>> 2 Janvier 2004Un voyage au long cours à travers l'Afrique, l'Australie et l'Océanie << 31 Janvier 2005
 

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Le Journal de KapSud en Australie du Sud, 1ère partie
Auteur kapsud
Source KapSud
Publication du 10/08/2006 pour Internet
Modifi� le 28/07/16
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Arrivé à Ceuta

                   

 

Vendredi 24 Décembre

On atterrit à l'aéroport de Sydney dans les temps. On récupère nos bagages et on passe la douane tout aussi rapidement. On se rue sur le métro et ses correspondances. Total des courses nous arrivons à Hurstville et surtout le garage Toyota où Totoy nous attend, 5 minutes avant sa fermeture. On retrouve avec joie notre Totoy et ses 2 nouvelles batteries flambant neuves. David finit d'inspecter les travaux et tombe sur des fils coupés qui ne l'inspirent pas. Heureusement, tous les mécanos ne sont pas encore partis pour leurs congés annuels et on finit par résoudre ce petit problème.

On file direct aux appartements qu'on a loués en plein coeur de Sydney pour s'y installer et surtout trouver une bonne place à l'abri pour Totoy. Il faut aussi faire des courses car les deux prochains jours sont fériés en Australie. On cherche désespérément une bûche de Noel mais incontestablement cela ne fait pas partie de la panoplie du Noel australien. Finalement, on dégote un gâteau roulé et des décorations qui feront parfaitement l'affaire pour notre promesse d'accueillir demain nos amis à l'aéroport avec la bûche de Noel. Il est bien tard quand on se décide à aller réveillonner à Circular Quay. Le coeur névralgique de Sydney est le lieu idéal pour passer la soirée avec le spectacle toujours animé des va-et-vient des ferrys.  On ne ressent pas vraiment d'atmosphère particulière, peu de choses rappellent qu'on est la veille de Noel, les décorations caractéristiques sont plutôt rares. 

Finalement, on s'installe en fin de soirée en terrasse d'un resto sympathique avec vue sur le célébrissime pont de Sydney. L'une des spécialités sont les huitres de rochers de la baie. On se fait pas prier pour les tester et apprécier la différences avec nos références françaises. On termine la soirée en allant prendre un verre au très animé bar de l'opéra. Moderne et très fréquenté, c'est un lieu où se croisent gens de tous milieux, très apprécié des sydney-siders les habitants de Sydney pur jus. 

 

Samedi 25 décembre

Nous nous levons aux aurores pour accueillir nos amis Bernard et Marie qui arrivent ce matin à 8 heures. Comme promis nous attendons en compagnie de la fameuse bûche chocolat de circonstance en ce jour de Noel. Des dizaines et des dizaines de personnes défilent sous nos yeux, en grande majorité du continent asiatique voisin. A chaque vague de débarquement nous déployons notre petite banderole d'accueil mais toujours pas de Bernard et Marie à l'horizon. Au bout d'une heure on commence à s'inquiéter quand le téléphone sonne : c'est eux, ils sont bloqués à la douane car il leur manque un sac. Ca commence fort. Le temps de faire les déclarations nécessaires et les formalités d'entrée, on se retrouve enfin autour de notre bûche au chocolat comme petit-déjeuner. Ils ont tout le temps de nous raconter les péripéties de leur voyage, en souhaitant que la perte de leur bagage qu'on espère momentanée en sera la dernière.

 

 

On les rapatrie dans les studios qu'on a loué le temps de se remettre du vol et du décalage horaire. Une fois installés, on va faire un tour en ville. Le temps est lourd. On marche par la côte jusqu'à Circular Quay en traversant de beaux jardins botaniques. Signe des temps, ils sont accaparés par une foule qui profite de ce cadre magnifique pour fêter Noel à l'australienne : rien de tel qu'un pique-nique sur l'herbe affublé du bonnet de circonstance pour marquer l'évènement.  Sur place, les restos ne manquent pas et pourtant on a tiré le mauvais numéro : plus de 2 heures d'attente avant d'êtres servis et en plus pas bon du tout. Et pourtant on le savait, toujours fuir les endroits hyper touristiques, une fois de plus ça se confirme ! On repart en bus jusqu'à Roschutter Bay pour aller voir les voiliers de la course Sydney-Hobart qui partira demain. Ce sont les derniers préparatifs, les derniers ajustements pour cette course réputée l'une des plus dangereuses au monde. L'atmosphère est quand même bonne enfant parmi les quelques 119 équipages engagés. On arrive même à discuter avec un participant très sympa qui nous explique un peu comment ça se passe du moins pour son équipage. Quand on lui demande quelles sont les conditions d'engagement à la course, il répond: "d'abord, il faut être fou ...". C'est que ça va chahuter ferme dans le détroit de Tasmanie, les meilleurs mettront 4 jours pour arriver à Hobart, les autres un peu plus, si une tempête ne décime pas la flottille comme cela arrive parfois.

 

                   

 

En fin de journée, la température a flêchi et le temps est devenu maussade. Il est temps de se rapatrier dans nos pénates. Un bon apéro et une virée très sage dans le quartier chaud des Rocks. On opte pour un resto indien et  comble du hasard on se retrouve cernés par un bon nombre de français, ça fait tout bizarre de passer une soirée avec comme bruit de fond des conversations dans la langue de Molière.

 

 

Dimanche 26 Décembre

Lendemain de Noel, autrement dit Boxing day, jour férié en Australie et surtout jour de départ de la course nautique. Nous sommes très chanceux, le ciel est limpide, le soleil est radieux, la température est douce, bref un jour d'été comme on les aime. Nous passons voir les bateaux encore amarrés au quai puis nous poussons jusqu'à Vaucluse et enfin South Head pour assister au départ. Bien sûr, nous ne sommes pas les seuls à avoir cette idée, beaucoup de monde tente de se trouver un coin agréable d'où on peut surveiller sans peine la ligne fictive du départ s'étirant entre les deux têtes rocheuses qui marquent l'entrée de la baie. Le flot de gens grossit à vue d'oeil au fur et à mesure qu'on se dirige vers le promontoire d'où on jouit d'une vue fantastique sur la baie de Sydney et sur le grand large de du Pacifique. Nous réussissons à dénicher un petit muret qui nous servira d'observatoire. 

 

              

 

Les bateaux qui tournent en rond dans la baie en attendant l'heure fatidique du départ offrent un spectacle magnifique. Et que dire du décor sublime dans lequel ils évoluent : le fameux opéra et le célèbre pont métallique Harbour Bridge composent une toile de fond à couper le souffle. Le moindre carré de pelouse est investi par la nuée de spectateurs qui, en Australiens dignes de ce nom, préparent le vénérable rituel du pique-nique. 

 

                   

 

13 heures, c'est le départ ! La course est lancée délivrant le spectacle incroyable d'une centaine de voiliers prêts à défier les démons de l'océan, accompagnés par une myriade de supporters en bateaux à voile ou à moteur. Leurs traînées d'écume blanchissent l'océan. La foule se presse sur les bords de la falaise et nous contemplons jusqu'à plus soif ce fabuleux spectacle. Peu à peu, les silhouettes aux voiles déployées s'estompent. Tandis que les marins enthousiastes s'apprêtent à affronter leur destin, nous songeons nous aussi à attaquer les choses sérieuses : il est grand temps de déjeuner. 

 

 

Tout le monde pique-nique dans une ambiance bon enfant comme lorsque tout le monde applaudit le monsieur qui arrive enfin à faire voler le cerf volant de son fils après des efforts bien laborieux. 

 

                   

 

Les bateaux sont déjà loin lorsque nous quittons les rives de l'océan pour continuer notre itinéraire côtier. Bondi Beach est la plage la plus populaire de Sydney. Le show est constant, dans la rue ou sur la plage. La terrasse d'un café est l'endroit idéal pour capter cet air du temps si indéfinissable. Puis nous retournons au coeur de la ville, à Circular Quay, où on compte s'offrir une "croisière" en ferry vers l'autre célèbre plage de Sydney. Malheureusement, le temps se gâte et le vent se lève. Lorsque nous arrivons à Manly, la station balnéaire bétonnée offre un visage gris et battu par les vents bien éloigné de l'image de petit bijou véhiculée par les guides touristiques. Nous nous réfugions dans un pub animé avec un barman spécialiste d'acrobaties avec ses bouteilles et nous terminons par un bar-boite-restau à l'ambiance tout aussi estivale. Le retour de nuit nous permet d'admirer les jeux de lumières de Sydney by night.

 

 

 

Lundi 27 Décembre
Il est grand temps de prendre la route. On charge toutes les affaires dans Totoy et on s'entasse pour nous rendre chez le loueur de camping-car. Et là, c'est la cohue. Il nous faut pas moins de trois heures pour récupérer le campervan qui sera la maison de Bernard et Marie ces prochains jours. Avant de quitter la ville, nous nous arrêtons déjeuner à un restau qu'on avait eu tout le temps de repérer lors de notre premier séjour dans la cité. Situé dans un quartier triste, il ne paye pas de mine mais quand on rentre, on change de monde. Le décor moderne, élégant mais convivial invite à y passer encore un peu plus de temps.

C'est finalement en milieu d'après-midi que nous laissons Sydney derrière nous. On roule un bon moment dans une circulation dense puis le trafic se fluidifie, la route s'élève et un vent frais fait son apparition. Nous voici dans les Blue Mountains. A notre grande surprise, la région est très fréquentée et le camping que nous convoitions est complet. Nous en trouvons finalement un, plus loin, à Blackheat où chacun d'entre nous s'affaire à ranger tout son bardas dans sa nouvelle maison. La réelle fraîcheur de la soirée nous surprend également et nous nous testons l'habitabilité du campervan pour les soirées. Il est quasiment identique à celui que nous avions loué en Nouvelle Zélande, nous retrouvons facilement nos marques.

 

Mardi 28 Décembre

Nous sommes quelques peu houspillés par les gérants du camping car nous ne quittons pas assez vite les lieux à leur goût. Comme d'habitude, c'est toujours dans les endroits touristiques qu'on trouve les gens les plus inhospitaliers. On s'échappe donc au plus vite pour visiter la région. Celle-ci fut longtemps un frein à l'expansion de la colonie de Sydney  vers l'intérieur des terres. Les montagnes s'avérèrent infranchissables pendant plusieurs années. Maintenant ces mêmes montagnes font la beauté et la réputation des lieux. Le nom de Blue Mountain vient du fait que des vapeurs bleutées secrétées par les innombrables eucalyptus des forêts s'élèvent dans le ciel auréolant les montagnes de brumes bleues.

 

                   

 

De nombreux points de vue permettent d'admirer les paysages grandioses de ces barrières rocheuses couvertes de forêts. A chaque fois cela donne l'occasion de faire de petites ballades pour mieux s'imprégner de la magie des lieux. A Katoomba, nous tentons de frayer notre chemin parmi la foule des touristes venus admirer les célèbres rochers des Three Sisters, les trois soeurs. La légende dit qu'un sorcier, pour protéger ses 3 filles d'un vilain méchant bunyip (un monstre version locale) les a transformées en pierres d'un coup d'os magique en attendant de pouvoir les retransformer quand le danger serait passé. Ce sont les trois cheminées qu'on voit sur la photo. Mais, le méchant bunyip a coursé le sorcier, qui s'est caché dans une grotte. Plus tard, en sortant de la grotte pour voir si le bunyip était toujours là, le sorcier a perdu l'os magique. A ce jour, il le cherche encore, et les filles attendent toujours qu'on leur redonne forme(s).

La petite ville de Katoomba est la plaque-tournante de la région pour les voyageurs. Malgré tout, elle a gardé son âme avec son marché et ses petits cafés Art Déco où il fait bon se prélasser. On en profite forcément pour tester un petit resto avant de poursuivre notre route vers l'Ouest.

 

 

La montagne diminue petit à petit faisant place à des collines cultivées. La région est essentiellement agricole. Tantôt ce sont des moutons, tantôt se sont des vignobles qui couvrent les coteaux. Les villages se font de plus en plus distants. Nous sommes donc bien contents d'arriver à Mudgee en fin d'après-midi même si le Holyday Park qui nous accueille a du connaître son heure de gloire il y a bien longtemps.

 

 

Mercredi 29 Décembre

Nous roulons encore dans la vallée, à travers les exploitations agricoles. Vergers, champs de moutons ou de vaches composent le paysage. Dubbo est notre dernière ville avant longtemps dans notre périple dans l'Outback australien. Puis de façon imperceptible au départ, le bush s'installe peu à peu et finit par s'imposer, la terre est de plus en plus apparente et de plus en plus rouge. La chaleur augmente  au même rythme et dépasse allègrement les 30 degrés dans la journée. Nous roulons des heures dans ce paysage monotone, si familier pour nous et si surprenant pour nos amis. 

 

              

 

Cobbar est une petite ville industrielle réputée pour ses mines d'argent située au milieu de nulle part. Elle se trouve à la croisée de deux routes qui traversent l'état d'est en ouest et du nord au sud. Celle qui monte au nord rejoint Bourke connue dans toute l'Australie par l'expression "Back o'Bourke" qui veut tout simplement dire "au milieu de nulle part".  Les nombreux bâtiments témoignent du passé florissant de la ville. Pour nous ce sera l'occasion d'une petite halte avant de reprendre la route interminable. 

 

 

En fin de journée, nous nous mettons en quête d'un lieu de bivouac. Ce n'est pas ce qui manque ici. Le premier chemin qui se présente nous donne satisfaction et nous installons notre camp et comme il est tôt, on en profite pour sortir l'artillerie car Bernard compte bien faire le récit de ses aventures mais son objectif est plus ambitieux, ça sera au jour le jour. 

 

Jeudi 30 Décembre

Nous faisons de nouveau route dans l'Outback pour de longues heures. A un moment, nous passons dans le village de Wilcannia où tout est fermé, on dirait un village fantôme. Cette vision assez triste est accentuée par la présence de ses habitants aborigènes qui ont l'air tout aussi fantôme que leur village. Puis nous arrivons à une frontière invisible, celle de la zone d'exclusion de la mouche à fruit. En effet, on ne peut pas rentrer dans cette zone en possession de légumes ou fruits à pépin ou noyau par risque de contamination possible. On sait bien que les autorités australiennes ne plaisantent pas avec les infractions et on risque des amendes allant jusqu'à 11 000 dollars ! On s'interroge car on a pas mal de victuailles criminelles dans nos véhicules vu qu'on a fait les réserves avant de s'aventurer dans le bush pour 1700 kilomètres à parcourir. Pendant que nous réfléchissons, toutes les voitures allant dans notre direction s'arrêtent et déposent avec zèle leurs fruits dans la poubelle quarantaine. 

 

              

 

On voit bien la différence de comportement entre anglo-saxons et latins. Alors, comme on ne peut se résoudre à jeter autant de nourriture, on décide de pique-niquer ici et de manger le maximum et de cuisiner le reste et ce n'est pas les 35 degrés qu'affiche le thermomètre qui vont nous en dissuader !

Après cette contrariété, un autre soucis nous préoccupe, le campervan roule sur sa réserve depuis un bon moment maintenant, il nous tarde d'arriver à Broken Hill la prochaine ville même si nous ne courrons aucun risque car Totoy est là avec son énorme réservoir supplémentaire au cas où. Mais si on peut éviter un siphonage, David est pour !

 

                   

 

Broken Hill et sa mine d'argent qui domine la ville nous accueille quelques dizaines de kilomètres plus loin. On ne se fait pas prier pour entrer dans l'office du tourisme qui outre l'immense soulagement d'être un lieu climatisé, présente de nombreux objets et bijoux en argent ou en hématite une pierre noire caractéristique de la région. Nous sommes ici dans une des villes phares de l'Outback australien et nous ne pouvons pas partir d'ici sans visiter le centre des Royal Flying Doctors, société 2/3 publique 1/3 privée avec des pilotes, des mécanos, des toubibs et des infirmiers, qui intervient médicalement par avion dans toute la brousse australienne. Alliant haute technologie avec ses avions médicalisés et esprit pionnier (radio BLU, interventions 24h/24, atterrissages tous terrains et tous temps, ...), les RFDS sont omniprésents dans tout le bush et de nombreuses personnes leur doivent leur vie. Notre contribution, bien que modeste, aidera à perpétuer cette tradition solidaire et efficace.

Etant dorénavant à l'intérieur de cette fameuse zone d'exclusion de la mouche à fruit, nous faisons le ravitaillement complet en fruit et légumes et nourritures diverses avant de repartir. Passés les faubourgs sans âme, on se retrouve bien vite au milieu de nulle part. Le bush reprend sa place, la chaleur reprend ses droits. Avec étonnement, nous reconnaissons un air familier que crachouille la radio locale. Quel moment incongru d'entendre Joséphine Baker chanter son amour pour son pays et Paris cerné par le vide sidéral de l'outback rouge et poussiéreux. 

 

 

Nous poursuivons jusqu'à Yunta, un simple point sur la carte, et en vrai, il n'y a pas grand chose de plus. Nous bivouaquons derrière le village, à l'entrée d'une route de gravier. Comme à l'accoutumée, les petites mouches nous assaillent dès notre arrivée. Pas grand chose à faire si ce n'est attendre l'obscurité pour être débarrassé de ce fléau. Au cours de la soirée, à plusieurs reprises, un vacarme assourdissant retentit, suivi d'une symphonie de lumières alignées comme un bataillon. Ce sont les road trains qui partent à l'assaut des pistes à une température plus supportable. Déjà terriblement impressionnant de jour, les immenses attelages tractés par d'imposants camions donnent la parfaite illusion d'un train dans la nuit.

 

Vendredi 31 Décembre

                   

 

Nous entamons notre dernière ligne droite vers Adélaïde, après une centaine de kilomètres, la sortie de l'outback se fait en douceur. Les vastes étendues désertiques ont laissé place, progressivement, à de grandes plaines à céréales, jaunes comme les blés, parsemés de milliers de mérinos, le mouton roi de la contrée pour sa laine incomparable. 
La région a l'air plus active et plus peuplée, un petit village avec pré couvert de fleurs violettes marque la frontière entre la Nouvelle Galles du Sud et l'état d''Australie du Sud. Avec stupeur, nous apprenons qu'ils nous refont le coup de la quarantaine et de l'interdiction de transporter des légumes alors que nous sommes à l'intérieur de la zone d'exclusion de la mouche à fruit. Nous devons juste changer d'état. Ce coup-ci, nous sommes furieux car on a fait le super ravitaillement hier avec la plus grande tranquillité d'esprit. Nous sommes bien sûr conscients que nos explications n'ont aucune chance d'atteindre l'agent qui fait les vérifications à la frontière. Incroyable, nous devons de nouveau jeter tous nos fruits et légumes, seules les carottes survivront au carnage. Un sentiment de rage nous envahit, on s'imagine monter une boutique de transformation de fruits et légumes. Vive le fédéralisme.

 

 

A la limite entre l'outback et la civilisation, Clare Valley, la première vallée de vignes que nous aurons rencontrée depuis bien longtemps charme ses visiteurs. Nous faisons au petit village de Burra pour son style so british. Le salon de thé où nous faisons la pause gâteau, s'est converti en espace bibliothèque et brocante. Tout ici est très kitch, art dans lequel les anglo-saxons excellent, sponsorisé par Singer avec moult vieilles machines à coudre et autres ustensiles désuets. Un peu plus loin, nous commençons notre parcours de dégustation vinicole chez les jésuites. Sept d'entre eux ont eu la bonne idée de venir s'installer vers 1850 dans le coin et, comme ils avaient du mal à trouver du vin de messe, ils ont décidé de se le fabriquer. Et ils ont planté du riesling, du gewurtztraminer, du merlot, du cabernet-sauvignon, du shiraz, du verdelho, du grenache, etc..., bref, de quoi dire la messe pendant un bon bout de temps sans risquer la déshydratation, fort traître dans ces inhospitalières contrées !!! Après la dégustation, une certaine torpeur nous envahit. Nous profitons du joli cadre du parc arboré pour faire un pique-nique récupérateur. 

Mais il est tard, nous fonçons sur Adélaïde où nous arrivons peu avant 17 heures, à cinq minutes de la fermeture de l'office du tourisme, histoire de trouver un camping dans les environs et surtout de savoir où se passeront les festivités du réveillon. Nous grimpons dans les collines qui surplombent la ville pour nous installer dans notre camping champêtre. 

 

              

 

Nous nous adonnons dans les règles de l'art à notre immuable rituel de repas du réveillon. Au menu l'incontournable foie gras de ma maman accompagnée de la traditionnelle cuvée de Sauternes de Bernard et Marie. Nous immortalisons l'instant pour nos amis Olivier, Dahbia et Hervé qui depuis de nombreuses années nous accompagnent dans cette traversée des ans mais qui cette fois ci, trinquerons avec nous à 15 000 kilomètres de là. Nous sommes fin prêts pour descendre à Adélaïde quant un incident de dernière minute réduit l'effectif de l'équipée sauvage. Bernard reste au camp de base pour soigner son pied férocement attaqué par une table de campervan ! Ne voulant pas nous priver d'un réveillon inoubliable, il nous donne la bénédiction pour notre virée en ville. 

Tu parles d'un réveillon, il avait dû flairer ce qui nous y attendait. Au coeur du centre ville, la police montée quadrille le secteur où il est formellement interdit de boire de l'alcool. En guise de groupes musicaux,  2 chanteuses et 2chanteurs dans une pâle imitation d'ABBA, des gens en nombre fans de ABBA depuis leurs débuts forcément. Puis l'instant fatidique, le maire saisit le micro fait son speech et, histoire de calmer l'ambiance de folie qui régnait jusque là (sic !) , demande une minute de silence pour les victimes du tsunami asiatique. Les douze coups de l'horloge de la mairie retentissent mais on est loin de l'explosion de joie à laquelle on s'attendait. Quelques embrassades, c'est tout. Puis un feu d'artifice gentillet illumine le ciel. Après le bouquet final, à minuit vingt-huit, pile poil, l'arbitre siffle la fin du match, renvoyant tout le monde aux vestiaires. Les familles sont rentrées à la maison et les distilleurs de houblon se sont rabattus vers les pubs dans une ambiance de mise en bière. Heureusement, dans un des bars nous dégottons une bouteille de "champagne" australien que nous comptons bien sacrifier au dieu du temps qui passe.  De retour au camping, nous dégustons le breuvage avec un Bernard à peu près remis, et c'est donc contrat rempli et conscience en paix que nous attaquons 2005.

 

Samedi 1er janvier

Après une grasse matinée bien méritée, nous décidons de découvrir Adélaïde sous un nouveau jour. D'abord, Adélaïde est une ville où on respire. Très très larges avenues, petit centre ville, avec peu de buildings et beaucoup de bâtiments en pierre de l'époque fin XIX, très large ceinture verte (parcs, jardins botaniques, golfs, ...) et banlieue étendue jonchée de petits maisons. A Adélaïde le 1er janvier, on respire encore plus parce que tout est fermé. Le Shopping Center, les deux artères commerciales piétonnes du centre ville, sont désertes. Comme par hasard, la seule devanture illuminée se trouve être celle de la maison Haigh's, meilleur chocolatier d'Australie, spécialisée depuis 1915 dans le chocolat noir sous toutes ses coutures, et plus particulièrement, dans les chocolats fourrés, mention spéciale à la truffe fourrée à la jelly à la rose. Nous faisons donc provision de chocolat, dans la limite des quotas acceptables par nos foies déjà bien malmenés. 

 

 

Adélaïde étant tout proche de l'océan, nous nous retrouvons après une petite demi-heure de voyage en tram début du siècle, bois et cuir, superbe comme dans un club anglais, jusqu'à Glenelg, banlieue balnéaire aux accents celtes. Eaux turquoises, ambiance calme de 1er de l'An, hôtels début du siècle, charme colonial. Nous sirotons un verre parmi la foule bigarrée avec comme spectacle le tournoi de beach volley féminin sur la plage, les amateurs apprécieront assurément.  


 

Dimanche 2 Janvier

 

 

On plie bagage, sortie d'Adélaïde par le nord est, direction Barossa Valley. Nous devons avant tout traverser les Adélaïdes Hills, une très agréables régions de collines comme son nom l'indique. De jolis paysages vallonnés se succèdent. Des eucalyptus par centaines, des très hauts surtout, en fleurs, odorants. Parfois, à la sortie d'un virage, vous découvrez de vastes prairies jaunies par le soleil, desquelles se détachent des moutons fraîchement tondus. Puis, un carré de vignes, orienté au nord (c'est l'hémisphère sud, ici). Au vallon suivant, de l'autre côté de la crête, c'est un lac bordé d'ormes. Puis, autre vallon, les prairies jaunâtres sont recouvertes d'oliviers, reflets argentés reconnaissables. Au détour de la route, un autre vallon, plus boisé, avec des pins et des eucalyptus, encore. Et tout ça en douceur, sans heurts de couleurs, en harmonie. Quelques petits villages parsèment la route, avec des cottages parfois très british comme lorsqu'ils sont entourés de chevaux et de la clôture de bois blanche, et parfois très coloniaux avec leurs vérandas fleuries de bougainvillées, d'hibiscus, et des agapanthes, bordées de palissades en fer forgé peint et, pour certains, encore les décors de Noël: un traîneau avec ses deux rennes dans le jardin, des guirlandes sur les vérandas, des couronnes sur les portes, etc. Et soudain, au détour du dernier virage, la Barossa Valley apparaît loin en contrebas, exclusivement composée de vignobles. Sur un espace de 25km sur 10, une soixantaine de propriétés, de toutes dimensions, taillées en rectangles, et qui proposent quasiment toutes des dégustations. Des cépages qu'ils se font un plaisir de mélanger comme le cabernet-sauvignon, merlot, sémillon, riesling, Mais le clou de la vallée, c'est le Shiraz. 

 

          

 

Par cette belle journée ensoleillée, dans ce cadre magnifique, nous nous laissons facilement tenter par la propriété de Saltram qui a la bonne idée de proposer une cave de dégustation avec un restaurant gastronomique. Impossible pour nous de résister à cet appel épicurien. Le cépage roi est le Shiraz que nous nous empressons de tester. A en croire nos amis connaisseurs, ces vins sont plutôt moyens et pourtant les prix eux, sont assez élevés variant de 10€ pour du Shiraz 2004 à 120€ pour un mélange rouge de 1999, bon, certes, mais pas exceptionnel. Finalement, il est près de 16 heures quand nous sortons de table. Nous poursuivons alors par une deuxième propriété Bethany Wines, plus petite, plus familiale dont la spécialité est le vin blanc et plus particulièrement les "vendanges tardives". Agréable mais n'arrive quand même pas un niveau d'un Jurançon moelleux. Quant à la troisième propriété, nous arrivons trop tard, ils nous ferment la porte au nez, à 17h01. Damned, on ne plaisante pas avec les horaires. Mais nous ne baissons pas les bras et nous installons un peu plus loin, sur le golf de Tamunda avec vue imprenable sur la vallée.

 

 

Lundi 3 Janvier

Lever à la fraîche car mes compères souhaitent faire un parcours de golf. Je les laisse volontiers s'adonner à leur sport favori tandis que pour ma part, je profite de la proximité d'un grand hotel et surtout de son cyber café pour continuer le récit de nos aventures sur internet. La chaleur montre très vite jusqu'à ce qu'un orage accompagné de fortes averses éclate, mauvais temps pour mes golfeurs. Puis comme lavé par cette saute d'humeur, le ciel retrouve sa limpidité azuréenne. Aux alentours de midi, je retrouve mes sportifs en goguette qui apprécient à juste titre les équipements  sanitaires du club-house. Nous n'avons pas loin à aller pour notre prochaine étape de dégustation. Juste à côté, Jacob's Creek, un marque connu de vins, a construit un Visitors Center high-tech tout de verre, bois et alu avec un grand hall d'exposition multimédia, un grand bar à dégustation et un restaurant probablement considéré comme gastronomique par les gens du cru, mais juste convenable pour nos palais exigeants. Nous testons leurs crus et sommes attirés par leur grenache et son petit goût de cerise et leur champagne qui ma foi se laisse boire. A part ces deux exemples, rien de remarquable. Bernard et Marie sont relativement déçus par le décalage entre la réputation des vins australiens et leur valeur réelle, le marketing est passé par là. Ils préfèrent de loin, les vins sud-africains à la qualité plus authentique. 

 

 

Nous attendons la fin d'un nouvel orage dantesque avant de reprendre la route pour le Sud. Nous arrivons devant la Murray River, Mississipi australien, qui a longtemps servi de voie navigable et unique voie de pénétration jusque très loin dans l'Outback. Mannum est notre point de traversée grâce à un service de ferry gratuit. Le long des berges de la rivière, les anciens bateaux à vapeur sont recyclés en demeure pour les personnes avides de calme et d'exotisme. 

 

                   

 

Au fur et à mesure que nous nous rapprochons de la côte, les paysages se transforment. On roule à travers des landes rases, à l'herbe très basse et jaunie, avec des blocs de granit, brassés par les vents. Un petit air d'Ecosse, surtout que le ciel est bien gris. Nous installons notre bivouac en pleine nature, loin de tout, au bout d'une lande de bruyères et autres buissons au bord de la lagune Coorong, lagune de 150 km de long et de quelques centaines de mètres de large, qui sépare la terre de l'océan Indien. Les arbustes rabougris battus par les vents donnent la touche finale pour se sentir au bout du monde. Impossible de rester dehors, nous demandons l'asile à Bernard et Marie pour passer notre dernière soirée de notre périple dans l'Outback car demain hélas, nous prendrons le chemin du retour.



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