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Le journal de KapSud au Congo
Auteur kapsud
Source KapSud
Publication du 22/06/2004 pour Internet
Modifi� le 28/07/16
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Arrivé à Ceuta

 

Vendredi 23 Avril

Dés qu'on passe la frontière du Gabon, la piste devient très mauvaise. On tombe sur une barrière où des gosses nous rejoignent tout excités. Ca faisait longtemps qu'on avait pas eu un tel accueil. Un militaire arrive et nous enregistre nous précisant que les véritables formalités se font plus loin. Pendant ce temps un homme s'approche et nous demande de l'amener à Nyanga le prochain gros village situé à 40 km. Ca fait une longue distance et la piste est mauvaise. Mais les véhicules qui passent ici sont rares et comme il accepte ses conditions de voyages, nous embarquons notre passager. C'est un prêtre. Il a fait des courses de ravitaillement au Gabon car ici on ne trouve pas grand chose. Les produits de première nécessité tel que le carburant ou le pétrole sont difficiles à trouver et chers. 

Dix kilomètres après on passe à 3 bureaux différents pour faire les formalités mais pas les douanes. On continue sur la piste où il y a beaucoup de trous pleins d'eau mais heureusement pour nous sans boue. Tout le long, on traverse des villages où tout le monde nous salue vivement, surtout les enfants.
On arrive enfin à Nyanga. La encore on doit repasser à la police  puis finalement à la douane. A chaque fois on doit refuser gentiment mais fermement de donner quelque chose. 
La nuit commence à tomber et le prêtre nous mène à la mission catholique en espérant pouvoir y être hébergé. Nous sommes accueillis par un grand gaillard à la voix de stentor. Le père Marian, polonais, est dans le pays depuis presque vingt ans. C'est lui qui a fondé cette mission avec un de ses pairs. Il est très content de notre visite et nous réserve un accueil des plus chaleureux. Comme en plus, son frigo est en panne et qu'on peut lui offrir une bière bien fraîche, il est aux anges. 

 

 

Nous passons une excellente soirée à discuter avec ce personnage jovial et si énergique qui prochainement repartira en brousse pour monter une nouvelle mission. Nous discutons aussi avec un jeune congolais, qui lui nous raconte un peu la guerre qu'ils ont subi ici jusqu'à récemment. Il a été en quelque sorte recueilli par le père Marian, après avoir fui à pied la ville de Dolisie (ex Loubomo ex Dolisie). Plus de 170 kilomètres à pied pour échapper aux atrocités de la guerre. Ils nous a aussi expliqué les causes de ce conflit. Même si tout les habitants aspirent à la paix, j'ai peur qu'elle ne soit de trop courte durée si les congolais réclament le retour de leur gouvernant légitime.

 

Samedi 24 Avril

6H la cloche sonne pour la messe. On est réveillé par les chants des paroissiens. Le père Marian nous a très gentiment préparé le petit déjeuner mais il apprécie quand même notre "vrai" café. Il nous donne plusieurs tuyaux pour notre bref séjour dans le pays. En premier lieu, la route vers Dolisie est impossible. Par contre, il existe maintenant une piste plus directe pour aller à Pointe Noire. Il s'agit de la piste des Malaisiens nommée ainsi car c'est une société d'exploitation forestière malaisienne qui est à l'origine de sa création. 

Nous quittons notre sympathique hôte pour rouler jusqu'à Kibangou où nous devons de nouveau nous enregistrer au poste de contrôle. Les paysages changent et sont magnifiques. On est entouré de petits pics tapissés de hautes herbes vertes surmontées de forêts.

 


Plus loin, nous prenons la fameuse piste des malaisiens. En avant pour Pointe Noire en passant à travers les montagnes recouvertes de la grand forêt. Cette piste a mauvaise réputation car elle est dangereuse surtout par temps de pluie. Les grumiers occupent la majeure partie de la piste quand ils roulent, donc attention quand ils déboulent. Et si la piste est boueuse, c'est une vraie patinoire et on a tôt fait de se retrouver en bas des ravins. Mais aujourd'hui, les nuages se contentent d'être menaçants, ils ne passent pas à l'acte ! 

La piste n'est qu'une succession de montées, de descentes et de virages. Il y a régulièrement des habitations entourées de quelques bananiers. A un moment donné un villageois nous fait signe de nous arrêter. Il nous propose de nous vendre la superbe et énorme vipère du Gabon qu'il vient de tuer dans les fourrés. Elle bouge encore. C'est vraiment impressionnant comme serpent. On préfère quelque chose de plus classique pour notre casse croûte du midi. On s'arrête sur le bord de la piste, vu qu'il n'y a aucun endroit dégagé ailleurs. Les grumiers que nous avons eu tant de mal à doubler nous frôlent en passant.

 

 

Arrivés à Pointe Noire notre premier souci est de trouver un hébergement. On se met donc à la recherche du domicile personnel du prêtre français que le père Marian nous a indiqué. Nous n'avons aucun plan de la ville et pas d'adresses, juste un nom de maison. Autant dire qu'on passe un paquet de temps à tourner en rond, à demander à droite à gauche. Et les gens toujours très gentils essayent de nous dépanner. Mais on ne trouve pas pour autant notre maison et la nuit commence à tomber. Finalement, on trouve quelqu'un qui connait quelqu'un dont le frère est prêtre et qui pourrait nous renseigner plus facilement. Il nous mène à sa maison. De là le propriétaire nous indique une grande rue où il faudra de nouveau demander sur place. Nous arrivons là bas, il fait nuit noire. C'est un quartier très animé. Un jeune se propose de nous montrer le chemin car il est enfant de choeur au service du père que nous cherchons et il sait où il habite. Nous nous enfonçons dans les ruelles et arrivons devant un grand portail fermé vu l'heure tardive. On sonne plusieurs fois et on tape à la grande porte métallique mais personne n'ouvre. Du coup, notre guide nous emmène à sa paroisse pour trouver le curé qui y officie. Celui-ci appelle le père français au téléphone et le prévient de notre arrivée. Une fois de plus, nous avons pu apprécier l'extraordinaire gentillesse et sens de l'accueil des congolais et des africains en général. C'est incroyable de voir cette sorte de chaîne humaine qui s'est mise en place pour aider de simples inconnus comme nous.

Cinq minutes plus tard, le père nous ouvre ses portes. Il est tard et nous nous installons pour manger quand un gros orage éclate avec des trombes d'eau. Nous nous réfugions dans la voiture pour diner dans notre chambre provisoirement transformée en salle à manger. Mais ça n'atteint pas notre bonne humeur comme l'attestent les photos que nous tentons de prendre de notre nouvel intérieur.

 


Dimanche 25 et Lundi 26 Avril

La fraîcheur apportée par l'orage a été de courte durée. La chaleur moite est de nouveau au rendez-vous. Aujourd'hui dimanche, c'est une grosse journée de travail à l'extérieur pour le père  si bien qu'on ne le voit que très tard dans l'après midi. Il nous a laissé sa maison à disposition. Comme d'habitude maintenant, je passe la journée à travailler sur l'ordinateur tandis que David fait le ménage à fond dans la voiture plus la lessive complète. 

Le soir nous permet de découvrir un peu mieux notre hôte. Une fois de plus, nous avons affaire à un personnage peu ordinaire. Un monsieur de 75 ans avec une énergie et un dynamisme rares. Cela fait 53 ans qu'il officie au Congo, un pays auquel il est entièrement dévoué même en temps de guerre Il nous permet de mieux approcher la réalité du pays et de ses habitants qu'il connait si bien. Bref, un homme passionnant et très occupé avec ses nombreuses activités. 
Le lendemain, nous allons en ville pour profiter des magasins et trouver un cybercafé. La cité se révèle très moderne, avec tous les biens et équipements occidentaux qu'on peut imaginer. En fait, la région a été épargnée par la guerre car le pétrole et l'économie qu'il engendre sont très importants ici. Tout autour, se développent des quartiers dans des styles plus africains. Les coupures d'électricité et d'eau sont très fréquentes et ça ne nous facilite pas les choses pour trouver une station de lavage pour nettoyer Totoy en profondeur pour qu'il soit présentable demain. Forcément, vu la quantité de boue accrochée à la voiture, l'opération prend beaucoup de temps et c'est de nouveau de nuit qu'on rejoint notre hébergement mais cette fois-ci, on se repère nettement plus facilement dans la ville

 

Mardi 27 avril

Nous nous levons très tôt pour partir à 6 heures. Nous faisons nos adieux au père qui s'en va lui aussi à sa paroisse. Nous lui proposons de le déposer mais il préfère y aller à pied. Aujourd'hui c'est une grosse journée pour nous car nous quittons le Congo pour Cabinda, l'enclave angolaise coincée entre les 2 Congos. La route est bonne jusqu'à la frontière de Nzasi qui n'est pas encore ouverte car c'est trop tôt ! on attend une heure que ça ouvre et on fait toutes les formalités en peu de temps et sans demande de cadeaux.

En face, c'est l'Angola et apparemment c'est pas la même chose. Il y a une barrière et beaucoup de militaires armés. Il y a un va et vient incessant de piétons entre les deux postes frontières. Beaucoup poussent des sortes de charrettes à bras avec un assemblage insensé de bidons en plastiques en équilibre instable. En fait ils font du trafic de carburant, très peu cher côté angolais. D'autres marchandises franchissent allègrement les deux frontières à condition que les douaniers ou gendarmes puissent se servir au passage. 

C'est maintenant notre tour de franchir la barrière côté angolais. On ne parle plus français mais portugais. On va innover le passage de frontière en langue étrangère.

 

 

 


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