Arrivé à Ceuta
Jeudi 22 Juillet
A la frontière, on retrouve l'Afrique moderne avec des bureaux informatisés
et le passage se fait très rapidement. Par contre, on a droit à un contrôle
sanitaire et ils nous suppriment notre bois empilé sur la galerie. Sur la route
principale, c'est un défilé de cultures industrielles, champs de canne à
sucre à perte de vue, immenses plantations d'oranges et d'avocats et
enfin vaste plateau de fermes d'élevage. A chaque traversée de villages on
retrouve les stigmates de notre société contemporaine de consommation :
fast-food, take-aways, boutiques de téléphonie, internet, magasins en tout
genre, stations services rutilantes, ... Ca faisait longtemps.
La route n'est pas très intéressante avec des paysages de campagne mornes.
Nous arrivons à Middleburg, capitale agricole locale, à la nuit. Pas évident
de trouver un logement car il n'y a pas grand chose pour le voyageur, c'est
plutot pour les affaires et on y a aucune adresse. Finalement, la patronne d'un
lodge qui était complet, nous dégotte un B&B, car elle trouve qu'il fait
trop froid pour qu'on dorme sur son parking, et nous y fait conduire pour
être sure qu'on ne se perde pas ! Pour fêter la fin de notre aventure africaine, on s'offre un repas au resto.
En effet, nous ne visiterons pas l'Afrique du Sud, car nous n'avons pas le temps
nécessaire pour cela. Nous préférons découvrir l'Australie que nous ne
connaissons pas encore, ayant déjà eu la chance d'explorer un peu la
région de Capetown et du Kruger Park lors de vacances antérieures.
Vendredi 23 Juillet
Nous partons tôt car nous voulons être à l'ambassade d'Australie à
Prétoria avant la fin de la matinée. Comme on arrive du bon côté de la
capitale, on trouve l'ambassade rapidement.
Beaucoup de monde attend déjà et après avoir fait la queue un petit moment,
on récupère pleins de formulaires à remplir, et une liste d'examens médicaux
à réaliser par des docteurs agréés. Tout
ça parce qu'on veut rester plus de trois mois ! Mais bon, ils nous
promettent les résultats pour lundi après midi.
Après avoir passé le reste de l'après-midi dans l'énorme centre
commercial du coin, on part à la recherche de notre logement, un camping pas
trop loin du centre ville. Quand on y débarque on est les seuls touristes et on
se demande où on a atterri. Tous les occupants, blancs, sont des marginaux ou
des familles en situation précaire. Comme d'habitude, malgré le froid, on
s'apprête à passer notre soirée dehors autour du feu du barbecue, nous sommes
les seuls dehors.
Samedi 24 et Dimanche 25 Juillet
Nous n'avons pas l'intention de passer le week-end ici, alors on va se
promener dans les environs d'un lac, un dam comme ils appellent ici. En premier,
comme on n'est pas allé au parc Kruger, on va visiter une ferme reconvertie
dans la reproduction de guépards et de lycaons, les espèces de prédateurs les
plus menacées d'Afrique. En fait, ce sont des fermiers depuis plusieurs
générations, amoureux de la faune depuis toujours. Petit à petit, leur
passion les a amenés à s'occuper de guépards blessés puis souhaitant mettre
à contribution leur connaissance de l'élevage des animaux ils ont tenté de faire
se reproduire ces fauves. Leur réussite a pris du temps mais leur succès est
maintenant reconnu. La visite est très commerciale dans le style, mais les
explications données sont extrêmement intéressantes et montrent la
complexité et l'étendue du problème de la protection et de la réintroduction
des espèces menacées. Nous pouvons admirer des guépards dont les splendides
spécimens King Cheetah, résultat d'une mutation génétique qui existe dans la
nature, des meutes de lycaons, plusieurs sortes de vautours et rapaces.
Nous explorons ensuite les abords du lac, lieu de villégiature très
appréciés des citadins même des plus huppés. On a du mal à y trouver un
camping et on se réconforte du froid en savourant notre délicieuse langouste du Mozambique grillée au feu de bois. Le
lendemain, on lézarde sur les berges puis on revient à Prétoria. Sur les
bords de la route, les fameux townships s'étalent, des carrés avec des
baraques de tôle en enfilade pour les plus pauvres. Plus les gens sont
"riches" plus les baraques sont grandes, sont construites en dur avec
parfois un petit jardin à côté.
Lundi 26 au Mercredi 28 Juillet
Dès l'ouverture de l'ambassade d'Australie, nous sommes fin prêts pour
connaitre la suite des opérations. L'officier qui nous reçoit est satisfait
des documents qu'on lui fournit et il nous annonce qu'il ne reste plus qu'à
attendre les résultats médicaux. On est très content car on s'attendait à
plus long et plus compliqué. Il n'y a pas grand chose à faire dans la ville et de toute
façon, elle ne donne pas particulièrement envie. Alors on va tuer le temps au
centre commercial, où on peut évoluer en toute tranquillité.
Le soir, comme d'habitude David prépare le feu quand
on est rejoint par trois noirs complètement ivres qui ont décidé qu'ils nous
tailleraient la bavette un petit moment. A force de parler, on comprend que
c'est le gardien chargé de l'entretien du camping avec son fils et un ami,
aussi fins bourrés l'un que l'autre. Très motivés, ils nous ont mis les
discours de Mandela en boucle sur le magnétophone qui hurle depuis les
sanitaires. Ils ont décrétés qu'ils nous apprendraient des rudiments de
zoulou et on doit leur rappeler régulièrement que, non, nous ne sommes pas des
boers. Malgré les discours avinés (ou plutôt abierrés) et les
élucubrations, quelques parcelles de paroles lucides émergent. On sent bien
que le clivage blanc-noir est toujours très ancré et que la rancoeur est là.
Quelle chance pour ce pays d'avoir eu un homme comme Nelson Mandela pour
négocier cette transition post apartheid si délicate, mais le
chantier est encore énorme et l'équilibre extrêmement fragile. Nous arrivons à nous "débarrasser" de nos invités au bout de
quelques heures, nous sommes maintenant amis pour la vie ! Nous finissons au lit
sans manger.
Nous passons nos journées dans l'attente du coup de fil de l'ambassade mais
en vain. Nous préparons la voiture pour son voyage en bateau et surtout il faut
la nettoyer nickel, les autorités australiennes étant très pointilleuses sur
ce sujet. La tâche ne sera pas facile car la poussière que nous avons
accumulée pendant tout notre périple s'est incrustée dans les endroits les
plus inimaginables. Pour l'instant, on se contente d'essayer de laver
l'extérieur de fond en comble.
Nous avons de nouveau écopé du gardien du camping pour une soirée de plus.
Cette fois-ci il était seul mais son état était bien trois fois pire que la
veille. En plus de l'alcool, il a abusé d'autres substances pas catholiques et
il a régulièrement des hallucinations. Autant dire que la soirée est
charmante ! Du coup, le soir suivant, on n'a pas envie de repasser la nuit dans
cet endroit sordide donc on craque et on va dans une guesthouse. Elle est entourée d'une
double barrière de fil barbelé avec portes extérieures et intérieures
fermées à clef : atmosphère pas vraiment relaxante mais au moins, on est au
chaud.
Jeudi 29 Juillet
Nous partons à l'ambassade fermement décidés à savoir où en sont nos
visas. Le service étant ouvert que 3 heures dans la matinée, il faut faire
court. Et là commence une partie de ping-pong hallucinante entre l'ambassade et
le cabinet médical. Les premiers nous disent qu'ils n'ont aucun résultat et
les seconds expliquent qu'ils ont envoyé tout ça par coursier lundi dernier.
On est confronté à un mur de part et d'autre, chacun disant que c'est la faute
à l'autre car ils travaillent mal ! Heureusement, ils sont proches
géographiquement l'un de
l'autre et après 3 allers-retours enchainés et une montée de nerfs on
obtient nos visas sans savoir vraiment ce qu'il s'est passé mais peu importe,
le résultat est là.
Nous nous engouffrons sur l'autoroute, espérant être à Durban ce soir,
retrouver nos amis voyageurs rencontrés en Angola, Krissy et Slade,
maintenant installés sur la côte. Mais nous n'en sommes pas encore là, il y a
beaucoup de traffic sur Johannesburg. Sur l'autoroute, à plusieurs reprises au
niveau des bretelles de sortie, on voit de grands panneaux de signalisation avec
un énorme point rouge au milieu avec une indication : Attention, risque élevé
de hi-jacking, c'est à dire de braquage de véhicule à main armée. Cela
confirme la réputation de violence et de criminalité du pays, surtout dans
cette région du Gauteng, aux alentours de Prétoria et Johannesburg, la plus
riche du pays.
Nous apercevons au loin les montagnes enneigées du massif de Drakensberg qui
se dresse comme un rempart. Au bout de 8 heures de route, nous arrivons enfin
chez nos amis qui d'entrée nous font apprécier l'hospitalité sud-africaine en
passant la soirée chez la mère de Slade.
Vendredi 30 Juillet - Mardi 3 Août
Nous passons les journées qui suivent à préparer la voiture pour son
transfert vers l'Australie et nos affaires pour la grande lessive. Plusieurs lavages chassis,
moteur et
carrosserie à haute pression sont nécessaires et on n'oublie pas l'intérieur en déchargeant
toutes les affaires pour nettoyer dedans du mieux que l'on peut. On a du mal à croire qu'on va
pouvoir tout remettre dedans !
On trouve aussi de bons moments à savourer avec nos amis qui nous font
découvrir les environs couverts de champ de canne à sucre, de superbes endroits sur la côte
et les traditions populaires comme la pêche à la sardine. Et toujours l'extraordinaire
accueil chaleureux et sympathique de toute la famille de Slade et de ses amis
chez qui nous avons passés de nombreuses soirées, barbecue parties et potjie
parties. Slade, qui a de redoutables talents de cuisiniers, a fait mijoté
pendant plus de 5 heures un cuissot d'impala qu'il a lui même chassé à l'arc
dans le nord du pays. Un délice dans la plus pure tradition
sud-africaine.
Le père de Slade qui a longtemps vécu en Zambie, nous fait partager son
expérience de l'Afrique. Passionnant de l'entendre parler de cette époque et
du South Luangwa National Park quand c'était une réserve de chasse avec la
chasse au lion ou à l'éléphant. On se croirait dans Out of Africa ou Grand
chasseur blanc, mais je préfère tellement l'époque actuelle de réserve
naturelle de faune sauvage !
Mercredi 4 Août
C'est le grand jour. Nous nous rendons au terminal du port de Durban pour
empaqueter Totoy dans un container. On a du mal à croise qu'il va rentrer dans
cette caisse. Après différentes opérations, un agent ferme et pose
les scellés. Nos gorges sont nouées et je suis limite larme à l'oeil. C'est
tellement émouvant pour nous et tellement dur d'enfermer notre Totoy dans cette
boite noire pour plusieurs semaines. C'est notre voiture et notre maison mais
bien plus que cela encore, le compagnon de tous les instants de notre aventure
sur qui on a toujours pu compter même dans les moments les plus difficiles.
Heureusement nous n'avons pas le temps de trainer ni de nous attendrir car
nous devons prendre l'avion pour Perth, sur la côte ouest de l'Australie. En
plus, nos amis Slade et Krissy nous y accompagnent, rendant le moment plus
léger sur l'instant mais tout aussi difficile ensuite car nous devons eux aussi
les quitter !
C'est maintenant un nouveau voyage qui commence. Nous n'en revenons toujours
pas d'avoir atteint notre objectif. Cela paraissait si lointain il y a peu de
temps, presque utopique. Et maintenant nous embarquons pour l'Australie qui on
l'espère sera, elle aussi, une belle terre d'Aventure !
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