Arrivé à Ceuta
Vendredi 24 Décembre
On atterrit à l'aéroport de Sydney dans les temps. On récupère
nos bagages et on passe la douane tout aussi rapidement. On se rue sur le métro
et ses correspondances. Total des courses nous arrivons à Hurstville et surtout
le garage Toyota où Totoy nous attend, 5 minutes avant sa fermeture. On
retrouve avec joie notre Totoy et ses 2 nouvelles batteries flambant neuves.
David finit d'inspecter les travaux et tombe sur des fils coupés qui ne
l'inspirent pas. Heureusement, tous les mécanos ne sont pas encore partis pour
leurs congés annuels et on finit par résoudre ce petit problème.
On file direct aux appartements qu'on a loués en plein coeur de Sydney pour
s'y installer et surtout trouver une bonne place à l'abri pour Totoy. Il faut
aussi faire des courses car les deux prochains jours sont fériés en Australie.
On cherche désespérément une bûche de Noel mais incontestablement cela ne fait
pas partie de la panoplie du Noel australien. Finalement, on dégote un gâteau
roulé et des décorations qui feront parfaitement l'affaire pour notre promesse
d'accueillir demain nos amis à l'aéroport avec la bûche de Noel. Il est bien
tard quand on se décide à aller réveillonner à Circular Quay. Le coeur
névralgique de Sydney est le lieu idéal pour passer la soirée avec le
spectacle toujours animé des va-et-vient des ferrys. On ne ressent pas
vraiment d'atmosphère particulière, peu de choses rappellent qu'on est la
veille de Noel, les décorations caractéristiques sont plutôt rares.
Finalement, on s'installe en fin de soirée en terrasse d'un resto
sympathique avec vue sur le célébrissime pont de Sydney. L'une des
spécialités sont les huitres de rochers de la baie. On se fait pas prier pour
les tester et apprécier la différences avec nos références françaises. On
termine la soirée en allant prendre un verre au très animé bar de l'opéra.
Moderne et très fréquenté, c'est un lieu où se croisent gens de tous
milieux, très apprécié des sydney-siders les habitants de Sydney pur
jus.
Samedi 25 décembre
Nous nous levons aux aurores pour accueillir nos amis Bernard et Marie qui
arrivent ce matin à 8 heures. Comme promis nous attendons en compagnie de la
fameuse bûche chocolat de circonstance en ce jour de Noel. Des dizaines et des
dizaines de personnes défilent sous nos yeux, en grande majorité du continent
asiatique voisin. A chaque vague de débarquement nous déployons notre petite
banderole d'accueil mais toujours pas de Bernard et Marie à l'horizon. Au bout
d'une heure on commence à s'inquiéter quand le téléphone sonne : c'est eux,
ils sont bloqués à la douane car il leur manque un sac. Ca commence fort. Le
temps de faire les déclarations nécessaires et les formalités d'entrée, on
se retrouve enfin autour de notre bûche au chocolat comme petit-déjeuner. Ils
ont tout le temps de nous raconter les péripéties de leur voyage, en
souhaitant que la perte de leur bagage qu'on espère momentanée en sera la
dernière.
On les rapatrie dans les studios qu'on a loué le temps de se remettre du vol
et du décalage horaire. Une fois installés, on va faire un tour en ville. Le
temps est lourd. On marche par la côte jusqu'à Circular Quay en traversant de
beaux jardins botaniques. Signe des temps, ils sont accaparés par une foule qui
profite de ce cadre magnifique pour fêter Noel à l'australienne : rien de tel
qu'un pique-nique sur l'herbe affublé du bonnet de circonstance pour marquer
l'évènement. Sur place, les restos ne manquent pas et pourtant on a
tiré le mauvais numéro : plus de 2 heures d'attente avant d'êtres servis et
en plus pas bon du tout. Et pourtant on le savait, toujours fuir les endroits
hyper touristiques, une fois de plus ça se confirme ! On repart en bus jusqu'à Roschutter Bay pour aller
voir les voiliers de la course Sydney-Hobart qui partira demain. Ce sont les
derniers préparatifs, les derniers ajustements pour cette course réputée
l'une des plus dangereuses au monde. L'atmosphère est quand même bonne enfant
parmi les quelques 119 équipages engagés.
On arrive même à discuter avec un participant très sympa qui nous explique un
peu comment ça se passe du moins pour son équipage. Quand on lui demande
quelles sont les conditions d'engagement à la course, il répond:
"d'abord, il faut être fou ...". C'est que ça va chahuter ferme dans
le détroit de Tasmanie, les meilleurs mettront 4 jours pour arriver à Hobart,
les autres un peu plus, si une tempête ne décime pas la flottille comme cela
arrive parfois.
En fin de journée, la température a flêchi et le temps est devenu
maussade. Il est temps de se rapatrier dans nos pénates. Un bon apéro et une
virée très sage dans le quartier chaud des Rocks. On opte pour un resto indien
et comble du hasard on se retrouve cernés par un bon nombre de français,
ça fait tout bizarre de passer une soirée avec comme bruit de fond des
conversations dans la langue de Molière.
Dimanche 26 Décembre
Lendemain de Noel, autrement dit Boxing day, jour férié en Australie et
surtout jour de départ de la course nautique. Nous sommes très chanceux, le
ciel est limpide, le soleil est radieux, la température est douce, bref un jour
d'été comme on les aime. Nous passons voir les bateaux encore amarrés au quai puis nous poussons
jusqu'à Vaucluse et enfin South Head pour assister au départ. Bien sûr, nous
ne sommes pas les seuls à avoir cette idée, beaucoup de monde tente de se
trouver un coin agréable d'où on peut surveiller sans peine la ligne fictive
du départ s'étirant entre les deux têtes rocheuses qui marquent l'entrée de la baie.
Le flot de gens grossit à vue d'oeil au fur et à mesure qu'on se dirige vers le promontoire d'où
on jouit d'une vue fantastique sur la baie de Sydney et sur le grand large de du
Pacifique. Nous réussissons à dénicher un petit muret qui nous servira
d'observatoire.
Les bateaux qui tournent en rond dans la baie en attendant l'heure fatidique
du départ offrent un spectacle magnifique. Et que dire du décor sublime dans
lequel ils évoluent : le fameux opéra et le célèbre pont métallique Harbour
Bridge composent une toile de fond à couper le souffle. Le moindre carré de pelouse est investi
par la nuée de spectateurs qui, en Australiens dignes de ce nom, préparent le
vénérable rituel du pique-nique.
13 heures, c'est le départ ! La course est lancée délivrant le spectacle
incroyable d'une centaine de voiliers prêts à défier les démons de l'océan,
accompagnés par une myriade de supporters en bateaux à voile ou à moteur. Leurs
traînées d'écume
blanchissent l'océan. La foule se presse sur les bords de la falaise et nous
contemplons jusqu'à plus soif ce fabuleux spectacle. Peu à peu, les
silhouettes aux voiles déployées s'estompent. Tandis que les marins
enthousiastes s'apprêtent à affronter leur destin, nous songeons nous aussi à
attaquer les choses sérieuses : il est grand temps de déjeuner.
Tout le monde pique-nique dans une ambiance bon enfant comme lorsque tout le
monde applaudit le monsieur qui arrive enfin à faire voler le cerf volant de
son fils après des efforts bien laborieux.
Les bateaux sont déjà loin lorsque nous quittons les rives de l'océan pour
continuer notre itinéraire côtier. Bondi Beach est la plage la plus populaire
de Sydney. Le show est constant, dans la rue ou sur la plage. La terrasse d'un
café est l'endroit idéal pour capter cet air du temps si indéfinissable. Puis
nous retournons au coeur de la ville, à Circular Quay, où on compte s'offrir
une "croisière" en ferry vers l'autre célèbre plage de Sydney.
Malheureusement, le temps se gâte et le vent se lève. Lorsque nous arrivons à
Manly, la station balnéaire bétonnée offre un visage gris et battu par les
vents bien éloigné de l'image de petit bijou véhiculée par les guides
touristiques. Nous nous réfugions dans un pub animé avec un barman
spécialiste d'acrobaties avec ses bouteilles et nous terminons par un
bar-boite-restau à l'ambiance tout aussi estivale. Le retour de nuit nous
permet d'admirer les jeux de lumières de Sydney by night.
Lundi 27 Décembre
Il est grand temps de prendre la route. On charge toutes les affaires dans
Totoy et on s'entasse pour nous rendre chez le loueur de camping-car. Et là, c'est la cohue. Il
nous faut pas moins de trois heures pour récupérer le campervan qui sera la
maison de Bernard et Marie ces prochains jours. Avant de quitter la ville, nous
nous arrêtons déjeuner à un restau qu'on avait eu tout le temps de repérer
lors de notre premier séjour dans la cité. Situé dans un quartier triste, il ne paye pas de
mine mais quand on rentre, on change de monde. Le décor moderne, élégant mais
convivial invite à y passer encore un peu plus de temps.
C'est finalement en milieu d'après-midi que nous laissons Sydney derrière
nous. On roule un bon moment dans une circulation dense puis le trafic se
fluidifie, la route s'élève et un vent frais fait son apparition. Nous voici
dans les Blue Mountains. A notre grande surprise, la région est très
fréquentée et le camping que nous convoitions est complet. Nous en trouvons
finalement un, plus loin, à Blackheat où chacun d'entre nous s'affaire à
ranger tout son bardas dans sa nouvelle maison. La réelle fraîcheur de la
soirée nous surprend également et nous nous testons l'habitabilité du campervan pour les
soirées. Il est quasiment identique à celui que nous avions loué en Nouvelle
Zélande, nous retrouvons facilement nos marques.
Mardi 28 Décembre
Nous sommes quelques peu houspillés par les gérants du camping car nous ne
quittons pas assez vite les lieux à leur goût. Comme d'habitude, c'est
toujours dans les endroits touristiques qu'on trouve les gens les plus
inhospitaliers. On s'échappe donc au plus vite pour visiter la région.
Celle-ci fut longtemps un frein à l'expansion de la colonie de Sydney
vers l'intérieur des terres. Les montagnes s'avérèrent infranchissables
pendant plusieurs années. Maintenant ces mêmes montagnes font la beauté et la
réputation des lieux. Le nom de Blue Mountain vient du fait que des vapeurs
bleutées secrétées par les innombrables eucalyptus des forêts s'élèvent
dans le ciel auréolant les montagnes de brumes bleues.
De nombreux points de vue permettent d'admirer les paysages grandioses de ces
barrières rocheuses couvertes de forêts. A chaque fois cela donne l'occasion
de faire de petites ballades pour mieux s'imprégner de la magie des lieux. A
Katoomba, nous tentons de frayer notre chemin parmi la foule des touristes venus
admirer les célèbres rochers des Three Sisters, les trois soeurs. La légende
dit qu'un sorcier, pour protéger ses 3 filles d'un vilain méchant bunyip (un
monstre version locale) les a transformées en pierres d'un coup d'os magique en
attendant de pouvoir les retransformer quand le danger serait passé. Ce sont
les trois cheminées qu'on voit sur la photo. Mais, le méchant bunyip a coursé
le sorcier, qui s'est caché dans une grotte. Plus tard, en sortant de la grotte
pour voir si le bunyip était toujours là, le sorcier a perdu l'os magique. A
ce jour, il le cherche encore, et les filles attendent toujours qu'on leur
redonne forme(s).
La petite
ville de Katoomba est la plaque-tournante de la région pour les voyageurs. Malgré tout,
elle a gardé son âme avec son marché et ses petits cafés Art Déco où il
fait bon se prélasser. On en profite forcément pour tester un petit resto
avant de poursuivre notre route vers l'Ouest.
La montagne diminue petit à petit faisant place à des collines cultivées.
La région est essentiellement agricole. Tantôt ce sont des moutons, tantôt se
sont des vignobles qui couvrent les coteaux. Les villages se font de plus en
plus distants. Nous sommes donc bien contents d'arriver à Mudgee en fin
d'après-midi même si le Holyday Park qui nous accueille a du connaître son
heure de gloire il y a bien longtemps.
Mercredi 29 Décembre
Nous roulons encore dans la vallée, à travers les exploitations agricoles.
Vergers, champs de moutons ou de vaches composent le paysage. Dubbo est notre
dernière ville avant longtemps dans notre périple dans l'Outback australien.
Puis de façon imperceptible au départ, le bush s'installe peu à peu et finit
par s'imposer, la terre est de plus en plus apparente et de plus en plus rouge. La chaleur augmente
au même rythme et
dépasse allègrement les 30 degrés dans la journée. Nous roulons des heures dans ce paysage monotone, si familier
pour nous et si surprenant pour nos amis.
Cobbar est une petite ville industrielle réputée pour ses mines d'argent
située au milieu de nulle part. Elle se trouve à la croisée de deux routes
qui traversent l'état d'est en ouest et du nord au sud. Celle qui monte au nord
rejoint Bourke connue dans toute l'Australie par l'expression "Back o'Bourke"
qui veut tout simplement dire "au milieu de nulle part". Les
nombreux bâtiments témoignent du passé florissant de la ville. Pour nous ce
sera l'occasion d'une petite halte avant de reprendre la route
interminable.
En fin de journée, nous nous mettons en quête d'un lieu de bivouac. Ce
n'est pas ce qui manque ici. Le premier chemin qui se présente nous donne
satisfaction et nous installons notre camp et comme il est tôt, on en profite
pour sortir l'artillerie car Bernard compte bien faire le récit de ses
aventures mais son objectif est plus ambitieux, ça sera au jour le jour.
Jeudi 30 Décembre
Nous faisons de nouveau route dans l'Outback pour de longues heures. A un
moment, nous passons dans le village de Wilcannia où tout est fermé, on dirait
un village fantôme. Cette vision assez triste est accentuée par la présence
de ses habitants aborigènes qui ont l'air tout aussi fantôme que leur village.
Puis nous arrivons à une frontière invisible, celle de la zone d'exclusion de
la mouche à fruit. En effet, on ne peut pas rentrer dans cette zone en
possession de légumes ou fruits à pépin ou noyau par risque de contamination
possible. On sait bien que les autorités australiennes ne plaisantent pas avec
les infractions et on risque des amendes allant jusqu'à 11 000 dollars ! On
s'interroge car on a pas mal de victuailles criminelles dans nos véhicules vu
qu'on a fait les réserves avant de s'aventurer dans le bush pour 1700
kilomètres à parcourir. Pendant que nous
réfléchissons, toutes les voitures allant dans notre direction s'arrêtent et
déposent avec zèle leurs fruits dans la poubelle quarantaine.
On voit bien la différence de comportement entre anglo-saxons et latins.
Alors, comme on ne peut se résoudre à jeter autant de nourriture, on décide
de pique-niquer ici et de manger le maximum et de cuisiner le reste et ce n'est
pas les 35 degrés qu'affiche le thermomètre qui vont nous en dissuader !
Après cette contrariété, un autre soucis nous préoccupe, le campervan
roule sur sa réserve depuis un bon moment maintenant, il nous tarde d'arriver
à Broken Hill la prochaine ville même si nous ne courrons aucun risque car
Totoy est là avec son énorme réservoir supplémentaire au cas où. Mais si on
peut éviter un siphonage, David est pour !
Broken Hill et sa mine d'argent qui domine la ville nous accueille quelques
dizaines de kilomètres plus loin. On ne se fait pas prier pour entrer dans
l'office du tourisme qui outre l'immense soulagement d'être un lieu climatisé,
présente de nombreux objets et bijoux en argent ou en hématite une pierre
noire caractéristique de la région. Nous sommes ici dans une des villes phares
de l'Outback australien et nous ne pouvons pas partir d'ici sans visiter le
centre des Royal Flying Doctors, société 2/3 publique 1/3 privée avec des
pilotes, des mécanos, des toubibs et des infirmiers, qui intervient
médicalement par avion dans toute la brousse australienne. Alliant haute
technologie avec ses avions médicalisés et esprit pionnier (radio BLU,
interventions 24h/24, atterrissages tous terrains et tous temps, ...), les RFDS
sont omniprésents dans tout le bush et de nombreuses personnes leur doivent
leur vie. Notre contribution, bien que modeste, aidera à perpétuer cette
tradition solidaire et efficace.
Etant dorénavant à l'intérieur de cette fameuse zone d'exclusion de la
mouche à fruit, nous faisons le ravitaillement complet en fruit et légumes et
nourritures diverses avant de repartir. Passés les faubourgs sans âme, on se
retrouve bien vite au milieu de nulle part. Le bush reprend sa place, la chaleur
reprend ses droits. Avec étonnement, nous reconnaissons un air familier que
crachouille la radio locale. Quel moment incongru d'entendre Joséphine Baker
chanter son amour pour son pays et Paris cerné par le vide sidéral de l'outback
rouge et poussiéreux.
Nous poursuivons jusqu'à Yunta, un simple point sur la carte, et en vrai, il
n'y a pas grand chose de plus. Nous bivouaquons derrière le village, à
l'entrée d'une route de gravier. Comme à l'accoutumée, les petites mouches
nous assaillent dès notre arrivée. Pas grand chose à faire si ce n'est
attendre l'obscurité pour être débarrassé de ce fléau. Au cours de la
soirée, à plusieurs reprises, un vacarme assourdissant retentit, suivi d'une
symphonie de lumières alignées comme un bataillon. Ce sont les road trains qui
partent à l'assaut des pistes à une température plus supportable. Déjà
terriblement impressionnant de jour, les immenses attelages tractés par
d'imposants camions donnent la parfaite illusion d'un train dans la nuit.
Vendredi 31 Décembre
Nous entamons notre dernière ligne droite vers Adélaïde, après une
centaine de kilomètres, la sortie de l'outback se fait en douceur. Les vastes
étendues désertiques ont laissé place, progressivement, à de grandes plaines
à céréales, jaunes comme les blés, parsemés de milliers de mérinos, le
mouton roi de la contrée pour sa laine incomparable.
La région a l'air plus active et plus peuplée, un petit village avec pré
couvert de fleurs
violettes marque la frontière entre la Nouvelle Galles du Sud et l'état
d''Australie du Sud. Avec stupeur, nous apprenons qu'ils nous refont le coup de
la quarantaine et de l'interdiction de transporter des légumes alors que nous
sommes à l'intérieur de la zone d'exclusion de la mouche à fruit. Nous devons
juste changer d'état. Ce coup-ci, nous sommes furieux car on a fait le super
ravitaillement hier avec la plus grande tranquillité d'esprit. Nous sommes bien
sûr conscients que nos explications n'ont aucune chance d'atteindre l'agent qui
fait les vérifications à la frontière. Incroyable, nous devons de nouveau jeter tous nos fruits et
légumes, seules les carottes survivront au carnage. Un sentiment de rage nous
envahit, on s'imagine monter une boutique de transformation de fruits et
légumes. Vive le fédéralisme.
A la limite entre l'outback et la civilisation, Clare Valley, la première
vallée de vignes que nous aurons rencontrée depuis bien longtemps charme ses
visiteurs. Nous faisons au petit village de Burra pour son style so british. Le
salon de thé où nous faisons la pause gâteau, s'est converti en espace
bibliothèque et brocante. Tout ici est très kitch, art dans lequel les
anglo-saxons excellent, sponsorisé par Singer avec moult vieilles machines à
coudre et autres ustensiles désuets. Un peu plus loin, nous commençons notre
parcours de dégustation vinicole chez les jésuites. Sept d'entre eux ont eu la
bonne idée de venir s'installer vers 1850 dans le coin et, comme ils avaient du
mal à trouver du vin de messe, ils ont décidé de se le fabriquer. Et ils ont
planté du riesling, du gewurtztraminer, du merlot, du cabernet-sauvignon, du
shiraz, du verdelho, du grenache, etc..., bref, de quoi dire la messe pendant un
bon bout de temps sans risquer la déshydratation, fort traître dans ces
inhospitalières contrées !!! Après la dégustation, une certaine torpeur nous
envahit. Nous profitons du joli cadre du parc arboré pour faire un pique-nique
récupérateur.
Mais il est tard, nous fonçons sur Adélaïde où nous arrivons peu avant 17
heures, à cinq minutes de la fermeture de l'office du tourisme, histoire de
trouver un camping dans les environs et surtout de savoir où se passeront les
festivités du réveillon. Nous grimpons dans les collines qui surplombent la
ville pour nous installer dans notre camping champêtre.
Nous nous adonnons dans les règles de l'art à notre immuable rituel de
repas du réveillon. Au menu l'incontournable foie gras de ma maman accompagnée
de la traditionnelle cuvée de Sauternes de Bernard et Marie. Nous immortalisons
l'instant pour nos amis Olivier, Dahbia et Hervé qui depuis de nombreuses
années nous accompagnent dans cette traversée des ans mais qui cette fois ci,
trinquerons avec nous à 15 000 kilomètres de là. Nous sommes fin prêts pour
descendre à Adélaïde quant un incident de dernière minute réduit l'effectif
de l'équipée sauvage. Bernard reste au camp de base pour soigner son pied
férocement attaqué par une table de campervan ! Ne voulant pas nous priver
d'un réveillon inoubliable, il nous donne la bénédiction pour notre virée en
ville.
Tu parles d'un réveillon, il avait dû flairer ce qui nous y attendait. Au
coeur du centre ville, la police montée quadrille le secteur où il est
formellement interdit de boire de l'alcool. En guise de groupes musicaux,
2 chanteuses et 2chanteurs dans une pâle imitation d'ABBA, des gens en nombre
fans de ABBA depuis leurs débuts forcément. Puis l'instant fatidique, le maire
saisit le micro fait son speech et, histoire de calmer l'ambiance de folie qui
régnait jusque là (sic !) , demande une minute de silence pour les victimes du
tsunami asiatique. Les douze coups de l'horloge de la mairie retentissent mais
on est loin de l'explosion de joie à laquelle on s'attendait. Quelques
embrassades, c'est tout. Puis un feu d'artifice gentillet illumine le ciel.
Après le bouquet final, à minuit vingt-huit, pile poil, l'arbitre siffle la
fin du match, renvoyant tout le monde aux vestiaires. Les familles sont
rentrées à la maison et les distilleurs de houblon se sont rabattus vers les
pubs dans une ambiance de mise en bière. Heureusement, dans un des bars nous
dégottons une bouteille de "champagne" australien que nous comptons
bien sacrifier au dieu du temps qui passe. De retour au camping, nous
dégustons le breuvage avec un Bernard à peu près remis, et c'est donc contrat
rempli et conscience en paix que nous attaquons 2005.
Samedi 1er janvier
Après une grasse matinée bien méritée, nous décidons de découvrir
Adélaïde sous un nouveau jour. D'abord, Adélaïde est une ville où on
respire. Très très larges avenues, petit centre ville, avec peu de buildings
et beaucoup de bâtiments en pierre de l'époque fin XIX, très large ceinture
verte (parcs, jardins botaniques, golfs, ...) et banlieue étendue jonchée de
petits maisons. A Adélaïde le 1er janvier, on respire encore plus parce que
tout est fermé. Le Shopping Center, les deux artères commerciales piétonnes
du centre ville, sont désertes. Comme par hasard, la seule devanture illuminée
se trouve être celle de la maison Haigh's, meilleur chocolatier d'Australie,
spécialisée depuis 1915 dans le chocolat noir sous toutes ses coutures, et
plus particulièrement, dans les chocolats fourrés, mention spéciale à la
truffe fourrée à la jelly à la rose. Nous faisons donc provision de chocolat,
dans la limite des quotas acceptables par nos foies déjà bien malmenés.
Adélaïde étant tout proche de l'océan, nous nous retrouvons après une
petite demi-heure de voyage en tram début du siècle, bois et cuir, superbe
comme dans un club anglais, jusqu'à Glenelg, banlieue balnéaire aux accents celtes. Eaux
turquoises, ambiance calme de 1er de l'An, hôtels début du siècle, charme
colonial. Nous sirotons un verre parmi la foule bigarrée avec comme spectacle
le tournoi de beach volley féminin sur la plage, les amateurs apprécieront
assurément.
Dimanche 2 Janvier
On plie bagage, sortie d'Adélaïde par le nord est, direction Barossa Valley.
Nous devons avant tout traverser les Adélaïdes Hills, une très agréables
régions de collines comme son nom l'indique. De jolis paysages vallonnés se
succèdent. Des eucalyptus par centaines, des très hauts surtout, en fleurs,
odorants. Parfois, à la sortie d'un virage, vous découvrez de vastes prairies
jaunies par le soleil, desquelles se détachent des moutons fraîchement tondus.
Puis, un carré de vignes, orienté au nord (c'est l'hémisphère sud, ici). Au
vallon suivant, de l'autre côté de la crête, c'est un lac bordé d'ormes.
Puis, autre vallon, les prairies jaunâtres sont recouvertes d'oliviers, reflets
argentés reconnaissables. Au détour de la route, un autre vallon, plus boisé,
avec des pins et des eucalyptus, encore. Et tout ça en douceur, sans heurts de
couleurs, en harmonie. Quelques petits villages parsèment la route, avec des
cottages parfois très british comme lorsqu'ils sont entourés de chevaux et de
la clôture de bois blanche, et parfois très coloniaux avec leurs vérandas
fleuries de bougainvillées, d'hibiscus, et des agapanthes, bordées de
palissades en fer forgé peint et, pour certains, encore les décors de Noël:
un traîneau avec ses deux rennes dans le jardin, des guirlandes sur les
vérandas, des couronnes sur les portes, etc. Et soudain, au détour du dernier
virage, la Barossa Valley apparaît loin en contrebas, exclusivement composée
de vignobles. Sur un espace de 25km sur 10, une soixantaine de propriétés, de
toutes dimensions, taillées en rectangles, et qui proposent quasiment toutes
des dégustations. Des cépages qu'ils se font un plaisir de mélanger comme le
cabernet-sauvignon, merlot, sémillon, riesling, Mais le clou de la vallée,
c'est le Shiraz.
Par cette belle journée ensoleillée, dans ce cadre magnifique, nous nous
laissons facilement tenter par la propriété de Saltram qui a la bonne idée de
proposer une cave de dégustation avec un restaurant gastronomique. Impossible
pour nous de résister à cet appel épicurien. Le cépage roi est le Shiraz que
nous nous empressons de tester. A en croire nos amis connaisseurs, ces vins sont
plutôt moyens et pourtant les prix eux, sont assez élevés variant de 10€
pour du Shiraz 2004 à 120€ pour un mélange rouge de 1999, bon, certes, mais
pas exceptionnel. Finalement, il est près de 16 heures quand nous sortons de
table. Nous poursuivons alors par une deuxième propriété Bethany Wines, plus
petite, plus familiale dont la spécialité est le vin blanc et plus
particulièrement les "vendanges tardives". Agréable mais n'arrive
quand même pas un niveau d'un Jurançon moelleux. Quant à la troisième
propriété, nous arrivons trop tard, ils nous ferment la porte au nez, à
17h01. Damned, on ne plaisante pas avec les horaires. Mais nous ne baissons pas
les bras et nous installons un peu plus loin, sur le golf de Tamunda avec vue
imprenable sur la vallée.
Lundi 3 Janvier
Lever à la fraîche car mes compères souhaitent faire un parcours de golf.
Je les laisse volontiers s'adonner à leur sport favori tandis que pour ma part,
je profite de la proximité d'un grand hotel et surtout de son cyber café pour
continuer le récit de nos aventures sur internet. La chaleur montre très vite
jusqu'à ce qu'un orage accompagné de fortes averses éclate, mauvais temps pour mes
golfeurs. Puis comme lavé par cette saute d'humeur, le ciel retrouve sa limpidité
azuréenne. Aux alentours de midi, je retrouve mes sportifs en goguette qui
apprécient à juste titre les équipements sanitaires du club-house. Nous
n'avons pas loin à aller pour notre prochaine étape de dégustation. Juste à
côté, Jacob's Creek, un marque connu de vins, a construit un Visitors Center
high-tech tout de verre, bois et alu avec un grand hall d'exposition
multimédia, un grand bar à dégustation et un restaurant probablement
considéré comme gastronomique par les gens du cru, mais juste convenable pour
nos palais exigeants. Nous testons leurs crus et sommes attirés par leur
grenache et son petit goût de cerise et leur champagne qui ma foi se laisse
boire. A part ces deux exemples, rien de remarquable. Bernard et Marie sont
relativement déçus par le décalage entre la réputation des vins australiens
et leur valeur réelle, le marketing est passé par là. Ils préfèrent de
loin, les vins sud-africains à la qualité plus authentique.
Nous attendons la fin d'un nouvel orage dantesque avant de reprendre la route
pour le Sud. Nous arrivons devant la Murray River, Mississipi australien, qui a
longtemps servi de voie navigable et unique voie de pénétration jusque très
loin dans l'Outback. Mannum est notre point de traversée grâce à un service
de ferry gratuit. Le long des berges de la rivière, les anciens bateaux à
vapeur sont recyclés en demeure pour les personnes avides de calme et
d'exotisme.
Au fur et à mesure que nous nous rapprochons de la côte, les paysages se
transforment. On roule à travers des landes rases, à l'herbe très basse et jaunie, avec
des blocs de granit, brassés par les vents. Un petit air d'Ecosse, surtout que le ciel
est bien gris. Nous installons notre bivouac en pleine nature,
loin de tout, au bout d'une lande de bruyères et autres buissons au bord de la lagune Coorong, lagune de 150 km de long et de quelques
centaines de mètres de large, qui sépare la terre de l'océan Indien. Les arbustes
rabougris battus par les vents donnent la touche finale pour se sentir au bout
du monde. Impossible de rester dehors, nous demandons l'asile à Bernard et
Marie pour passer notre dernière soirée de notre périple dans l'Outback car
demain hélas, nous prendrons le chemin du retour.
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