Arrivé à Ceuta
Vendredi 12 Mars
Nous traversons le no man's land, la piste est belle et les paysages
superbes. Le temps clair nous permet de d'admirer l'horizon, on a même à
plusieurs reprises la chance de surprendre des gazelles. Et pourtant, avant
l'arrivée sur Daboua, nous sommes plutôt anxieux de ce qui nous attend. Les
témoignages qu'on a eus jusqu'à présent ne sont pas très encourageant :
tentative d'extorsion d'argent, rétention de papiers, ou même violence
physique comme Chantal et Lulu qui en ont subi les frais l'année dernière
auprès des militaires. Bref c'est avec pas mal d'appréhension qu'on arrive au
poste frontière de Daboua.
On nous ouvre la barrière, les hostilités peuvent
commencer. Nous devons passer par 4 cahuttes différentes avec chaque fois
des fiches à remplir ou des informations à compléter et même des photos à
donner pour accomplir les formalités sachant qu'on doit terminer avec les
douanes à Bol. Finalement les formalités se sont
déroulées sans anicroche, pas particulièrement sympathique, mais pas
antipathique non plus. C'est donc soulagé qu'on poursuit notre chemin dans ces
étendues désertiques. Au bout d'un moment, on s'aperçoit qu'on se rapproche de plus en plus
de Rig Rig : on a du rater l'embranchement qui mène directement à Bol. David
ne veut pas faire demi-tour car il y a pas mal de distance à parcourir, la
piste est très ensablée et on doit faire attention à la consommation de
carburant. On ne souhaite pas non plus couper au cap, car on peut
tomber sur un camp militaire ce qu'on veut éviter absolument. Donc on continue
en espérant trouver une autre piste.
Mais on ne trouve rien d'autre et on débarque à Rig Rig où on subit un
accueil plutôt accrocheur : le policier qui ne veut pas rendre les passeports
sans argent, les enfants qui s'aggrippent à la voiture et on est obligé de
marchander pour nous indiquer la piste vers Liwa : Rien n'est gratuit ici. Donc, si vous ratez le fameux embranchement
après Daboua, vous finirez à Rig Rig comme nous : soyez attentifs !
Une fois remis sur la bonne voie, nous nous laissons bercer par la conduite sur
le sable. La piste est très ensablée et vraiment très belle.
Arrivés à Liwa on est de nouveau obligé de se faire aider pour trouver la
suite de la piste vers Bol. Heureusement pour nous, il se
trouve qu'un infirmier a besoin d'aller à Bol, du coup on
l'embarque et il nous montre la piste qui n'est pas non plus dure à trouver si
quelqu'un de bonne volonté voulait bien donner des indications. Les paysages sont
toujours superbes. On voit de temps en temps un village
protégé derrière sa barrière d'acacias. Mais une petite cuvette et hop on
se retrouve planté. Je pousse mais rien n'y fait, David est obligé d'aller
cherche les plaques sur la gallerie puis on sort les
plaques tandis que le passager s'installe à l'ombre tranquillement !
0n repart quand même assez vite. La piste devient très
sinueuse et cahotante. On alterne entre la piste des voitures et celle des gros
porteurs pour se faire secouer le moins possible. La piste de sable se
transforme en une piste de latérite horrible avec des trous béants
et des tranchées de fech fech, on se fait secouer de partout. Au fur et à mesure qu'on se rapproche de
Bol, on croise ou double de plus
en plus de cavaliers et chameliers sur la piste. Peu avant la ville, à notre grande surprise, nous découvrons d'immenses étendues d'un
vert éclatant. Ce sont des polders irrigués avec l'eau des bras du lac qui
forment des jardins maraîchers et de vastes champs de blé ou de canne à
sucre.
On dépose notre infirmier à qui on soutire la
possibilité de dormir dans l'enceinte de l'hôpital. Avant tout on doit d'abord
essayer d'en finir avec les douanes mais c'est la fin
d'après midi et elles sont fermées. On retourne à l'hôpital mais le gardien
ne compte pas nous laisser y camper : "ici, il n'y a a pas d'hygiène" !
Il préfère nous conduire ailleurs dans une cour fermée où vivent plusieurs
familles dont le chef est un jeune homme appelé Adoum. Beaucoup de monde vient nous
voir pour discuter mais ce n'est pas dans l'excitation, tout se passe
tranquillement. Nous dinons avec notre hôte qui nous raconte un peu sa vie ici. Il doit subvenir aux besoins de
sa famille depuis que son père est décédé, c'est à dire, les quatre femmes de son père et les trente trois
enfants non mariés qui vivent ici. Il nous fait part aussi de ses projets, de ses espoirs de changer un
peu les mentalités pour éliminer les problèmes liés à la pauvreté. Il est très conscient
des défauts de la société tchadienne et de la nôtre. Nous passons une
soirée très agréable et très enrichissante.
Samedi 13 Mars
Nous nous levons tôt pour terminer les formalités liées
à la voiture. Mais en chemin nous tombons sur des hommes en civil qui nous
ordonnent de les suivre jusqu'au domicile de l'un d'eux pour faire les
formalités de police. On ne sait pas trop à quelle sauce
on va être mangé, on se retrouve ensuite à la gendarmerie où on refait le même
circuit qu'à la frontière. Les officiers s'avèrent courtois et mêmes
sympathiques pour certains. On ramène notre policier et on se dépêche de
partir avant que quelqu'un ne change d'avis.
La piste est devenue très difficile, elle est criblée de nids de poules, de
trous plus ou moins abrupts avec du fech fech qui nous crépit à de nombreuses
occasions. Mais le spectacle des paysages est à la mesure des efforts fournis.
Il y a de nombreuses oasis avec très souvent des troupeaux de zébus à grosses
cornes qui cherchent leur maigre pitance. La plupart des gens que nous croisons
sur le bord de la route nous font souvent de grands saluts ou nous accueillent
avec des regards chaleureux.
A Massakory, l'état de la piste s'améliore sensiblement et c'est avec
délectation que nous trouvons un goudron impeccable à Massaguet. Nous croisons
de nombreux camions sur lesquels les gens s'agglutinent comme ils peuvent pour
voyager. Il fait de plus en plus chaud.
Nous arrivons à N'Djamena en milieu d'après midi ce qui nous laisse de la
marge pour trouver notre lieu de séjour. On n'a pas de plan mais on se
débrouille quand même à trouver le Novotel où nous comptons camper le
temps d'obtenir les visas du Cameroun. Nous nous installons au fond d'un parking ombragé, bénéficiant
des toilettes et de la douche du personnel qui soit dit en passant est dans un
état lamentable. C'est quand même honteux qu'un établissement où la chambre
est à plus de 150 euros la nuit, ne construise pas des sanitaires décents pour
ses employés. Nous on peut se débrouiller autrement et on utilise les
équipements du pool house.
Dimanche 14 au Lundi 15 Mars
On se repose un peu, grasse matinée et visite du grand marché de la
capitale. Et bien sûr, travail sur le site web tandis que David fait la lessive
ce qui doit étonner plus d'un de nos voisins.
Le lundi, les activités reprennent. D'abord on commence par se fâcher. A l'hotel
ils nous on dit qu'on devait se faire enregistrer à la police (encore !) mais
qu'il s'en chargeait quand le policier viendrait. Ce matin, ils nous annoncent
que ça fera 10 000 CFA. On n'est pas d'accord et on récupère nos passeports
pour faire les démarches nous mêmes en espérant que cela ne nous reviendra pas
plus cher.
On va d'abord dans une banque pour changer de l'argent mais en fait on trouve
à l'extérieur un intéressé avec qui on traite rapidement et sans commission
bien sûr. On s'occupe ensuite de l'assurance de la voiture. Avant de demander
nos visas pour le Cameroun nous devons être en règle avec les autorités et
nous enregistrer à la police. Nous trouvons enfin, l'édifice approprié. Au final, malgré les attentes et
les allers retours pour rechercher des documents de l'hôtel, tout s'est bien passé et on n'a rien déboursé, on peut
enfin filer vers l'ambassade du Cameroun pour soumettre notre demande de
visa. On passe la fin de l'après midi à rechercher une banque depuis
laquelle on peut retirer de l'argent avec une carte bleue et on se rapatrie dans notre aire de camping
.
Mardi 16 Mars
On termine les transactions pour récupérer notre argent retiré avec la
carte bleue (et oui ici c'est en plusieurs épisodes). Je fais la mise à jour
du site dans un des rares cybercafés tandis que David part
récupérer les passeports avec les visas du Cameroun et faire le
ravitaillement. Plus de deux heures sont nécessaires pour
la mise à jour et encore je suis passée à travers des coupures électriques
mais pas des plantages du serveur !
En début d'aprés midi, nous sommes prêt pour affronter la sortie du territoire
tchadien. Nous roulons jusqu'au pont de Kousséri . Aux douanes, nous faisons tamponner le Carnet de
passage en douane assez vite. Par contre pour le reste. On démarre par la police. Tout se passe bien jusqu'au moment où
il fait mine de rendre nos passeports en demandant 30 000 CFA par passeport pour
les formalités de sortie. Devant notre refus de payer il s'en réferre au chef
qui nous tient le même discours évidemment. Nous campons sur nos positions. Il
faut attendre. David s'assoit en plein soleil. Ca doit les impressionner car au
bout d'une grosse demi-heure, le policier revient avec nos passeports visés en
sortie. Au bureau d'après, c'est la gendarmerie et tout se passe
normalement. On s'apprête à traverser le pont quand des hommes en civil nous arrêtent
pour contrôler les passeports. Il manque le OK de je ne sais plus qui. Je pars
au bureau correspondant pour rectifier la situation. C'est un simple et
minuscule gribouilli que je suis venue chercher. Ce coup-ci, c'est le bon et on peut
traverser le pont après s'être acquitté du droit de péage.
En roulant sur
cet édifice qui nous mène au Cameroun notre sentiment est mitigé. Nous avons
beaucoup aimé le Tchad pour ses paysages et on aurait bien aimé bivouaquer
pour avoir plus de contact avec la population. Mais les tracasseries avec les
autorités sont assez pénibles et on a jamais été très à l'aise dans ces
situations. Une chose est sûre si ça s'améliore, on reviendra.
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