Arrivé à Ceuta
Mardi 16 Mars
Nous passons le pont de Kousséri, soulagés à la perspective d'être enfin
débarrassés de toutes ces tracasseries de contrôle de police et
d'enregistrements au poste que nous avons connues au Tchad. Toutes les formalités
côté Cameroun sont faites en un temps
record : c'est de bon augure pour le reste du voyage. On prend une bonne route goudronnée qui traverse de vastes plaines arides
où on retrouve paysages sahéliens classiques. L'harmattan allié à
la lumière déclinante de la fin de journée estompe toutes les couleurs pour
leur donner une teinte unique marron poussière.
Mais il faut rester vigilant, tout d'abord à cause des gros trous qui
surgissent de temps en temps sur le goudron mais surtout à cause des
"coupeurs de routes" qui ont longtemps sévi dans la région. Il et
vrai que la situation particulière de cette région de l'extrême nord du Cameroun,
coincée entre le Tchad et le Nigéria, est propice à ce type d'activités. Il nous tarde quand même d'arriver au parc de
Waza, surtout que la nuit va
bientôt tomber.
Mercredi 17 Mars
Notre visite guidée du parc de Waza se fait en deux fois : tôt le matin et
en fin d'après midi. Nous parcourons à plusieurs reprises des circuits menant
à différents points d'eau où les animaux sont censés venir pour s'abreuver. Mais il ne fait pas assez chaud avec
l'harmattan et la lumière est blafarde : les animaux ne sortent pas autant que
d'habitude. Durant l'expédition, nous voyons des troupeaux de
girafes se déplaçant majestueusement, une colonie de grues
couronnées prenant son envol, une famille d'autruches qui détale devant nous
mais pas de lions ou d'éléphants. Juste avant la nuit, notre guide nous mène à un point d'eau, monte
sur le toit de la voiture et nous fais signe d'attendre sans faire de bruit. Il
scrute l'horizon. Le vent joue dans les herbes sèches. Nous sommes aux aguets.
"Un lion !", s'exclame notre guide. Il pointe son doigt vers
l'animal mais nous ne voyons rien. Il faut prendre la voiture pour se rapprocher
car il est perdu au milieu des hautes herbes. Nous avançons doucement vers lui
mais il nous a détecté. Le guide nous dit d'accélérer, s'engage alors une
course poursuite avec le fauve, dans les hautes herbes sans aucune visibilité
du terrain. A plusieurs reprises, le lion se tapit et en profite pour changer de
direction. Il bondit et se cache sous de petits arbustes. Finalement, nous le
perdons de vue très vite, il a gagné mais nous avons quand même pu l'admirer
brièvement de près.
Au campement, nous discutons une partie de la soirée avec le jeune chauffeur
d'un groupe de touristes également présents. Le constat n'est pas brillant et un seul mot revient
toujours dans sa bouche : corruption. Il nous déclare même que tout projet
financé, si on veut qu'il soit réalisé entièrement, doit être géré par
des blancs, sinon la majorité de l'argent est détourné. Mais il reste quand même optimiste, presque contraint, et pense que
les choses vont changer un jour même si ça sera quand il sera très vieux.
Jeudi 18 Mars
Nous poursuivons notre descente vers le sud. Nous nous arrêtons à Mora pour
faire le marché et c'est particulièrement agréable quand les gens vous
laissent en paix comme ici. Après quelques batailles, nous trouvons la route
pour les monts Mandala. Kourgui, Koza, Mokolo, Mogode, la piste se fait sinueuse et serpente entre
les collines empierrées avec comme point d'orgue Djinguila qui nous offre un
spectacle magnifique. Les cases toutes rondes faites de pierres se fondent dans
les pentes recouvertes de
roches, parfois on les distingue à peine. Les montagnes elles aussi sont
travaillées de façon minutieuse et on peut admirer toutes les terrasses
empierrées qui sculptent les parois.
Notre ballade se termine au célèbre site de Rhumsiki connu dans tous le pays
pour ses pics montagneux très caractéristiques. Malheureusement pour nous, les fameux pics
sont noyés dans la poussière et l'endroit se révèle très touristique
surtout avec sa cohorte de guides en tout genre. Nous aurions préféré bivouaquer
mais la région n'est pas recommandée pour cela, le Nigéria étant tout proche
et de toute façon on n'a pas trouvé d'endroit qui s'y prête. Nous voilà donc
au fond d'une cour d'auberge qui fait camping dans des conditions plutôt
limite.
Vendredi 19 Mars
Tôt le matin, Daniel, le guide de l'auberge avec qui nous avons passé la
soirée la veille, met un point d'honneur à nous montrer brièvement son
village. En fait il fait son son circuit habituel et la brève
ballade annoncée s'est transformée en visite de plus d'une heure. Rhumsiki n'a rien de plus que tous les villages qu'on a vus jusqu'à maintenant.
Nous continuons notre descente en longeant toujours la frontière avec le
Nigéria. Les paysages sont souvent très beaux malgré la poussière
envahissante.
Nous nous arrêtons juste à Garoua pour faire le ravitaillement complet et
nous continuons le goudron. Juste avant la tombée de la nuit nous
prenons une piste en direction des monts Alantika pour trouver un endroit pour bivouaquer.
Nous traversons quelques villages où les habitants
semblent bien étonnés de nous rencontrer. Peu à peu, la forêt reprend
ses droits et la piste en travaux devient pénible. A un moment, on passe devant un ensemble de boukarous qui
ressemble à un campement. On y rentre et on est accueilli par un toulousain. il
nous explique que c'est un camp de chasse et que seuls des chasseurs peuvent y
être hébergés afin de respecter la réglementation très stricte à ce sujet.
Nous devons donc repartir et on se retrouve à
chercher un bivouac à la lumière des phares, situation pas facile qu'on essaye
d'éviter au maximum. A un détour de la piste, nous nous engageons dans une
brèche et slalomons à travers la végétation touffue, dérangeant au passage
une antilope. On s'installe en prenant soin d'éteindre
toute lumière à chaque passage de véhicules sur la piste.
Samedi 20 Mars
A Finyolé nous prenons à droite pour continuer vers Tchamba. Toute cette région reculée est consacré à
la culture du coton. La récolte est transportée jusqu'au lieu de stockage avec
ce que j'appelle des "charrettes à bras" tirés par les paysans
eux-mêmes. On trouve des cotonniers en plein travail
de préparation du chargement de leur marchandise qui est vendue 185 CFA le kilo
cette année (soit 0,28
euros). Ils auraient pu en tirer un meilleur prix mais la piste a été
réparée trop tard et les gros camions oranges de la société
d'exploitation du coton n'ont pas pu venir chercher la récolte à temps, au mois de
février.
La piste devient de plus en plus étroite, pénible et de moins en
moins fréquentée et habitée. Peu avant Tchamba, nous tombons sur le lit presque asséché d'une grande rivière.
Une fois de plus, le pont présent sur la carte n'existe pas dans la réalité.
On descend de la voiture pour observer le terrain. Tchamba et les monts Alantika
sont de l'autre côté. Le début de la piste qui traverse la rivière est
tapissé de paille comme pour montrer le passage. On tâte le terrain à pied,
le sable est porteur et les traces fraiches de véhicules montrent que c'est
utilisé. Nous traversons donc le lit de la
rivière, avec de temps en temps quelques rus peu profonds à traverser. Je ne vous raconte pas la tête des habitants de
l'autre rive quand ils nous voient débarquer !
Après un petit tour dans la belle forêt de boababs, nous retournons à
Tchamba pour trouver la bonne piste pour les monts Alantika. Plus
loin nous embarquons une jeune passagère qui en même temps
nous guide jusqu'au village de Wangai. Comme on est
tout proche du Nigéria, les policiers pensent qu'on veut traverser la
frontière et on doit se plier au rituel de l'enregistrement. On
apprend que les touristes viennent ici pour faire du trecking dans monts Alantika réputés pour
abriter des villages reculés où certains habitants vivent encore nus. Tout ça
ce n'est pas pour nous et après être allé saluer le chef coutumier du village
nous faisons demi-tour mais cette fois-ci en prenant la nouvelle piste avec un grand pont qui
enjambe la rivière. On comprend mieux maintenant la tête que faisaient les
villageois de Tchamba !
La piste qui suit ne se révèle pas à la
hauteur du superbe pont à double voie que nous traversons avec étonnement, elle devient même pire que celle par laquelle on est
arrivés ce matin. On ne croise absolument personne car on longe une réserve
naturelle. Au bout de plusieurs dizaines de kilomètres, nous retrouvons enfin une piste
meilleure, plus roulante. Avant Finyolé on cherche la piste qui nous permet
d'aller directement à la vallée des Rosniers. Une fois de plus nous nous en
remettons à l'aide des villageois qui nous mettent sur la bonne voie. Les
nouveaux paysages que nous contemplons sont absolument superbes. De nouveau nous
serpentons entre les montagnes plantées de magnifiques palmiers. La lumière de
fin d'après-midi est parfaite pour mettre en valeur les villages et leur
environnement. On aimerait bien bivouaquer au milieu de ce petit paradis mais
c'est impossible. Nous quittons les lieux à regret.
Les montagnes se
transforment en colline et les palmiers font place aux champs cultivés.
Toujours pas de coin de bivouac en vue. Par contre on croise furtivement une
vieille femme accompagnée d'un garçon. Elle est vêtue d'un simple pagne de
feuilles vertes et d'un collier avec une amulette. Beaucoup de personnes
marchent le long de cette piste : il y a dû avoir un marché dans les parages.
La région est très habitée et on est obligé de continuer jusqu'à la grosse bourgade
voisine de Poli où on trouve enfin un champ derrière une colline : parfait pour passer la nuit qui est déjà
tombée d'ailleurs.
Dimanche 21 Mars
Nous revenons sur nos pas à Poli espérant trouver une autre piste qui traverse
une autre vallée mais en vain. A la gare routière, j'aperçois un homme
armé d'un fusil mitrailleur dans un mini-bus. Cela réveille notre vigilance et
notre stress. On récupère le goudron de la Nationale 1 un peu plus loin et c'est à midi
qu'on arrive à Karna petit village qui est spécial pour nous. En effet, la
femme d'un cousin à David a une tante Jeanine qui est soeur dans la mission
catholique de Karna (tout le monde a suivi ?). Outre le plaisir de rencontrer
une connaissance indirecte, nous avons pour mission de lui remettre un petit colis de sa
nièce qui a voyagé depuis presque trois mois avec nous !
Mais on est dimanche, ce qu'on avait complètement oublié et ce n'est
sûrement pas un jour de repos dans une mission. On poursuit donc jusqu'à N'Gaoundéré
pour revenir demain. La route est bien roulante jusqu'à arriver à une montée rude et
longue. Dans la pente, sur le bas côté on voit 2 hommes en civil armés d'un
fusil mitrailleur. La voiture devant nous les saluent : ça doit être les
gentils. La montée dans la montagne semble interminable, surtout pour les
camions qui avancent au pas quand ils avancent encore. Des carcasses gisent au
fond des ravins sans parler de ceux qui en panne encombrent la chaussée.
A N'Gaoundéré, le repas avalé, nous allons visiter le palais du Lamidat,
le seigneur de la région qui a des fonctions officielles
reconnues. Mais nous devons attendre la fin de la prière pour trouver quelqu'un
qui finalement nous fait une visite express des lieux. Intéressant quand même
mais ça aurait été mieux de voir le lamido, sa cour et ses nombreuses épouses.
On repart vers la mission à
Karna en espérant que Jeanine y sera. Mais à notre arrivée, c'est le gardien
qui nous accueille car toutes les soeurs sont sorties. Elles arrivent à la nuit tombante,
et nous font rentrer. Malheureusement pour nous, Jeanine est partie à Tignere avec sa filleule
Sophie qui l'a rejoint pour ses vacances.
Nous passons la soirée avec Virginie, Yvonne et Jacqueline. Virginie est depuis 39 ans soeur et infirmière au
Cameroun, et elle détient probablement le record de tenue au Lariam : 1
comprimé par semaine depuis 8 ans et elle est en pleine forme. Elle travaille
au dispensaire avec Jeanine. Yvonne est soeur
à l'Université de N'Gaoundéré et prend un peu de repos à Karna depuis
l'agression de leur communauté, nous confirmant ainsi la forte montée de la
violence dans les villes. Jacqueline est aussi depuis de nombreuses années en
Afrique, principalement au Congo Kinshassa d'où ils ont été obligés de fuir
pendant la guerre en perdant quasiment tout. Chacune d'elles à travers son
histoire et ses anecdotes nous permet de saisir une nouvelle facette de
l'Afrique. La soirée passe très vite,
vivante et joyeuse.
Lundi 22 Mars
Nous passons la matinée occupée pour ma part à travailler sur l'ordinateur
pendant que David s'acharne sur son système de gonfleur de pneus, grippés par
le sable et le fech-fech du Tchad. Jeanine et Sophie arrivent en début
d'après-midi. C'est une heureuse rencontre attendue des deux côtés depuis
longtemps. Sophie est aussi infirmière et vient pour la deuxième fois passer
ses vacances au Caméroun avec sa tante. Nous passons l'après-midi à parler de
tout et de rien et c'est dans une ambiance chaleureuse et familiale que nous
préparons le repas du soir avec au menu du confit de canard que nous faisons
goûter à nos hôtes. Nous passons encore une super soirée avec ces personnes
si pleines de vie et d'énergie.
Mardi 23 Mars
Nous quittons notre
petit monde à regret dans la matinée mais il faut continuer. A N'Gaoundéré nous laissons le goudron pour prendre la piste pour Tibati.
Nous roulons à travers la forêt très verte ce qui est vraiment
rafraîchissant après la poussière et le sable du Nord du pays. Nous
traversons de très beaux villages avec de grosses huttes rondes au toit de chaume qui
descend presque au niveau du sol.
Nous tentons un raccourci qui nous permet de gagner environ 70 kilomètres mais la piste est très dure et qui
plus est sinueuse. La majorité des véhicules que nous croisons sont des
camions qui prennent toute la largeur de la route, plutôt stressant dans les
virages et les sommets de côtes ! Quand nous retrouvons enfin le goudron il se révèle pire que la piste
que nous venons de quitter avec des trous véritablement énormes sans parler du
péage qu'il
faut payer !
Mercredi 24 Mars
Nous poursuivons notre route vers Banyo petite ville où un douanier ivre
nous arrête, convaincu que nous voulons partir au Nigéria. Il est vrai qu'on
s'est un peu planté de direction mais forcément pour expliquer la situation ce
n'est pas évident. En plus il est myope donc pour nous enregistrer c'est assez
laborieux mais il a quand même pitié de nous et il nous dessine un plan pour
sortir de la ville vraiment basique.
Une fois sur la bonne voie, on retrouve de la piste avec du goudron par
intermittence et on s'arrête une soixantaine de kilomètres avant Foumbam pour
camper.
Jeudi 25 Mars
Foumbam est une grande ville étalée sur plusieurs collines. Nous y visitons
le palais royal qui contient des témoignages très intéressants et très beaux
sur la vie et les cultes des Bamoum, rassemblés par les derniers rois. Beaucoup
de masques, d'armes et de tenues ainsi que des inventions du grand-père du
souverain actuel qui était un homme vraiment ingénieux.
C'est de Foumbam que nous démarrons le parcours de la Ring Road. La piste
est très fréquentée et c'est une région montagneuse mais très peuplée. La
moindre parcelle de terre est exploitée. Plantations, pâturages pour les
zébus ou même forêt d'eucalyptus, tout est travaillé par la main de l'homme
et cela donne des paysages fantastiques. C'est la patrie des Bamiléké très
gentils et très travailleurs. Le seul problème c'est pour trouver un endroit
pour bivouaquer. Peu avant Nkambe à la tombée de la nuit, on s'installe à
l'orée d'un bosquet d'eucalyptus sur une petite piste.
Vendredi 26 Mars
Dès le lever du jour, beaucoup de gens
passent dans tous les sens, empruntant les nombreux sentiers dispersés dans la montagne.
Ils nous saluent normalement bien que très étonnés par notre présence.
Nous continuons la Ring Road, toujours aussi agréable. Après Missaje, la
piste devient plus étroite mais la région moins peuplée : on aurait
facilement trouver n bivouac ici. Puis nous entrons
dans une réserve. Les paysages sont totalement différents car c'est la nature
qui a repris le dessus. On n'y croise personne et la piste est même bien
secouante par endroit. On longe une rivière, c'est très bucolique.
Une fois la réserve traversée nous arrivons à un croisement d'où part une superbe piste toute neuve
vers le lac
de Nyos, tristement célèbre pour la catastrophe volcanique de 1986 à
l'origine de sa création. Au bout de la piste nous sommes accueillis par
un camp militaire qui officie aussi en tant que guide touristique dans des
conditions douteuses. On essaie d'aller seuls jusqu'au lac mais ce n'est pas
possible et ça sent le bakchich à
l'arrivée.
Du coup on retourne sur nos pas sans avoir vu ce phénomène.
Nous retrouvons notre petite piste misérable après cette incursion vers
Nyos. Au fur et à mesure que nous progressons l'état de la piste se dégrade
pour devenir horrible et très étroit avec de jolis ravins sur les côtés. Les
ornières ravinées par l'eau forment de très beaux passages trialisants : quel
contraste avec la grande piste toute
neuve et très roulante qui mène à Nyos.
On arrive enfin à We puis Wum sous les regards surpris des villageois. On retrouve
une grande piste ainsi que les contrôles de police et c'est un gendarme complètement ivre qui
nous interpelle. Il a décidé qu'on arrivait du Nigéria tout proche et qu'on
doit de ce fait faire les formalités ici. Vu son état, ce n'est pas la peine d'espérer grand
chose. Nous voilà, en train de suivre notre gendarme en moto taxi, explorant
les buvettes du coin pour trouver le chef spécial de la police. Après une
petite explication, ils nous lâchent enfin et on peut apprécier les superbes paysages encore
différents que l'on rencontre de ce côté de la Ring Road. Comme la région
est de nouveau très peuplée, on tente les chemins de traverse vers Mbengwi
pour éviter Bamenda. La piste est très difficile et les bivouacs impossibles
à trouver jusqu'à cette piste qui monte dans une forêt. On s'y engouffre et
on trouve une petite place sur le côté. Nuit tropicale dans la jungle.
Samedi 27 Mars
Au petit matin, pas mal de monde vient nous voir déjà informés de notre
présence. On reprend notre horrible petite piste pour revenir sur Bamenda puis on pousse jusqu'à Baffoussam.
Comme on retrouve l'asphalte, on offre une grande toilette à Totoy. Puis on attaque
la conduite sportive pour Limbe. Les
bords de route sont constamment habités mais les maisons
en bois remplacent les cases de terre. L'atmosphère est de plus en plus humide et le ciel gris et bas.
On quitte de nouveau la route principale pour la piste en direction de Kumba.
Au début on passe d'immenses plantations de bananiers puis de papayers. Les
seules personnes qu'on croise sont les travailleurs des plantations. Le ciel est de plus en plus menaçant et le jour décline très
vite. On s'installe sur la berge d'une rivière pour
passer la nuit. Les rives sont superbes avec les arbres immenses de la forêt
tropicale. Ca serait le paradis si des hordes de simulies n'avaient pas décidé
de nous harceler. L'orage gronde, il commence même à
pleuvoir au moment où on installe les moustiquaires. Puis finalement, tout se
calme et les lucioles sortent et nous font un véritable festival de petites
lumières dans une obscurité profonde.
Pendant toute la nuit, on entend le trafic des véhicules qui tressautent sur
le pont. On entend aussi ceux qui postés à la sortie du pont interpellent les
taxis pour rentrer chez eux en hurlant le nom de leur destination.
Dimanche 28 Mars
Il fait très lourd de bon matin et le moindre geste coûte.
Juste quand on sort du pont on entend "Kumba Kumba" et ont voit un paysan qui
attend sur le bord de la route avec ses régimes de bananes. Il a dû passé la nuit
ici et avec son chargement. On met les régimes sur la galerie et on l'amène :
Totoy a vraiment le look local maintenant. La piste traverse des champs et des champs de cacaoyers, de
bananiers dans la plaine tandis que la forêt reprend un peu de ses droits sur
les coteaux. On franchit aussi des plantations d'hévéas.
On arrive à Kamba où
ou retrouve le goudron mais en très piteux état. On y laisse notre paysan qui
rentre à sa maison qui se trouve quand même à une bonne vingtaine de kilomètres de
sa plantation. Au fur et à mesure qu'on se rapproche de la
côte c'est de plus
en plus humide et le revêtement s'améliore.
Limbé : enfin la mer. On mange dans une gargotte de poisson grillé puis
cybercafé avec des machines qui datent d'un temps révolu mais c'est mieux que
rien pour les mails. On part à la recherche de notre point de chute
près de la mer. On entrevoit à peine le mont Cameroun sous les nuages et la
forêt humide succède aux plantations de palmiers. Une coulée de lave barre la
route, on est arrivé à Mile 11 une plage réputée avec hôtel 3 étoiles où on
négocie la possibilité de camper pour quelques jours.
Première chose plonger dans les eaux chaudes de l'Atlantique : un vrai bonheur pour se
rafraîchir et le site est parfait pour se prélasser pendant les prochains
jours.
Lundi 29 Mars au Mercredi 31 Mars
Nous profitons pleinement de notre lieu de villégiature : une
petite rivière d'eau fraîche coule devant notre "jardin" avant de se
jeter dans la mer. Juste après, la plage de sable noir volcanique, bordée de
cocotiers et de mangrove, s'étale à perte de vue. Seuls les forages
pétroliers qu'on aperçoit au loin, font une concession à la modernité. Nous
nous partageons, comme pour chaque pause dans notre voyage, entre farniente et
travail. La chaleur est souvent étouffante mais de temps en temps une
fraîcheur toute relative survient après la pluie. Ce sont nos premières
véritables pluies depuis 3 mois, et en plus ça se passe la nuit, plutôt bien
organisé !
Le mercredi midi, on quitte notre petit paradis pour en rejoindre un autre à
Kribi. Nous avalons les kilomètres sur la longue route goudronnée qui y mène
en passant par Douala que nous préférons éviter. La route après
l'embranchement pour Yaoundé est d'un asphalte superbe. Quasiment personne
dessus ni à côté d'ailleurs. Le long ruban noir se déroule à travers
l'épaisse végétation d'un vert intense. C'est dans la nuit que nous arrivons
à Kribi dans notre nouveau camping.
Jeudi 1er Avril au Dimanche 4 Avril
Au petit matin, nous découvrons notre nouvel environnement, complètement différent de Limbé mais tout aussi agréable.
Pendant notre séjour je travaille tandis que David inspecte les plages aux alentours
et se remet au footing.
On se sent un peu comme chez nous et il y a même un chat qui nous permet de
nous rappeler un peu de notre Murzouk qu'on a dû laisser en France, sans l'égaler bien
sûr !
Le samedi il pleut et le temps reste couvert donc on reste sur place.
Comme c'est le week-end, les citadins camerounais et occidentaux viennent
s'oxygéner ici et on les comprend. Le soir on fête l'anniversaire de David en s'offrant un bon
repas au resto.
Le dimanche
sous un soleil de nouveau éclatant on part se promener sur la côte.
Malheureusement on ne voit pas trop la mer sauf à Grand Batanga où une nuée de gargottes se
succèdent sur des plages quasi désertes. On fait
demi-tour avant que la piste n'empire trop et on se paye un repas aux langoustes
sur une des plages de sable blanc aux
cocotiers, un avant goût du paradis.
On passe aux chutes de Lobé où on se fait sauter dessus limite demi-tour mais
on résiste et on parvient à aller voir ces superbes chutes d'eau qui se
jettent dans la mer.
Le lundi matin on quitte à regret notre cadre enchanteur pour Yaoundé où nous
avons pas mal de choses à faire.
Lundi 5 Avril au Mercredi 7 Avril
Nous arrivons à la capitale mais aucun panneau pour se repérer. On se faufile
parmi l'armada de taxis jaunes qui représentent facilement la moitié du
traffic dans la ville. On tourne en rond un bon moment dans le quartier des
ambassades pour trouver celle du Gabon. Dans le coin ils commencent à nous
connaitre tellement on est passé et repassé dans chaque ruelle. Le temps
de manger et on récupère nos visas. Nous faisons la même opération pour le
Congo Brazza, ça nous laisse le temps de faire pas mal d'autres courses.
Le mardi matin, David, depuis le temps qu'il attendait ce moment, va tester
le golf de Yaoundé et moi, je vais faire la mise à
jour du site. Comme nous venons de chercher nos passeports avec visas du Congo,
nous profitons de la rapidité imprévue de ces formalités pour nous
consacrer à une tâche à priori anodine : changer notre petite bonbonne
de gaz. Ca n'a l'air de rien mais c'est un vrai parcours du combattant qui
commence.
Nous parcourons toute la ville de revendeur en revendeur puis
de station en station puis de dépôt en dépôt. Chaque fois, ce n'est plus
possible mais ils nous renvoient toujours sur un endroit où ils pensent que ça
pourra se faire. On va même au dépôt principal de la ville pour faire remplir
la bouteille mais il leur faut un bon de commande. C'est comme ça qu'on visite
presque tous les quartiers de la capitale. De dépit, on retourne faire quelques
courses et on trouve un numéro à appeler pour recharger des bouteilles de gaz
similaires. C'est reparti pour un tour. On appelle mais ils ne
le font plus et ils nous renvoient vers une boutique à côté d'une grande boulangerie près du Grand
Marché. On se perd un peu bien sûr mais ça nous donne l'occasion de retrouver
un couple de Hollandais qui voyagent en
4x4 et qu'on a déjà rencontré au Bénin.
Le mercredi matin, David part pour l'entretien de la voiture et moi je
continue l'entretien de notre site web ! Nous faisons une dernière tentative
pour notre bouteille de gaz au meilleur magasin de bricolage de la ville mais en vain.
Nous partirons donc demain en utilisant notre système de secours pour la
cuisine.
Jeudi 8 Avril
Nous partons tôt de la capitale par une route goudronnée agréable au
milieu de la forêt. Les maisons en bois longent la route et on voit souvent du
gibier en suspens au bout d'un bâton devant les habitations : varan, singe,
antilope et autres bestioles plus ou moins reconnaissables.
Nous arrivons peu avant Kye Ossi devant une rivière : il faut prendre le bac
et il y en a deux. On veut prendre le bac public mais les gens nous disent qu'il n'est pas pour les
Blancs, que pour les Noirs. David réussit à obtenir l'autorisation nécessaire
et finalement on prend celui de la compagnie qui construit le pont et la route
qui suit.
A Kye Ossi, petit village endormi, nous faisons les formalités facilement.
Juste qu'il faut aller chercher le chef en zem pour avoir le tampon mais on
commence à avoir l'habitude. Le Gabon nous ouvre ses portes.
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