à se mettre d'accord . Le sentier est escarpé et la marche longue. Avec la chaleur
ambiante on est trempe de sueur, on dégouline. On crapahute au milieu des
plantations d'avocatiers, de bananiers, de caféiers et de cacaoyers. Au bout de
trois quart d'heure, on arrive enfin à la cascade. L'endroit est sympa et
surtout très raffraîchissant. On redescend assez vite à cause du jour
qui ne va pas tarder à tomber. De retour à la voiture, on on commence à nous demander de l'argent pour la
visite guidée en disant que ce qu'on a payé c'était juste un droit d'entrée,
pour le parking de la voiture et que sais-je encore. Il n'en faut pas plus pour que
David pique une grosse colère et j'en rajoute une couche derrière. On quitte les
lieux, ecoeurés par ce genre de pratique et pas emballés à l'idée de chercher
un bivouac dans ces endroits très peuplés avec la majorité des gens qui
nous ont porté un intérêt uniquement dans la perspective d'un éventuel
cadeau.
Nous retrouvons une des rares pistes qu'on avait repéré à l'aller et qui
s'enfonce dans la montagne dans la végétation luxuriante. Mais les chemins
qu'on voit atterrissent tous dans une plantation ou une ferme. La nuit
tombe. Nous n'avons pas d'autre choix que de demander l'autorisation de
s'installer dans un petit hameau. Nous sommes l'attraction. Nous nous installons
et finissons par manger sous le regard observateur d'une bonne
quinzaine de paires d'yeux. Situation apparemment plus gênante pour nous que
pour eux. A la nuit tombée, ils nous offrent une soirée en notre honneur. Chants
essentiellement religieux et danses accompagnés par le griot du village. Les
femmes et les enfant s'en donnent à coeur joie tandis que les hommes nous
tiennent compagnie. Ils sont prêts à durer toute la nuit mais nous sommes
fatigués et tout le monde va se coucher, heureux de cette soirée partagée.
Lundi 16 Février
Après un petit déjeuner partagé avec nos hôtes nous partons
à l'école où tout le monde nous attend avec
impatience. Les différentes classes sont installées sous des paillottes, les
élèves assis sur des bancs rudimentaires et un tableau noir avec la leçon du jour
trône au
centre. Très vite l'excitation l'emporte et nous voilà partis pour une séance de pose
avec toutes les classes. Les boites de stylos que nous donnons sont un cadeau
très apprécié des enseignants et c'est sous les
aurevoirs de dizaines de mains de gosses que nous repartons réchauffé par tant
de chaleur humaine.
Nous poursuivons la piste parmi les plantations de bananes,
d'ananas, de café et de cacao à l'ombre protectrice de la magnifique forêt
tropicale. La piste se retrécit de plus en plus et n'a pas l'air d'être
beaucoup fréquentée. On commence à se demander si ça arrive bien
quelque part. Heureusement on trouve un paysan qui nous confirme notre
destination et on en profite pour l'amener au marché voisin.
Nous évoluons toujours parmi les
plantations mais cette fois-ci, sur le plateau de Danyes. Les paysages sont
très doux, légèrement vallonnés. Sur le bord de
la route, on voit de plus en plus de petites échoppes vendant des montagnes de
fruits. On ne peut y résister et on fait le plein : avocats, bananes, ananas
garantis bio pour une somme modique.
On retrouve le goudron et on atterrit à Kpalimé. Repas au
maquis du coin puis on reprend la route vers le mont Klouto. La route
serpente sur le flanc de la montagne offrant de belles perspectives sur la
grosse bourgade que nous venons de quitter avec cependant pas mal de brume de
chaleur, de poussière ou d'humidité on ne sait plus. Changement de programme :
au lieu de persister vers le sommet depuis lequel on ne verra pas grand chose,
on se joint à d'autres français pour une ballade en forêt.
Nous repartons ensuite sur Lomé par une route bordée de
superbes plantations de palmiers. De nouveau ,on bataille beaucoup pour trouver
un bivouac et c'est d'extrême justesse qu'on trouve un coin dans une forêt de tecks.
Du Mardi 17 au Samedi 21 Février : séjour à Lomé
Lomé, la capitale du pays, est une grosse ville animée mais sans plus. Nous
nous dirigeons vers le port pour longer la côte car on a rendez-vous avec le
couple de français rencontré à plusieurs reprises pendant notre périple et
qui ont l'habitude de descendre dans le coin.
Nous les retrouvons à l'endroit indiqué. En fait, ils sont juste arrivés
hier du Ghana. Nous faisons enfin connaissance, il s'agit de Chantal et Lulu.et
on passe 2 bonnes heures à discuter de nos voyages respectifs. Le seul
intérêt du coin c'est qu'on peut s'y baigner grâce à l'ancienne route, mangée par la mer, qui fait comme une barrière et
qui transforme l'endroit en piscine à marée basse. Sinon la mer est bien
trop dangereuse.
Nous prenons quelques jours de repos : baignade, travail sur ordinateur,
réparations des crevaisons, rangement de la voiture, visite de Lomé et apéros
avec nos nouveaux compères. Tout ça au rythme local.Bref des vacances bienvenues, appréciables et appréciées.
Samedi midi, tout a une fin. C'est la gorge serrée que nous quittons
nos amis pour le Bénin. Nous arrivons au poste frontière du Togo. Comme on s'en va, ils
nous laissent tranquille et les formalités sont vite effectuées. Maintenant
c'est rebelote mais pour le Bénin.
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