Arrivé à Ceuta
Samedi 26 Juin
Nous embarquons sur le ferry. Enfin, ferry est un bien grand mot,
j'appellerais plutôt cela une barge dans un état incertain ! Le pont est fait
de grosses poutres de bois assemblées tant bien que mal et des étais de
fortune tentent de soutenir un toit pour les passagers. Tout ça date d'il y a
bien longtemps et les trous dans le plancher qui laissent voir l'eau du Zambèze
ne sont pas pour mettre en confiance.
Mais finalement le ferry accoste et tout le monde débarque. Commence ainsi
un nouveau ballet de marchandises et de trafic en tout genre, apparemment
beaucoup de zambiens essaient de s'approvisionner au Botswana en sucre, farine,
huile et divers vivres. On débarque du bac à notre tour et on part faire les
formalités et payer le ferry. Tout se passe facilement, on peut acheter notre
visa à la frontière et heureusement pour nous, tout payer en dollar
américain.
Une superbe route goudronnée nous emmène jusqu'à Livingstone. Elle
traverse de beaux paysages légèrement vallonnés par endroit. A un moment,
nous apercevons un troupeau agité d'éléphants qui court tout près du bord. Nous
faisons demi-tour et nous nous arrêtons pour mieux les voir quand un cycliste
arrive affolé et stoppe à notre hauteur visiblement très effrayé. Il
remercie Dieu d'avoir eu beaucoup de chance. On comprend ensuite qu'il est très
soulagé d'avoir échappé à la troupe de pachydermes. On trouve ça exagéré
jusqu'à ce qu'il nous dise que ces derniers mois, 4 personnes de son village
sont mortes d'avoir croisé les éléphants sur leur chemin au trou d'eau. A
Livingstone, nous partons camper dans un lodge au bord de la rivière. Il y a
beaucoup de vacanciers mais l'ambiance et le lieu sont très agréables. Les
hippos coassent derrière nous au soleil couchant faisant la joie des gamins (et
des plus grands) tout excités par ce spectacle.
Dimanche 27 Juin
David n'est pas vraiment en forme, très fatigué, il reste une bonne partie de
la journée alité, ce qui ne lui ressemble pas du tout. C'est peut-être le
contre-coup du rythme intense que nous avons eu au Botswana, ou le palu, on
verra bien. Pendant qu'il se
repose, j'en profite pour préparer la suite de notre voyage en Australie chose
que je n'ai pas eue le temps de faire avant de partir et qui se rapproche à
grand pas. Je suis de temps en temps déconcentrée par les razzias qu'opèrent
les velvets monkeys, ces petits singes habiles et rusés qui ont élu domicile
dans les grands arbres du camping et qui sont à l'affût de toute nourriture
laissée sans surveillance. En une fraction de secondes, ils fondent sur notre
table alors que j'avais le dos tourné et volent mon paquet de rusks, les
biscuits préférés des sud-africains pour le petit déjeuner ou le tea time
auxquels je me suis convertie.
Lundi 28 Juin
David à peu près requinqué nous partons aux célébrissimes Chutes
Victoria ou Vic Falls comme on les appelle ici. Nous commençons par admirer le
spectacle par l'impressionnant pont de fer qui enjambe le Zambèze à une
hauteur démesurée et dont le milieu marque la séparation entre le Zimbabwe
et la Zambie. On devine à peine les immenses chutes voilées par les
embruns mais le spectacle est de toute beauté. Certains profitent du lieu pour
sauter à l'élastique, pour ma part, étant sujette au vertige, j'ai ma dose de
sensations fortes rien qu'en parcourant le pont.
Nous revenons côté zambien pour découvrir les chutes. Un
sentier traverse la végétation tropicale de plus en plus épaisse au fur et à
mesure que nous nous approchons des chutes. Le bruit sourd des trombes d'eau se
fait lui aussi de plus en plus insistant. Peu à peu, le brouillard provoqué
par l'immense cataracte nous envahit. Mieux vaut venir armé de son ciré ou de
son poncho sinon on se retrouve trempé jusqu'aux os en quelques minutes ! Nous
empruntons ensuite une passerelle vertigineuse qui nous conduit à un éperon
rocheux depuis lequel on peut admirer de plus près les chutes au gré des
mouvements des nuages de gouttelettes d'eau. La puissance dégagée par ce
déluge qui se déverse dans la faille est imposante et n'occulte en rien la
majesté du tableau.
Après être partis à la découverte des chutes à leur origine
sur les berges du fleuve, nous décidons d'explorer les chutes sous tous leurs
angles en empruntant un sentier assez abrupt sur la fin, qui mène en bas des
VicFalls. La ballade est très agréable dans la végétation luxuriante
encouragée par l'humidité ambiante. En bas, on bénéficie d'un point de vue
splendide sur le Zambèze et ses tourbillons créés par les chutes même si
elles restent masquées par les roches. Mais le tumulte des flots et la
présence d'embruns nous laissent deviner leur présence proche. On peut aussi
observer les courageux qui sautent à l'élastique depuis le pont. A chaque
saut, ils nous confortent dans notre refus de ce genre d'expérience !
Nous mettons ensuite le cap vers le nord est pour aller vers la
capitale. Nous suivons une belle route de plateaux puis attaquons la montagne et une route plus sinueuse. Le trafic est intense avec
beaucoup de camions ce qui n'est pas l'idéal pour la conduite en montagne. Nous
voudrions nous arrêter pour bivouaquer mais c'est très habité et cultivé.
Nous décidons pour une fois de rouler de nuit jusqu'à Lusaka. C'est très
stressant car il y a de plus en plus de véhicules au fur et à mesure qu'on
s'approche de la capitale mais c'est surtout la présence d'innombrables
piétons, cyclistes, charrettes non éclairées et animaux vagabonds sur les
bords de route qui rendent la situation périlleuse. C'est donc avec soulagement
que nous nous arrêtons dans un camping à l'entrée de Lusaka.
Mardi 29 Juin
Dans la capitale, nous retrouvons les scènes classiques de l'Afrique noire
que nous avions perdues en Namibie et au Botswana : vendeurs ambulants de toute
sorte d'articles, petits et grands marchés de fruit et légumes ... Nous nous
rendons à l'ambassade de France pour récupérer nos nouveaux passeports mais
il y a eu un contre-temps et nous devons réitérer notre demande.
Ayant appris la présence de plusieurs golfs dans la ville, David tente sa
chance à l'un d'entre eux. On a l'impression d'être transporté dans un autre
monde, d'un autre temps. L'étiquette est particulièrement rigide, il y a même
des règles pour définir la hauteur des shorts de ces dames au dessus du genou
! Autant dire que David a du mal à trouver une tenue qui soit autorisée. Du
coup il se contente de taper des balles. Ici, c'est le caddie qui va récupérer
chaque balle, à chaque coup et les greens sont entretenus par des femmes qui
s'assoient sur des morceaux de tissus et trient chaque brin d'herbe à la main !
Invraisemblable ! En plus le spectacle continue à la terrasse du club-house
avec les golfeurs et golfeuses de la "bonne société". Vraiment un autre monde qui n'est toujours pas
révolu et que nous n'avons pas envie de connaitre plus.
Nous faisons ensuite route pour le lac Kariba où nous passerons les quelques
jours nécessaires pour obtenir nos papiers. Nous traversons de très beaux
paysages montagneux et beaucoup de jolis petits villages coquets. La route
serait idyllique s'il n'y avaient pas tous ces camions qui doivent faire la
navette avec le Zimbabwe. Nous arrivons avec un magnifique coucher de soleil sur
le lac et après avoir un peu tourné en rond dans le village, nous nous
installons dans un camping à la pointe d'une presqu'île. Nous sommes les seuls
clients, tranquillité assurée.
Mercredi 30 Juin
Le cadre est magnifique et paisible, nous en profitons pour prendre notre
temps et travailler un peu. Comme d'habitude, je travaille sur l'ordinateur et
David range la voiture. Le soir, pendant qu'on mange je pense être victime
d'une hallucination. Mais non, c'est bien un hippopotame énorme qui passe sur
la terrasse des sanitaires, à quelques mètres derrière nous et qui continue
tranquillement sa ronde vers les tentes mises à disposition d'éventuels
clients. Trouvant l'endroit à son goût il s'y affale de toute sa masse et
pique un somme, tout simplement ! Juste un peu plus loin, un de ses collègues
broute la jolie herbe de la pelouse. Décidément, l'Afrique est toujours pleine
de surprises.
Jeudi 1er Juillet
Réveil tranquille, tout comme la visite du petit village de Siavonga. La route
alentours nous offre de belles perspectives sur le lac, véritable mer
intérieure créée par la retenue d'eau du barrage. Nous faisons chemin inverse
pour Lusaka. Sur le bord de la route, nous voyons des artisans à l'oeuvre :
sculpteurs sur bois ou fabricants de djembés. A la capitale, nos nouveaux
passeports en poche, nous nous mettons en quête d'une carte du Malawi. En fait,
nous avons décidé de changer d'itinéraire et au lieu de nous rendre en
Tanzanie, nous poursuivons par le Malawi.
Au bout de plusieurs librairies nous déclarons forfait pour la carte du
Malawi et nous nous consacrons aux courses de ravitaillement profitant
pleinement d'un centre commercial flambant neuf. Nous quittons la ville par
l'est et nous arrêtons à sa sortie à la nuit tombée .
Vendredi 2 Juillet
Nous poursuivons la route vers Chipata. Au début, elle est montagneuse et
nous croisons quasiment personne. Puis à Nyimba, nous accédons à des plateaux
et là c'est la foule. Les terres sont toutes cultivées et donc la région est
très peuplée. Plus loin, la route se rétrécit et se détériore.
Régulièrement, nous avons affaire à des feux de brousses et le nombre de
fumées qui s'élèvent à l'horizon est impressionnant.
Après avoir fait quelques courses à Chipata, nous quittons la route qui
mène au Malawi pour prendre une piste qui monte au nord, vers le parc de South
Luangwa. Nous nous arrêtons peu après dans un camping où nous retrouvons pas
mal de véhicules rencontrés à d'autres arrêts habituels des voyageurs, dont
plusieurs camions d'aventure.
Samedi 3 Juillet
La piste de latérite qui conduit au parc national est plutôt mauvaise. Tout
le long, les plantations de bananiers et de coton se succèdent et il y a
beaucoup de monde sur la route. Souvent les cases sont accompagnées de ce qui
ressemblerait à des séchoirs à tabac. Nous mettons près de trois heures pour
parcourir les 130 kilomètres qui nous séparent de Mfuwe. Nous retrouvons le
goudron dans cette paisible bourgade qui vit essentiellement de la réserve
animalière adjacente.
Après avoir choisi le camping pour notre bref séjour, nous traversons le
pont de la large rivière Luangwa, et nous entrons dans le parc du même nom.
Nous retrouvons de nouveau de multiples pistes qui longent la rivière par le
sud et les nombreux bras morts qui l'entourent. Ils sont plus ou moins
asséchés, donnant ainsi la vie à des zones de marécages, des lagunes ou des
savanes sèches. A chaque fois, nous y rencontrons des espèces d'animaux
différentes en fonction du type d'habitat. La faune est vraiment très
diversifiée avec même des espèces endémiques comme le zèbre de et la girafe
de Thornicroft. Les paysages sont eux aussi très variés avec en plus, des
forêts et du bush parfois très rocailleux.
La visite est très agréable d'autant plus qu'il n'y a pas trop de
monde. Nous y croisons beaucoup d'oiseaux et herbivores différents : impalas,
zèbres, girafes, gnous, lechwes, éléphants et hippopotames. Mais ce qui fait
la renommée du parc, outre sa beauté et sa forte population d'hippos, c'est la
grande chance d'y apercevoir un léopard. Etant une grande amatrice de félins,
nous redoublons d'attention pour voir cet animal très répandu et pourtant si
discret.
Alors que nous sommes dans un sous-bois à regarder des
antilopes en train de brouter dans une immense clairière, notre voeu est exaucé
quand un léopard traverse fugitivement la piste devant nous. Il se
tapit très rapidement dans un fourré d'où il nous observe. On n'a pu admirer
sa splendide robe tâchetée que quelques secondes et ce magnifique camouflage
fonctionne à merveille. On ne distingue que ses superbes yeux dorés qui nous
fixent avec insistance et méfiance. Soudain, il décide de s'éloigner un peu plus et il
disparait rapidement dans les hautes herbes. Je suis aux anges même si ce
moment a été trop furtif à mon goût. Quand nous continuons notre route, nous
sommes bloqués par une petite famille d'éléphants qui refuse de nous
laisser passer sur la piste. Les éléphants zambiens ont l'air d'être d'une
humeur aussi susceptible que leurs congénères du Botswana.
Nous nous éloignons de la rivière et nous enfonçons dans le
bush plus aride. Les seuls animaux que nous voyons sont des espèces de taons
très agressifs et qui nous assaillent de piqûres très douloureuses sur
l'instant. On est plus accaparé à les chasser qu'à observer la nature !
Rapatriés de nouveau sur les environs de la rivière, la vie sauvage refait son
apparition dès que l'eau est présente. Pour rentrer au camp, nous prenons une
petite piste qui traverse de nombreux bras morts et lagunes nous permettant
d'admirer de nouveaux paysages et toujours autant d'animaux.
De retour au camping, nous avons l'agréable surprise d'utiliser le bushmail
: c'est un ordinateur connecté à internet par UHF, ça marche impeccable, bien
mieux qu'à beaucoup d'autres endroits. Nous sommes superbement installés au
bord de la rivière pour passer la soirée. A la nuit tombée, les bruits
sauvages envahissent peu à peu le silence : le craquement des herbes sèches des
petites antilopes qui vont boire, le rugissement des lions, le grognement des
hippopotames, le hurlement sarcastique des hyènes et les centaines d'insectes
qui concertent à l'unisson. On éteint la lumière et on reste là, sous la
voûte céleste illuminée d'étoiles, à s'imprégner de cette nature sauvage.
Dimanche 4 Juillet
A notre lever, une surprise nous attend : notre table s'est fait attaquée et
un trou béant en son milieu en témoigne. Qu'est ce qui a pu faire ça ? un
lion ? une hyène ? et non, on découvre l'objet du délit qui gît sous notre
table : tout simplement le fruit énorme du grand arbre à saucisse sous lequel
on s'est innocemment installé !
Nous repartons dans le parc, pour explorer cette fois-ci la partie nord. Une
belle piste longe la rivière Luangwa et nous offre de superbes paysages de
berges fréquentées par les nombreux animaux et surtout les hippos
particulièrement abondants. Il y a en a un nombre incroyable et plus le soleil
s'èlève dans le ciel, plus ils s'agglutinent au coeur de la rivière, là où
les eaux sont les plus profondes et probablement les plus fraîches.
Nous quittons le parc en fin de matinée, agréablement surpris par sa
beauté, sa richesse et sa diversité. Nous avions un peu peur d'être déçus
après ce que nous avions vécu au Botswana mais il n'en est rien et le South
Luangwa NP mérite amplement tous les kilomètres qu'il nous a fallu parcourir.
De retour au camp, nous prenons une bonne pause déjeuner et nous nous attaquons
à la réparation de la table avec les moyens du bord, le fond d'une boîte en
plastique qu'on sacrifie et du gros scotch font l'affaire.
Nous retournons à Chipata par la mauvaise piste que tout le monde nous a
assuré être la meilleure. On décide dons
ce revenir à Chipata et de passer au Malawi un peu plus haut. La route de
goudron pour Lundazi passe dans les montagnes puis dans des plateaux. Il y a
beaucoup de monde sur la route peut-être parce que c'est dimanche. Piétons,
charrettes et beaucoup de vélos où le papa pédale et porte maman sur le
porte-bagages avec le bébé dans le dos.
On a beaucoup de mal à trouver un endroit pour bivouaquer car tout est
exploité ou habité. Finalement on trouve un champ en jachère un peu à
l'écart de la route et on s'installe dans la nuit tombante. Beaucoup de monde
passe en marchant sur le sentier qui longe la route et deux jeunes intrigués
par notre présence viennent nous voir. Ils sont inquiets car ils pensent qu'on
a des problèmes. Une fois rassurés sur notre sort, ils s'en vont
tranquillement et continuent à marcher comme si de rien n'était.
Lundi 5 Juillet
De bon matin, David est accueilli par une demi douzaine de paysans partant
aux champs et qui viennent s'assurer eux aussi qu'on n'a pas de problèmes. Une
fois de plus, nous pouvons apprécier la gentillesse et le naturel des Zambiens
qui se montrent en plus très chaleureux.
Nous reprenons la route qui devient plus étroite. Puis des trous font leur
apparition, enfin d'énormes crevasses béantes constellent le goudron nous
obligeant à faire du gymkana entre piétons, nids de poule, cyclistes et bien sur
les autres véhicules particulièrement les nombreux camions surchargés de
ballots de coton ou de tabac Heureusement il y a des pistes sur les bas cotés
mais souvent en piteux état. De temps en temps une portion de route
correcte permet de se remettre un peu de tous ces cahots.
Arrivés à Lundazi, on tourne pas mal en rond pour trouver la route de la
frontière.. Finalement on demande au poste de police qui nous indique la piste
à suivre. Le ciel est nuageux et il ne fait pas bien chaud. Les formalités de sortie
sont faites rapidement avec le sourire jovial caractéristique des zambiens,
nous voilà partis pour le Malawi.
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