Arrivé à Ceuta
Mardi 21 Septembre
Il faut bien se résoudre à quitter Perth et sa région où nous nous
sentons si à l'aise. Comme dit si bien l'autre, "Il faudrait construire
les villes à la campagne". Et bien ici, ils y sont arrivés et en plus au
bord d'un belle rivière sinueuse, à deux pas du superbe océan indien avec un
taux d'ensoleillement des plus élevé. Pas étonnant que 80% des 1 800 000
habitants de l'état de l'Australie de l'Ouest vivent dans cette contrée.
Autant dire qu'on risque pas de rencontrer foule sur la route pour Darwin.
Pour finir en beauté, nous explorons les vignobles réputés de la Swan
Valley à quelques kilomètres de Perth. Nous nous faufilons à travers les
vignes dispersées dans les faubourgs habités entre les habitations et les
installations commerciales. On ne s'attendait pas à ces paysages presque
urbains. On est loin du charme des coteaux de Margaret River. On n'est pas
vraiment des connaisseurs mais on est plutôt surpris quand on découvre comment
sont implantées les vignes, tout en hauteur, écartelées entre les tiges de
fer qui servent de guide aux sarments.
Nous choisissons l'un des plus anciens domaines pour faire une dégustation
mais sans la visite des chais qui sont fermés. On succombe quand même au
charme d'un déjeuner sous une espèce de tonnelle, accompagné de crus qui font
la renomée du vignoble de Houghton, bien que sa spécialité soit les vins
blancs. Une autre halte chez un petit producteur et nous voici lancé en milieu
d'après midi sur la route qui monte au nord. Petit à petit les habitations se
font plus rares et très vite, on se retrouve en rase campagne puis plus rien.
On ne capte même plus le réseau des portables. Difficile de croire qu'à
quelques dizaines de kilomètres, une ville grouille avec un million et demis
d'habitants.
On trace des kilomètres et des kilomètres à travers le bush et on s'arrête à Lancelin, petite bourgade
côtière où la route de goudron se termine dans un vent froid et cinglant. Le camping n'a
même pas de cuisine pour nous abriter le temps d'un repas ou de sa confection :
on passera la soirée dans la voiture à envier le confort de nos voisins
installés dans leur vaste caravane.
Mercredi 22 Septembre
Nous avons de la chance, le soleil est de la partie pour notre itinéraire du
jour sur les pistes de la côte. Avant de se lancer dans l'aventure, nous allons
à la station d'essence du village glaner les renseignements nécessaires pour
ne pas se perdre et surtout traverser les zones d'entrainement de tir militaire
sans encombres. On traverse une première zone de dunes qui sert de terrain de
jeux aux 4x4 du coin dont le célèbre Bigfoot aux roues démesurées puis la
piste s'enfonce dans le bush fleuri.
Grâce aux indications de la bonne carte récupérée à la station, nous
évitons de nous perdre et traversons les champs de tirs d'essai de la Marine
Australienne avec quand même une impression bizarre quand on voit tous les
panneaux d'avertissement de tirs, d'explosifs et autres joyeusetés de ce genre.
Mais on oublie très vite tout ça car les vues sur la côte sont superbes avec
des couleurs fantastiques sur la mer, un sable de plus en plus blanc et des
nuages de plus en plus discrets. La piste est plutôt facile mais avec des
passages bien rudes quand même. On arrive à la partie la plus délicate à
négocier : un cordon de dunes d'une blancheur étincelante à franchir. Totoy
une fois de plus s'avère à la hauteur et des plus digne de confiance. Bien que
le sable soit très mou, il avale la plus haute dune pour nous hisser jusqu'au
sommet avec une des plus magnifiques vues de la région.
Passé ce superbe moment, nous arrivons au village fantôme de Wedge et ses
cabannes abandonées. C'est là que commence la piste qui longe l'immense plage.
C'est toujours une sensation grisante de liberté de rouler dans des espaces
sans limites.
La plage se termine par des petites falaises de calcaire friables. Le sable
est tellement blanc et l'eau si transparente que la mer en est presque
aveuglante. Les couleurs sont incroyables et c'est avec délectation que nous
nous installons pour pique niquer et contempler ces paysages d'une beauté et
pureté absolues.
Nous quittons cet endroit fantastique pour reprendre la piste qui replonge
légèrement vers l'intérieur des terres. Nous ponctuons notre parcours du jour
par la visite de l'étrange désert des Pinnacles. Le Nambung National Park
abrite d'étonnantes formations calcaires d'une palette variant du beige rosé
à l'ocre chaud surgissant du terrain plat comme des étendards. Cette forêt
d'éperons rocheux très fragiles s'étend au coeur d'une autre forêt d'un vert
sombre qui plonge finalement dans l'océan indien
Nous continuons jusqu'à Cervantes où nous retrouvons la route pour Jurien
Bay, nouvelle bourgade côtière de pêcheurs à la langouste. La fin de la
journée active de nouveau un vend froid et vif qui nous décourage de
bivouaquer dans la nature. Nous nous réfugions dans un caravan park qui, comme
d'habitude, rassemble sont lots d'amateurs passionnés de pêche.
Après un nouveau coucher de soleil magnifique, nous nous installons comme
nous pouvons à l'abri du vent qui nous transperce. Un chat noir peu farouche
rode autour de la voiture, tiraillé entre son envie de se faire caresser et sa
peur des humains. Malgré toutes nos tentatives, nous n'arrivons pas à le
toucher. Finalement, nous dormons la portière entrouverte, le chat se décide
à monter et s'installe à mes pieds, une oreille aux aguets et toujours sur le
qui-vive. Le coeur serré je pense à notre chat qu'on a du laissé en France.
Jeudi 23 Septembre
Une pluie fine et froide est de nouveau au rendez-vous. Quelle chance nous
avons eue hier d'avoir un magnifique soleil pour profiter du superbe parcours le
long du littoral. Un petit déjeuner avalé dans un café typique et nous
repartons dans les terres pour remonter vers le nord. Même sous la grisaille,
l'outback réserve d'agréables surprises avec les fleurs sauvages du
printemps qui s'épanouissent avec des couleurs pimpantes et des formes très
diverses.
Puis nous bifurquons de nouveau vers la côte par Port Denison puis Dongarra.
Ca a l'air joli mais déserté sous la pluie. Un sandwich face à la plage et on
repart pour s'arrêter à Géraldton, première grande ville depuis Perth. Nous
profitons des commerces de la capitale du MidWest pour faire un
ravitaillement digne de ce nom.
Nous roulons encore beaucoup pour nous avancer. Sur la côte, on découvre un
lac tout rose près de Port Grégory.
Sous les rayons du soleil déclinant, nous arrivons à Kalbarri station
balnéaire très côtée. Nous passons une agréable soirée dans un resto
sympathique où on peut facilement apprécier la convivialité caractéristiques
des Australiens.
Vendredi 24 Septembre
Nous nous éveillons sous le chaud soleil qui aujourd'hui décide de nouveau
de briller. Ca nous motive pour faire notre jogging sur une piste de latérite
qui longe la rivière. Mais on a un peu trop paresser au petit déjeuner
et la chaleur monte très vite. On apprécie quand même les superbes paysages
avec encore une fois les fleurs sauvages aux couleurs éclatantes qui
égayent l'ocre foncé du sable et le vert sombre des arbustes du bush.
Les abords de la rivière Murchinson sont tout aussi magnifiques avec des
paysages bruts et sauvages.
C'est un des nombreux attraits de cette petite station balnéaire de 2 000
habitants qui a su conserver une échelle humaine et une harmonie superbe avec
la nature. Les paysages des environs sont superbes sous la lumière ardente du
soleil et le spectacle de la rivière qui se jette dans l'océan dans une passe
spectaculaire justifie à lui seul le voyage. Nous visitons ensuite un parc
ornithologique dédié aux espèces de perroquets et de perruches australiens.
C'est aussi un centre d'élevage et de reproduction pour les espèces les plus
menacées. La visite est très instructive car elle essaie de sensibiliser le
public à la problématique de la sauvegarde de la faune et bien sûr de son
eco-système. Une des particularité du pays c'est l'arrivée relativement
récente à l'échelle du temps d'espèces introduites par l'homme blanc lapin,
chèvre, chat, renard, chien, bétail ...et ses conséquences parfois
dramatiques sur le biotope et ses habitants traditionnels. Mais grâce aux
actions de centre de ce type, il y a une vraie prise de conscience et des
actions aux résultats déjà positifs sont menées depuis plusieurs années.
C'est en tout cas très sympathique comme ballade avec la découverte d'oiseaux
parfois très colorés et souvent très bruyants, surtout avec les cacatoès,
emblèmes de l'Australie et qui sont de véritables cabots quand ils ont envie
de se faire gratouiller la crête.
Nous revenons à Kalabarri pour déjeuner bien tardivement sur la terrasse
d'un petit restau. Le patron reconnait notre accent français et engage la
conversion. Il nous dit qu'il est déjà venu en France, à Tahiti exactement.
Cela nous fait sourire mais c'est vrai qu'ici, les iles polynésiennes sont le
coin de France le plus proche. Comme nous y sommes déjà allés nous aussi nous
discutons un peu de ce petit coin de paradis et à notre grande surprise
mutuelle nous découvrons que nous avons été hébergés par la même famille
à quelques années d'intervalle. "Que le monde est petit" une
banalité aux consonances toujours extraordinaires dans de tels moments.
Après un dernier regard sur la magnifique passe du village, nous reprenons
la route en milieu d'après-midi pour explorer le Kalbarri National Park. Alors
que le ciel se couvre et l'atmosphère devient orageuse nous découvrons de
superbes gorges encastrées dans le plat paysage. Un petit sentier nous mène
sur un éperon rocher d'où on surplombe les gorges de la rivière Murchinson
contemplant à l'infini ce décor somptueux. De nombreuses randonnées sont
possibles au lit de la rivière mais cela nécessite une bonne condition
physique surtout avec la chaleur.
Cette escapade nous donne aussi l'occasion de découvrir une autre
spécialité du continant qu'on n'a pas fini de cotoyer : les célébrissimes
mouches de l'Outback. Mais ces satanées bestioles malgré toute l'ardeur
qu'elles déploient à nous enquiquiner ne nous empêche pas de profiter des
autres merveilles du perc ; des fleurs ou arbustes et buissons en pleine
floraison sur tous les tons imaginables : jaune, blanc, rose, rouge et violet
sont les tons les plus présent dans la palette de la flore.
Le temps commence à se gâter sérieusement alors nous levons le camp pour
rouler un bout. On s'arrête un peu plus loin pour passer la nuit dans une aire
de repos très spartiate mais qui a le mérite d'exister. On ne voit pas grand
monde sur la route mais ici, on n'est pas seuls et c'est une vraie halte de
voyageurs : camping-cars, berlines croulant sous les équipements de camping,
4x4 avec leur remorque-caravane et même bus de retraités nomades.
Samedi 25 Septembre
La route est des plus monotone et interminable et d'une platitude infinie.
L'avantage, c'est que pendant ce temps je peux travailler sur l'ordinateur comme
si j'étais au bureau. Un stop à la roadhouse de Billabong nous donne un
aperçu typique de ces rares lieux de vie sur ces kilomètres infinis de ruban
d'asphalte. Des tranches de vie et aussi des tronches de vie ! On se croirait
dans un film. Encore
beaucoup de route pour Denham. Heureusement il y a quelques attractions sur le
chemin. Nous bifurquons au niveau de l'Overlander Roadhouse. Ces stations
d'essence sont les seuls lieux animés sur la route. Pas de village traversés.
Pas de fermes habitées en vue. Seules ces roadhouses sont là pour témoigner
de la présence humaine, sorte d'oasis des temps modernes. Vous avez intérêt
à prévoir votre plein de carburant car on ne les retrouve que tous les 200
kilomètres environ !
Sur la route vers la côte nous nous arrêtons dans un site étrange : une
plage à la blancheur immaculée d'une longueur de 110 kilomètres ! Cette
fabuleuse plage est constituée de coquillages empilés sur près de 10 mètres
de profondeur. A certains endroits, ils sont tellement imbriqués les uns dans
les autres que des blocs ont été découpés pour être utilisés dans la
construction de bâtiment. L'entrée dans la presqu'île de Shark Bay commence
sous les meilleurs auspices mais très vite la monotonie de la route plate
reprend le dessus. Soudain la côte apparait de nouveau nous laissant apercevoir
les eaux turquoises.
Le point de vue depuis Eagle Bluff est à couper le souffle. La vue sur le
lagon de part et d'autre de la falaise est imprenable. L'eau est d'une pureté
absolue et on a tout loisirs d'observer les lieux pour découvrir des exemples
de la faune marine réputée très riche dans cette réserve naturelle. Nos
efforts sont récompensés. En quelques instants, nous découvrons quelques
raies et 2 requins qui inspectent le bord de la plage à la recherche de proie
facile. Le spectacle est fascinant.
A Denham nous faisons une halte dans la civilisation d'une bourgade de moins
de 1 200 habitants, ancien fief de l'industrie perlière reconvertie en port de
pêche à la crevette et station touristique. Le restaurant dans lequel nous
mangeons est d'une architecture typique de la région bien que tendant à
disparaitre : ses murs sont faits des fameux coquillages que nous avons admiré
sur la plage de Shell Bay. Quelques courses de ravitaillement et un plein avant
de repartir dans la nature, explorer le François Péron National Park. Une
piste de latérite cède la place au bitume, laissant aux seuls 4x4,
l'exclusivité de sa découverte. Dès l'entrée dans le parc, nous sommes
accueillis par des émeus que nous poursuivons à pied dans le bush pour prendre
en photo.
La piste s'enfonce au coeur d'un bush impénétrable. Nous sommes quasiment
seuls à profiter de cette immensité.
Nous traversons des paysages très différents au caractère sauvage
indéniable. Paysages arides, bush dense, lacs salés asséchés qui nous
rappellent les pans de Namibie ou du Botswana. Nous retrouvons le littoral avec
une côte magnifique et nous élisons domicile dans une merveilleuse crique avec
des sternes comme voisines.
Comme dans beaucoup de parcs d'Australie de l'Ouest, l'aire de camping
installée est extrêmement basique mais pourvue d'une plancha à gaz pour
éviter les feux de camps source de nombreux incendies dévastateurs. Comme tout
Australien qui se respecte, David déballe sa canne à pêche et tente sa
chance. Après plusieurs casses, il parvient à attraper de beaux poissons. Nous
en gardons deux qui nous fournissent un délicieux diner.
Dimanche 26 Septembre
Nous nous remettons des kilomètres ingurgités chacun à sa façon : je fais
la grasse matinée tandis que David epuise ses derniers hameçons à la pêche
mais les casse les uns après les autres : le poisson local est décidément
très costaud. Nous poursuivons au nord vers le cap Péron. Cet endroit nous
réserve encore une belle surprise avec le sable blanc du bord de la plage qui
contraste avec les falaises rouges et les eaux turquoise quand le soleil veut
bien sortir. Des perroquets galas paradent avec leur livrée grise réhaussée
de rose pastel.
Deux hommes pêchent au harpon avec masque et tubas dans les eaux limpides
mais si froides. Le premier sort avec le butin : d'énormes poissons
multicolores. David comprend mieux pourquoi il a cassé ses lignes à plusieurs
reprises. Nous poussons ensuite jusqu'au phare. Nous avons le souffle coupé par
la vue. Une passerelle en haut de la falaise surplombe l'immense lagon qui
s'étend à perte de vue. Quelle vision féérique !
Malgré le fort vent qui souffle, nous restons à l'affût depuis notre poste
d'observation. La région est réputée pour ses dugongs, autrefois pris par les
marins pour des sirènes. Ces paisibles mammifères marins sont en voie de
disparition mais le milieu préservé de cette réserve marine est un vrai havre
de paix pour eux et pour bien d'autres espèces de la faune et de la flore
marine. L'oeil aiguisé de David découvre une tortue marine dans les algues et
les roches. Nous l'observons un bon petit moment quand une silhouette se dessine
dans le lagon. C'est manifestement un dugong. Quelle chance nous avons de
contempler cet animal mythique. Nous avons du mal à nous arracher à ce lieu
magique mais il faut bien continuer. Notre arrêt à Big Lagoon est écourté
car il y a décidément trop de vent. C'est bien dommage car l'endroit est bien
sympathique comme l'atteste les nombreux campeurs qui entourent cette sorte de
lagune.
Nous quittons le François Péron National Park avec des images fantastiques
dans la tête et nous roulons jusqu'à l'autre côté de la péninsule, au
village artificiel de Monkey Mia qui s'avère être un agréable et grand
complexe touristique pour l'attraction principale : des dauphins souffleurs
sauvages apprivoisés. Nous campons au milieu d'une horde de touristes et
voyageurs en tout genre mais l'ambiance est sympathique et tout est fait pour se
sentir bien avec des tarifs plutôt doux à notre grand étonnement. Nous
profitons au maximum des installations modernes et partageons notre soirée
entre lessive et internet.
Lundi 27 Septembre
De bon matin, la foule est déjà rassemblée au bord de la plage pour
accueillir les stars locales. L'histoire remonte aux années 60 quand un groupe
de dauphins a pris l'habitude de fréquenter régulièrement la plage de Monkey
Mia. Le phénomène a commencé a être connu depuis une vingtaine d'années
devenant par la suite un pôle touristique très fréquenté. Depuis un
centre d'information et de recherche sur les dauphins a été créé.
La rencontre avec les dauphins est organisée à l'australienne : une zone
d'interaction où l'eau ne dépasse pas les genoux est délimitée. C'est là
que plusieurs fois par jours les dauphins viennent nager au contact de l'homme
sous la surveillance appuyée de volontaires. En fait, toucher un dauphin est
interdit car on pourrait leur transmettre virus ou maladies.
Les animaux arrivent à tour de rôle et la mise en scène est si bien
orchestrée qu'on a du mal à croire que ce sont des animaux sauvages. Mais la
magie opère malgré tout, surtout quand on a été bercés par les aventures de
Flipper dans son enfance. Cela reste un moment très émouvant et la façon dont
un dauphin vous examine ou joue avec ses congénères reflète l'intelligence
que l'on saisit de suite dans son regard. Au bout d'une demi-heure environ, ils
repartent après une collation de délicieux poissons . L'agitation retombe et
les pélicans tentent de récupérer la vedette. Nous rencontrons un couple de
français d'Albi, fans inconditionnels de l'Australie depuis une trentaine
d'année. Nous partageons un bon petit déjeuner et de nombreux récits : eux
fascinés par notre traversée de l'Afrique et nous impressionnés par leur
connaissance du pays.
Après cette halte aux accents du sud revigorante, nous repartons et
refaisons une halte à Eagle Bluff. Mais le vent est tellement fort que les
paysages en sont transfigurés et il est bien difficile de distinguer quelque
chose dans cette eau si agitée. On ne peut pas avoir de la chance à tous
les coups. Nous quittons la péninsule avec de temps en temps des vues
incroyables sur la côte.
Nous bifurquons rapidement pour visiter le site unique au monde d'Hamelin
Pool. Il s'agit d'une réserve marine qui abrite des stromatolithes, des
espèces de micro-organismes dont les ancêtres directs vivaient il y a plus de
1,9 milliards d'années et qui se sont agrégés pour créer des formes de vie
plus élaborées.
Une passerelle qui surplombe la rive permet d'admirer sans les
abimer ces êtres très fragiles. Les amalgames font penser à des rochers
étranges mais en observant patiemment, on parvient à repérer des bulles d'air
témoignages de la respiration de ces fameuses bestioles. De toute façon la
ballade est agréable, même sous la chaleur accablante du soleil au zénith. On
peut même visiter une ancienne carrière de parpaings de coquillages et faire
une pause à la typique Telegraph Station reconvertie en taverne fort
sympathique. Le site aménagé pour la promenade explique aux touristes les
épisodes les plus marquants de l'histoire du télégraphe australien qui ne
peut être dissocié du développement de ce pays. Cette épopée a duré de
nombreuses années et il a fallu surmonter d'innombrables obstacles. Beaucoup
d'hommes et de femmes se sont sacrifiés pour l'avènement de cet outil de
communication qui a révolutionné la vie des habitants de ces contrées si
isolées.
Nous reprenons la route sur 200 kilomètres de nous nous
arrêtons à Carnarvon, la grosse ville du coin avec ses 7 000 habitants. On
profiterait bien de la côte mais il fait un vent à décorner les boeufs. Il
semble que cela soit assez courant dans la région. Courses et shopping sont
nécessaires pour entamer l'étape suivante alors on profite des nombreux
commerces et on s'abrite du vent dans un camping qu'on choisit éloigné de la
mer pour une fois
Mardi 28 Septembre
Nous devons parcourir plus de 350 kilomètres avant d'atteindre notre
prochain point de chute. Entre Carnarvon et Exmouth, une route le plus souvent
rectiligne qui trace dans des paysages les plus désespérément monotones. De
temps en temps, des fleurs écloses dans le bush distraient les voyageurs avec
leurs couleurs chatoyantes mais l'accalmie est de courte durée.
Puis au bout de plusieurs heures de voiture nous découvrons Exmouth, village
qui semble sorti de nulle part sur des terres désolées. La cité a été
créée en 1967 pour les besoins de la base marine américaine toute proche. De
nos jours elle se développe grâce à la présence du parc de Ningaloo Reef et
sa barrière de corail et aussi grâce à la pêche sport national du pays.
David en profite pour refaire son stock d'hameçons et nous repartons vers le
bout de cette nouvelle péninsule en longeant la côte du Cape Range National
Park. La mer est peu agitée mais on ne voit pas de belles couleurs. Dès qu'on
franchit les limites du parc, des dizaines de kangourous roux sont postés dans
toute la campagne pour brouter. Ils ne sont pas du tout impressionnés par le va
et vient des visiteurs. Nous nous installons dans un emplacement réservé pour
le camping sauvage pour passer la nuit. L'endroit est si fréquenté qu'il y a
même des rangers volontaires pour vous accueillir et vous enregistrer. La dame
donne des conseils à David pour la pêche, ici c'est le royaume de "snapper"
énormes mais il fait tellement de vent qu'il est impossible de pêcher. Il est
d'ailleurs impossible de rester dehors tout court. On passe la soirée dans la
voiture. Le spectacle est quand même là avec un superbe lever de lune.
Mercredi 29 Septembre
On continue l'exploration de la côte toujours sous le vent. Les kangourous
et les émeus agrémentent le décor du bush prisonnier entre la mer et les
collines de rocaille. Les animaux ne sont pas farouches et un gros kangourou
nous tient compagnie tout en restant à distance raisonnable de notre voiture
pendant qu'on refait le plein d'eau douce à un robinet perdu dans la pampa.
Le parcours qui redescend dans le parc sur le côté ouest de la péninsule
se termine à la superbe Turquoise Bay, la bien nommée.
Nous ne sommes pas le seuls à venir admirer ce joyau. Mais la beauté du
site n'est pas son seul atout, Tuquoise Bay est aussi réputé pour son
snorkelling. Mais l'eau est trop froide à notre goût et puis il y a toujours
ce vent qui ne nous lâche pas depuis Carnarvon. D'autres plages s'enchainent.
L'une d'entre elles est particulièrement fréquentée par les amateurs de kite
et de planche à voile. Les pratiquants sont nombreux et les voiles multicolores
dessine un patchwork multicolore sur le bleu azur de la mer.
On prend notre pique-nique sous le dernier coin d'ombre
disponible à admirer les acrobaties de nos sportifs émérites. Puis arrive
Yardie Creek qui marque la fin de la route et le début d'une piste dure puis
très ensablée quand on repart vers les plages et les dunes. Peu à peu, les
barrières de part et d'autre de la piste font leur apparition délimitant le
périmètre d'immenses fermes qu'on croirait perdues.
La végétation change elle aussi devenant de plus en plus rase
puis se transformant en hautes herbes. Les derniers kilomètres se déroulent
dans des paysages de landes d'Ecosse. Au loin, des habitations apparaissent,
avant poste du retour à la civilisation incarnée par Coral Bay et ses 120
habitants tous dévoués à la cause touristique.
Jeudi 30 Septembre
Quand on vient jusqu'à ce bout du monde c'est essentiellement pour
découvrir les récifs coralliens à 20 mètres seulement du littoral. Comme on
n'est toujours pas motivés pour entrer dans l'eau trop froide pour nous, nous
explorons les fonds marins de la baie grâce à un bateau semi-submersible à
fond de verre. Les paysages que nous découvrons sont magnifiques et
surprenants. Des myriades de poissons de toutes les couleurs et de toutes les
formes nous accompagnent dans un dédale de coraux de différentes sortes en
corolle, en branche, en "patate". Les couleurs ne sont pas vraiment au
rendez-vous car les coraux ont beaucoup souffert du réchauffement récent des
eaux .Ce qu'on appelle la "mort blanche" est passée par là en
faisant des ravages considérables surtout dans les zones peu profondes.
Heureusement il en faut plus pour détruire ce fabuleux éco-système en pleine
convalescence maintenant.
Nous prenons l'unique route qui rejoint la Costal Highway. Quelle sensation
bizarre de rouler des heures au milieu de nulle part pendant des heures sans
voir aucun village. De temps en temps on croise d'autres automobilistes perdus
sur le bitume. Tout le monde se salue comme par "solidarité dans
l'épreuve". Comme nous partons vers l'intérieur des terres, nous quittons
l'axe principal et nous nous retrouvons encore plus seuls face à ces centaines
de kilomètres qui nous attendent. La distance. Ce n'est pas un vain mot ici.
La route est terriblement monotone parfois interrompue par des évènements
saugrenu comme le panneau qui signale que la route peut servir de piste
d'atterrissage d'urgence pour les docteurs volants du Royal Flying Doctor
Service> Mais les panneaux que nous voyons le plus souvent sont ceux,
nombreux, qui préviennent du risque d'inondation. L'intérieur du pays est
tellement plat et nivelé que de forts orages peuvent déverser des trombes
d'eau en quelques heures et couper les routes facilement. Mieux vaut ne pas se
faire coincer dans de telles occasions car les échappatoires n'ont pas l'air
évidentes.
Au bout de plus de 400 kilomètres, ça commence à vallonner. Enfin des
reliefs apparaissent laissant la place ensuite à de magnifiques montagnes
rouges. Nous prenons une piste de gravier comme raccourci pour Tom Price. petite
ville de mineurs. La chaleur se fait sérieusement sentir. Maintenant qu'on est
loin de la côte, on n'a plus le moindre brin d'air. Au camping, savourant la
fraicheur de la soirée qui tombe, les kangourous envahissent les emplacements
bien décidés à ne pas laisser passer le moindre brin d'herbe.
Vendredi ler Octobre
Le Karijini National Park n'est quand même pas à côté, c'est pourquoi
nous nous levons très tôt. La route qui y
mène à travers les montagnes est très belle. A l'entrée du parc une piste de
tôle ondulée nous accueille, elle reste quand même assez roulante. Ce parc
est tes réputé pour ses gorges parmi les plus impressionnantes d'Australie. De nombreuses randonnées
sont possibles pour tous les niveaux, du sédentaire endurci au sportif le plus
avisé. Certains parcours s'étirent sur plusieurs jours avec des niveaux de
difficulté élevés à cause de la nature parfois escarpée du terrain et
aussi de la chaleur d'enfer qui peut régner
dans ce royaume de pierre.
Pour notre part, nous nous contentons de courtes ballades à l'intérieur de
la charmante Weano Gorge qui descend gentiment jusqu'au lit du ruisseau
encaissé entre les parois rocheuses qu'on longe jusqu'à Handrail Pool. Cette
jolie piscine
naturelle accueille les promeneurs qui se font une joie de plonger. Revenus en
altitude, nous continuons l'exploration du parc. De nombreux points de vue sont aménagés pour admirer ces merveilles
de la nature. Le vertigineux Junction Look Out avec ses falaises abruptes de
plus de 100 mètres d'aplomb qui plongent dans le lit vert de la rivière est
surement le plus étourdissant.
Mais celui qui gagne la palme de la magnificence est sans aucun doute l'Oxer
LookOut, au carrefour de 4 gorges grandioses : Red, Weano, Joffre et Hancock. La
perspective est époustouflante. La palette des couleurs est réduite à
l'essentiel : le blond des herbes déjà sèches, le vert sombre de l'eau des
rivières et des maigres arbustes qui s'accrochent aux falaises, le rouge carmin
des escarpements et le bleu lumineux du ciel.
Le Karijini recèle encore bien d'autres trésors naturels mais aussi un
superbe "Visitor Center", dirigé par les tribus locales, mettant en
valeur leur patrimoine, leur culture et leur participation au développement de
la vie pastorale à l'arrivée des colons. Le bâtiment est conçu pour
s'intégrer dans les paysages sauvages et l'intérieur est aménagé avec tout
autant de goût et d'intelligence. Nous terminons notre découverte par les
gorges Dales que l'on descend pour aller admirer les Fortescue Falls, l'unique
cascade permanente du parc puis rejoindre une délicieuse oasis de fraicheur :
la Fern Pool. A l'abri des rayons ardents du soleil grâce à une végétation
luxuriante, nous apprécions cette halte bienfaisante devant un bassin naturel
immense très apprécié aussi par les autres visiteurs. Un peu de repos ne fait
pas de mal surtout avant de rattaquer la montée. Une fois revenu au sommet, le
sentier continue pour une jolie ballade qui longe les à-pics des gorges
jusqu'à une dernière perspective vertigineuse sur la Circular Pool.
Malgré le soir qui tombe, la chaleur peine à redescendre. Les campements
sont tous aussi fréquentés que le parc, ce n'est pas évident de trouver un
emplacement aussi tranquille que les autres fois.
Samedi 2 octobre
Le soleil est à peine levé lorsque nous partons pour courrir avant la
chaleur. A notre retour, il fait déjà si chaud que nous devons déployer
l'auvent pour nous abriter à l'ombre et prendre notre petit-déjeuner. Mais si
le soleil nous laisse tranquille, il n'en va pas de mêmes des petites mouches
noires et collantes qui ont décidé de ne plus nous lâcher.
Nous quittons le parc par la route qui remonte vers Port Hedland. Nous
traversons les montagnes rougies par l'oxyde de fer et une dernière gorge puis
la route s'applanie tout doucement jusqu'à devenir complètement plate, sans
aucun arbre ni buisson. L'ennui complet sur des kilomètres et des kilomètres.
Port Hedland possède aussi ses montagnes, d'un autre genre : des amas de
minerai de fer extrait des mines alentours, qui partent de la ville dans
d'énormes tankers. C'est bien sûr une ville et un port industriel où plus de
15 000 personnes s'activent au milieu de nulle part. Ici, tout est rouge à
cause de la poussière du minerai de fer qui transite par wagon ou road-train.
On se réfugie dans le centre commercial climatisé à l'abri de la chaleur de
plus en plus forte. Sur le parking, c'est le royaume des Toyota, il y en a de
toutes les sortes car c'est vraiment le véhicule à tout faire, on en trouve
même un qui peut aller sur les rails !. Autant dire que Totoy se sent comme
chez lui.
Nous poursuivons notre remontée sur une route vraiment très monotone même
si à un moment on aperçoit au loin dromadaires et dingos. Deux cents cinquante
kilomètres plus loin, nous décidons de tenter notre chance pour passer la nuit
sur un minuscule point qu'on a repéré sur la carte situé près de la mer,
Eighty Miles Beach. On bifurque au croisement de la piste, vu les distances, on
n'a pas intérêt à la rater ! Au bout de la longue piste, on découvre
ébahi le Beach Caravan Park, sur la plage, incroyablement bien équipé, avec
même l'accès internet et pourtant au milieu de rien. Il est rempli de
voyageurs en quête de bout du monde ou d'une halte bien méritée. Ici on se
sent bien, on pourrait rester une semaine.
A marée basse, la plage est découverte sur plusieurs centaines de mètres.
La mer est très calme, on dirait un lac. Les reflets argentés de la fine
pellicule d'eau sur la plage se teintent d'orange et de rouge flamboyants au
soleil couchant. Encore une vision magnifique de l'Australie de l'Ouest.
Dimanche 3 octobre
On quitte notre petit paradis pour se renfoncer à l'intérieur des terres.
Les kilomètres défilent mais on finit par atterrir à Broome, plus
précisément à Town Beach et ses eaux turquoises. La température est
parfaite. Ces derniers jours on est passé directement de l'hiver à la
canicule, alors on est content de souffler un peu avec une chaleur clémente et
agréable. Le cadre est idyllique pour un pique-nique accompagné des mouettes et
des goélands gourmands avec vue sur les eaux lumineuses parcourues par les
bateaux et autre engins nautiques.
On pousse ensuite jusqu'à la plus belle plage de Broome : Cable Beach. C'est
le paradis des vacanciers. Une immense plage de sable blanc bordée par des eaux
toujours aussi turquoises. Des kilomètres et des kilomètres à disposition des
estivants qui peuvent laisser libre cours à leur inspiration. Comme souvent
ici, on peut rouler sur la plage avec son 4x4 pour aller chercher un coin plus
loin un peu plus isolé. On y fait un petit tour mais on ne s'y installe par car
on doit faire notre ravitaillement. En revenant en ville on rencontre un couple
de suisses partis depuis 4 ans autour du monde avec leur Toyota converti en
camping-car. Bien sûr, nous discutons beaucoup et comme ils ont déjà
sillonné l'Australie, leurs tuyaux sont bien appréciables. Du coup, le temps
de faire quand même nos courses, on part bien tard sur les pistes pour un
endroit très nature au Nord de Broome. Mais la piste est un peu ardue et on
n'avance moins vite qu'on ne le pensait alors que le soleil descend à vue
d'oeil. Le temps qu'on y arrive il fera nuit noire et bien difficile de trouver
un coin de bivouac dans ces conditions. Finalement, on fait demi-tour pour se
rabattre sur Broome et ses nombreux campings civilisés !
Lundi 4 Octobre
Comme on est sur place, David va tester le golf et moi, je travaille dans la
voiture au récit de nos aventures. Bien que très sommaire, c'est quand même
un golf en herbe, le dernier avant longtemps alors bien sûr, on ne peut pas
rater ça. Nuageux en début de matinée, le ciel s'éclaircit complètement,
permettant à la mer de briller de toutes ses couleurs : de vert émeraude près
de la mangrove à bleu turquoise. Il fait maintenant très chaud et mieux vaut
rester à l'abri. David revient de son parcours exténué par la chaleur ce qui
n'est pas une surprise. Un repas reposant et on peut recommencer notre tentative
de rejoindre Quondong, notre place au nord de Broome que nous n'avons pas pu
atteindre la veille.
Nous reprenons la route puis ensuite la piste où un panneau nous prévient
que nous pénétrons en terre aborigène, où le crocodile marin, le salties,
est fréquent. Mise en garde sur les risques encourus que nous rencontrerons
très souvent à l'avenir, en terre tropicale. Pour parcourir la cinquantaine de
kilomètres qui sépare Broome de ce coin perdu, nous mettons quand même
presque deux heures. Sur place, bien que sauvage, le coin est connu des amateurs
de nature et plutôt fréquenté. Le rivage est cette fois-ci panaché de sable
et de rochers. L'endroit idéal pour les pêcheurs. Mais ce soir, il y a
beaucoup de vent et on se contentera de contempler le superbe coucher du soleil
avec une petite pincée au coeur car c'est notre dernier sur la côte Ouest. En
effet, demain nous quittons le littoral pour rejoindre Darwin en traversant les
Kimberley région sauvage et contrastée qu'il nous tarde de découvrir.
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