Arrivé à Ceuta
Jeudi 8 Avril
Nous effectuons les formalités d'entrée assez rapidement même si nous
devons les compléter à Bitam, au service de documentation. La piste est en
travaux, et de nombreux points de contrôle sont présents. Arrivés à Bitam,
nous retrouvons le goudron mais aussi les tracasseries puisqu'on doit
recommencer les formalités. Heureusement, le petit maquis du coin où nous
déjeunons nous fait découvrir une facette plus sympathique.
Nous entrons à Oyem alors qu'il fait presque nuit et nous recherchons une
mission catholique pour nous héberger. Après plusieurs demi-tours, nous
trouvons une dame qui nous y conduit. Mais on tombe mal, car c'est le Jeudi Saint de Pâques et il y a une célébration
spéciale pour l'occasion. Tout le monde est affairé mais on arrive à capter
l'attention d'une soeur espagnole. Le foyer d'accueil est complet mais elle se
débrouille pour nous trouver un coin de leur cour ainsi qu'une douche et des
toilettes.
On est très content et même si la forte pluie nous oblige à rester dans la
voiture et nous y faire à manger, on passe une bonne soirée.
Vendredi 9 Avril
Le matin nous permet de faire plus ample connaissance avec nos hôtes,
plus particulièrement Eliana que nous avons vu hier soir et Line qui est belge
et qui est responsable de l'établissement. Elles font un travail formidable et
comme toujours sont d'un enthousiasme contagieux. Autant nous trouvons leur action extraordinaire,
autant elles trouvent notre voyage incroyable !
Au
hameau de Lara, nous laissons l'asphalte pour une petite piste pas très large
censée nous mener à Bouué. De là, on espère prendre le bac, s'il existe et
qu'il fonctionne, pour rejoindre la piste principale qui va à Franceville. La
piste s'enfonce dans la forêt équatoriale et serpente à travers les collines
boisées. Il y a peu de circulation et essentiellement des grumiers. Ces camions
chargés de troncs d'arbres de bois exotiques sont les rois de la piste avec
leur cargaison encombrante qui prend toute la largeur de la piste. Quand ils
déboulent devant vous, il n'y a qu'une seule option, se jeter sur les bas
côtés.
On s'arrête casser la croûte mais David se fait littéralement dévorer
par des bestioles inconnues jusqu'alors. En quelques minutes, ses
bras, ses chevilles et ses jambes sont recouverts de cloques qui le démangent
énormément. Et moi, rien du tout, étrange, pour une fois les
insectes ont préféré s'acharner sur lui. On reprend la piste, David passant une bonne partie de son temps à alterner
sa conduite pour pouvoir se gratter !
Dans l'après midi nous avons un moment
très important et émouvant pour nous : nous franchissons l'Equateur avec notre
Totoy, j'ai du mal à y croire et pourtant c'est vrai.
On arrive enfin à Bouué
où les gens nous indiquent où trouver le bac : un bon point il existe. On
parvient à ce qui peut ressembler à un embarcadère. On trouve le passeur et
on s'embarque sur la superbe rivière : deuxième bon point, le bac marche, il
est même plutôt récent et en plus c'est gratuit. On offre quand même une
bière fraîche à notre équipage.
On débarque sur une piste qui semble encore plus petite que celle qu'on
vient de quitter. Elle pénètre au plus profond de la forêt qui parait
maintenant immense. Les rayons du soleil peinent à traverser l'épais rideau de
verdure offrant ainsi des jeux de lumière féeriques. La ballade est géniale
et on se sent vraiment tout petit. On réussit à trouver un petit endroit plat
et dégagé non loin d'une rivière. On s'installe pour bivouaquer. On se fait
envahir par de petites abeilles pacifiques qui cèdent la place aux moustiques
lorsque la nuit tombe. Cela ne nous empêche pas d'apprécier ce bivouac en pleine
jungle. On se laisse imprégner par les bruits ambiants tandis que l'obscurité profonde s'installe.
Pendant qu'on mange on entend de gros craquements de branches pas très loin.
Soudain on entend un plus fort plus proche et un barrissement qui semble venir
sur nous. Gurps on n'y voit rien à plus de 3 mètres et c'est incontestablement
un éléphant ! On tend l'oreille mais impossible de distinguer un bruit dans le
vacarme des grillons, cigales et autre insectes. J'ai le coeur qui bat à cent
à l'heure. On plie toutes nos affaires sensibles et on se tient prêt à
décamper. David sort le projecteur pour scruter la piste d'où le bruit vient,
mais plus rien. Peu à peu la soirée reprend son cours. On se couche en ayant
encore cette émotion intense dans la tête.
Toute la nuit on entend des craquements et grincements, des branches qui
tombent. Notre sommeil est bien agité, on a tellement envie de voir
l'éléphant qu'on en rêve tous les deux la nuit mais était-ce vraiment un
rêve ?
Samedi 10 Avril
Dès notre lever, nous nous mettons en quêtes d'indices sur notre
éléphant. Nous trouvons surtout de nombreux passages de la piste vers la
forêt. Nous repartons sur cette formidable petite piste,
où régulièrement on rencontre des crottes de pachydermes sur la piste ou des
branches cassées et même des arbres arrachés mais pas de grosses bestioles à
l'horizon, ça serait pourtant un beau cadeau pour mon anniversaire !
Alors que les cloques que David avait ont disparu, des
plaques rouges qui démangent fortement apparaissent partout sur mes bras et
mes
jambes. Il semblerait que les insectes d'hier midi nous provoquent des
réactions très différentes, je n'ai donc pas échappé à leur voracité.
On rejoint la piste principale qui part vers Franceville. C'est une superbe
piste qui longe à plusieurs reprises des rivières qu'on a du mal à apercevoir
tellement la végétation est dense. C'est un monde à deux dimensions : l'eau
et la forêt.
Il y a toujours aussi peu de circulation et même les grumiers se font rares.
A Boundji, on a le malheur de s'arrêter pour prendre des jeunes en stop
jusqu'à Lastourville distante d'une trentaine de kilomètres mais
ils sont trois et apparemment ont noyé leur attente dans le kaï kaï. Comme on n'a vu aucun taxi brousse depuis Bouué, on a
eu pitié
d'eux et ils nous remercient avec une énergie très expressive ! Bref,
comme on dit chez moi, ils nous mettent la tête comme une pastèque. En plus,
la piste est dans un état assez pénible et on est très soulagé d'arriver à
Lastourville qui s'avère être une grosse bourgade empoussiérée à
l'activité déclinante : plus d'hôtel, plus de restaurant, plus de station
service.
A notre halte déjeuner, on se fait de nouveau attaquer par les mêmes bestioles que la
veille. Elles sont minuscules : un peu comme des moucherons noirs de 1 à 2
millimètres de long maxi mais à l'efficacité redoutable. Ce sont les célèbres "fourous" qui peuvent parfois
transmettre la dengue à ce qu'on nous a dit.
Mounana est une ancienne ville minière d'uranium qui, à ce titre,
bénéficie d'une belle route goudronnée qu'on apprécie avec plaisir.
Mais nous continuons jusqu'à Moanda où David, sur les conseils avisés de
notre ami Bernard, espère
profiter d'un des plus beaux golfs de l'Afrique de l'Ouest. En fait, il fait partie du complexe sportif de la
Comilog, la société d'exploitation des mines à ciel ouvert de manganèse de
Moanda. Il n'y a personne, nous poussons jusqu'au centre équestre où nous
sommes accueilli par Pierre qui nous propose très gentiment de rester sur les
lieux pour passer la nuit bénéficiant ainsi d'un cadre particulièrement agréable.
Dimache 11 Avril - Pâques
On discute pas mal de temps avec Pierre qui s'occupe du centre équestre et
nous parle un peu de la région, de ses habitants et de ce qu'il y a à voir.
Merci encore à Pierre de nous avoir hébergé. Au golf toujours personne et
pour cause, il y a une compétition ce week-end à Franceville. Hop, direction
Franceville à une soixantaine de kilomètres. On tourne un peu en rond mais on
finit par arriver au golf vers midi. Quelqu'un nous demande ce qu'on veut, David
explique son cas et on se retrouve invité par Alain à carrément rester chez
lui pour quelques jours si on le désire. En plus il se débrouille avec tout le
monde pour que David puisse faire sa partie de golf, la compétition étant
terminée. On n'en espérait pas autant !
En fin d'après midi, Alain nous guide à sa maison qu'il laisse entre nos
mains, car il doit organiser la soirée clôturant la compétition de golf. Nous
apprécions à sa juste mesure, l'espace et le confort dont nous bénéficions.
Lundi 12 Avril
On discute avec notre hôte. Lui aussi a traversé une bonne partie de
l'Afrique il y a plusieurs années en sac à dos. Il a ensuite travaillé dans
différents pays comme le Congo Brazza et le Gabon actuellement. Bref, le moins
qu'on puisse dire, c'est qu'il connait bien ce continent. Il nous encourage à
aller voir le cirque de Lekoni, non sans avoir au préalable, organisé pour
nous la possibilité de prendre un guide sur place qui fera aussi office de
gardien pour la voiture. En effet, il est très courant de se faire dévaliser
la voiture là bas et tout le monde nous a bien mis en garde sur ce point. Le
goudron qui mène à Lekoni est dans un état lamentable mais les paysages sont
très beaux. Arrivés sur place, on retrouve notre guide qui nous aiguille au
milieu de toutes les pistes qui partent dans tous les sens. Ce n'est pas
évident de s'y retrouver et ce sont de petites pistes parfois étroites et
ensablées.
Le site du cirque de Lekoni est vraiment superbe, dommage que le soleil ne
soit pas au rendez-vous. Malgré les quelques gouttes qui commencent à tomber,
on ne regrette pas notre petite expédition. On repart vers Franceville, en
essuyant au passage une bonne grosse averse tropicale. On invite Alain au resto,
mais le choix est très limité et celui qui est considéré comme le meilleur
de la ville est fermé pour congés. On se rabat donc sur l'un des deux seuls qui est
ouvert !
Mardi 13 Avril
Dans la matinée, nous visitons la brasserie d'Alain, découvrant ainsi les secrets de
la fabrication et de la mise en bouteille de ce breuvage qui nous accompagne
depuis notre départ : la bière.
Grâce au carnet d'adresses d'Alain, nous avons rendez-vous dans l'après
midi au CIRMF que nous avons le
privilège de visiter en partie. Comme nous l'explique son responsable, c'est un
centre international de recherche sur les primates mais surtout sur les maladies
équatoriales : le paludisme, le Sida et la fièvre Ebola, bref, que des choses
sympathiques. Il nous fait part de la difficulté spécifique à chaque maladie
de comprendre son mécanisme et de là, la possibilité de guérir et de
prévenir avec si possible un vaccin. L'ampleur de leur travaux est
véritablement impressionnante et il se montre assez optimiste pour la mise au
point d'un vaccin contre Ebola, beaucoup moins pour celui contre le paludisme et
nous indique les autres axes de recherches possibles pour le sida. Bien sûr, nous ne
pouvons pas voir les laboratoires, les conditions d'accès étant draconiennes.
Pour mémoire, le virus Ebola peut se transmettre par simple contact avec une
personne malade ou de la viande infectée et le taux de mortalité varie de 50%
à 90% suivant les souches ! Par contre, il nous montre la partie réservée aux
primates, nous permettant ainsi d'admirer un "dos argenté", un grand
gorille mâle, qui dégage une impression de force et de puissance incroyable.
Il nous fait part aussi des nombreuses difficultés auxquelles le centre est
confronté et des défis vitaux qu'ils doivent relever à l'avenir. Vraiment un
énorme merci à ce monsieur qui nous a consacré du temps alors que le climat
dans le centre était particulièrement tendu.
Mercredi 14 Avril
Nous faisons nos adieux à Alain qui à maintes reprises nous a montré son
sens de l'hospitalité rare. Grâce à lui, notre séjour à Franceville a été
particulièrement enrichissant, et ce, sur tous les plans. Mais nous devons
continuer notre périple. Nous repartons en sens inverse pour remonter jusqu'à
Libreville. Maintenant nous connaissons bien le trajet, fastidieux mais pas bien
difficile. En route on s'arrête de nouveau à Moanda pour saluer Pierre mais il
est absent. On en profite quand même pour faire un tour sur le golf qui offre
des paysages magnifiques.
On avale les kilomètres et on
s'arrête en pleine forêt au sud de la réserve de la Lopé, pour
bivouaquer. Une fois de plus, on a droit a une invasion d'abeilles ce qui est
logique car nous sommes dans la "Forêt des Abeilles". A la tombée de la nuit, on entend
de nouveau les craquements si
caractéristiques des éléphants qui cassent les branches des arbres pour se
nourrir ou se frayer un passage dans la végétation dense. Mais on a aussi
droit à un festival de toucans et de lucioles, ce qui nous occupe une bonne
partie de la soirée.
Jeudi 15 Avril
Les abeilles s'avèrent plus matinales que nous et sont très
nombreuses quand on se lève. Heureusement elles sont toujours aussi
inoffensives. Nous partons à la réserve de la Lopé. A l'entrée, on nous
redirige vers le grand hôtel du coin car c'est eux qui organise tout. Il est malheureusement impossible de se rendre dans la
réserve avec son véhicule personnel et les tarifs proposés nous font renoncer
à la visite. En tous cas, on n'est pas venu pour rien car on a pu admirer le
site superbe de leur emplacement. Nous nous rendons ensuite à Ecofac pour
tenter notre chance pour des gorilles mais cela ne semble pas être possible non plus
même si on s'y rend avec notre voiture. Du coup, déçus, nous continuons sur
Libreville.
Les paysages sont encore une fois magnifiques. Les rivières de tout gabarit
sont omniprésentes mais ce qui nous étonne le plus ce sont les immenses
clairières qui surgissent au milieu de la grande forêt. C'est une coupure
tellement surprenante que ça ne semble pas naturel. En tous cas, c'est
superbe.
Le goudron réapparait à Bifoun et nous arrivons en fin d'après midi
dans les embouteillages monstrueux de la capitale au milieu d'une foule
incroyable qui s'étale dans tous les marchés qui semblent environner la ville.
On commence notre recherche de logement et comme on n'a pas d'adresses
recommandées ce n'est pas évident. En plus, une énorme orage survient. En
quelques minutes, les rues sont transformées en torrent, la circulation devient
impossible à certains endroits pour les voitures classiques. En fait c'est ici
que nous avons traversé les plus gros passages à gué de l'Afrique !
On doit s'arrêter très souvent pour demander des renseignements et je suis
complètement trempée en quelques secondes sous cette pluie torrentielle. Même
une douche n'est pas aussi forte ! Toujours est-il que tant bien que mal, nous
finissons par trouver un hôtel un peu defraîchi mais avec des tarifs assez
raisonnables pour une ville réputée comme étant l'une des plus chères du
monde.
Vendredi 16 Avril
Nous démarrons très tôt la journée pour faire notre demande de visa pour
l'Angola au plus vite mais nous passons encore une fois (décidément !) beaucoup de temps pour
trouver l'ambassade. A notre décharge, il faut dire qu'il n'y a ni
drapeau du pays, ni plaque officielle sur le bâtiment, forcément ça n'aide
pas.
On nous fait asseoir dans un salon et on attend. Après nous avoir un peu
oublié, on s'occupe de nous et après quelques dernières péripéties, on
remplit les papiers nécessaires et on attend notre sort. Ca nous donne
l'occasion de discuter et de sympathiser avec la secrétaire. Elle nous aide à négocier le type et la durée du
visa et nous dit
d'attendre encore car notre dossier a des chances d'être traité en suivant. On
accepte volontiers car les visas touristes n'existent pas. Au bout de 4 heures d'attente dans l'ambassade,
nous ressortons heureux avec nos passeports et visas pour l'Angola.
Nous déjeunons assez tard dans l'après midi dans un resto populaire de la
capitale et nous faisons ensuite notre ravitaillement en denrées en tout genre.
En fin d'après midi, nous filons vers le Cap
Estarias pour y passer le week-end. La route est dans un état pitoyable et il
faut vraiment être motivé pour y aller.
Au village du cap, nous trouvons une auberge qui accepte de nous accueillir
en camping. Nous sommes enchantés, un peu moins lorsque la nuit tombe et que le
groupe electrogène commence à vrombir jusqu'au petit matin.
Samedi 17 et Dimanche 18 Avril
Françoise, la patronne très chaleureuse de l'auberge, vient très vite
discuter avec nous. Elle a l'habitude d'héberger gratuitement les voyageurs
comme nous. Pendant que je travaille, David range la voiture. Il y a pas
mal d'animation car les gens de Libreville viennent ici le week-end pour
s'offrir un bon repas de poissons et de fruit de mer. Il pleut mais ça passe
rapidement, le ciel redevenant bleu azur.
Le lendemain, il fait très chaud et très lourd. La batterie de la voiture
est complètement déchargée alors qu'on a laissé tourné la voiture.
Incontestablement, elle est fichue. Heureusement on trouve un client qui a des
câbles pour qu'on redémarre. C'est ainsi qu'on fait la connaissance de Yvan,
canadien et Angélique, camerounaise. Ils nous disent que ce n'est pas la peine
d'essayer d'aller à Libreville un dimanche après midi pour espérer trouver
une nouvelle batterie. Par contre, comme il travaille dans le secteur, il nous
laisse les câbles au cas où on ne redémarrerait pas demain matin. On n'aura
plus qu'à trouver une voiture, ce qui n'est pas super facile non plus.
Le soir, la patronne ferme l'auberge jusqu'à mardi et nous laisse
l'établissement entre nos mains. Nous avons la plage et la terrasse du
restaurant rien que pour nous !
Lundi 19 Avril
David trouve une âme charitable et on
peut enfin partir pour rejoindre Libreville.Nous arrivons tant bien que mal juste avant midi au garage Toyota pour faire
changer la batterie. Mais le mécanicien et le magasinier ne sont pas d'accord
et ce dernier ne semble pas motivé pour vendre juste avant la fermeture. A
force de se renvoyer la balle, David finit par s'énerver et on leur claque la
porte au nez.
Heureusement, grâce à Françoise, on a une super adresse de petit resto
pour se remonter le moral. En plus il est tenu par une Camerounaise mariée à
un basque qui organise des excursions dans une réserve, on fait d'une pierre 2
coups. Après l'excellent déjeuner, on discute avec Betty qu'on reconnaît
immédiatement avec son accent qui nous rappelle le pays ! Nous prenons donc
rendez-vous pour demain matin pour passer 2 jours à Nyonyé.
Après avoir remplacé la batterie, nous nous lançons dans notre dernière mission à accomplir à la capitale : trouver comment recharger
notre bouteille de gaz en espérant plus de réussite qu'à Yaoundé. C'est
déjà assez compliqué comme ça, et comme si ça ne suffisait pas, on est
arrêtés quatre fois en trois heures pour cause de vitres fumées
et plaque non conforme. Apparemment le préfet a décidé de faire une
opération coud de poings. A chaque fois on doit leur expliquer qu'on n'est pas
résident du Gabon et qu'on est juste de passage. Grâce au carnet de passage en
douane, on peut focaliser le problème sur la plaque leur démontrant ainsi
qu'on a raison. Au bout de pas mal de palabres, ils nous laissent partir.
Quand on n'est pas occupés avec les policiers, on bataille pour notre
bouteille de gaz. Après avoir vu les magasins, les revendeurs, les débitants,
le dépôt général et le siège de Total, on atterrit à Total Marketing qui
seul peut traiter des cas aussi particuliers. Sur place, on nous aiguille vers le
responsable commercial. On se rapproche. On lui explique notre situation qui
sort vraiment des cas courants vu les rires et les sourires que cela provoque
dans le bureau. Finalement, il arrive à nous éditer un bon de commande qui
déclenchera automatiquement un bon de remplissage au dépôt de Total. Ouf .
Mais il faut payer (900 CFA soit moins de 1,5 euro !) et juste quand on
redescend, la caisse ferme ! Décidément. On doit repasser demain matin avant
de partir à notre excursion et régler notre dette. On s'occupera du
remplissage de la bouteille à notre retour.
On sort de là lessivés. On part dans une mission catholique, chez les
Soeurs Bleues pour passer la nuit. En fait, c'est presque comme un hôtel mais
tenu par des soeurs.
Mardi 20 Avril
Nous arrivons de justesse au port car on a dû s'arrêter auparavant pour payer notre facture
ce qui devrait déclencher le processus
administratif de remplissage de notre bouteille de gaz. Nous embarquons dans
la pirogue et nous traversons l'estuaire. Au bout d'une heure nous nous engageons dans un
labyrinthe de bras morts qui s'enfoncent de plus en plus dans la mangrove. Le
pilote est attentif car il faut éviter de s'échouer sur les nombreux bancs de
sable. Les chenaux majestueux deviennent de plus en plus étroits et nous arrivons
enfin à notre première destination. On joue à l'équilibriste pour descendre
à terre. La barque est aussitôt rechargée car il faut repartir avant que la
marée ne change.
Un pick-up nous attend et nous conduit à notre lieu final après une grosse
demi-heure par les pistes : juste avant le
village de Nyonyé, sur une plage de sable blanc, loin de tout. Après un bon
repas et une sieste réparatrice, c'est l'heure de s'embarquer pour visiter la
forêt et la faune. Après avoir contourné le village, la piste s'infiltre dans
l'épaisse forêt, toujours aussi impressionnante. Puis soudain, elle débouche
sur de vastes clairières qui s'étendent sur des collines arrondies. Les
paysages sont fabuleux, encore plus quand on peut admirer les ilots de forêts
perdus dans cet océan de prairies. La piste s'enfonce de nouveau dans la
forêt. Tout à coup, le véhicule s'arrête. Nous sommes en présence des
fameux "assala", les éléphants de forêt. Ils semblent habitués des
lieux mais dès qu'ils nous voient ils se réfugient dans la végétation. Nous
sommes tout excités, depuis le temps qu'on attendait ce moment. On fait une
boucle et on revient sur nos pas. Cette fois-ci, ils se laissent un peu mieux
approcher. Il y a la mère et son petit et le garde du corps. Ce sont vraiment
des éléphants de taille réduite avec de petites défenses mais quel spectacle
fantastique. Le garde du corps fait bien son travail et exécute plusieurs
tentatives d'intimidation. Nous les laissons tranquilles et poursuivons notre
route.
Le soleil commence à descendre à l'horizon, c'est le moment le plus
propice pour observer les animaux. Et nous sommes particulièrement gâté. Tout
le monde s'est donné rendez-vous pour sortir. Les buffles de forêt et plusieurs
troupes d'éléphants qui se nourrissent à la lisière des îlots de forêt.
C'est un ballet fantastique dans des paysages magnifiques. Le point d'orgue de
cette excursion, nous le savourons en admirant un éléphant, perdu dans cette
immensité de prairies et de forêt, avec en fond de toile le soleil se couchant
sur l'océan : féérique !
Nous retournons au campement, en retraversant la forêt mais dans une
obscurité pesante. La chaleur torride de la journée cède sa place à une
fraîcheur surprenante et saisissante. Nous passons la soirée avec les
travailleurs des télécoms et deux exploitants forestiers qui nous expliquent
leur métier et nous racontent des anecdotes croustillantes à souhaits. Le plus
drôle, c'est qu'on a fait nos études dans le même lycée. Une fois de plus
l'adage "comme le monde est petit" se vérifie. Au loin, les
villageois font la fête. Ils ont abattu un éléphant qui est venu dévasté à
plusieurs reprises leurs plantations. Ils auront ainsi de la viande pour un bon
bout de temps.
Mercredi 21 Avril
Nous profitons de la merveilleuse plage pendant la matinée. Nous marchons
longuement sur la côte avec le chien du campement qui nous accompagne. Il tente
désespérément d'attraper un des nombreux crabes à l'évidence, trop vifs et
trop rapides pour lui. Nous quittons ce petit paradis tranquille en début
d'après midi et refaisons le parcours inverse avec déjà une certaine
nostalgie qui s'installe.
Le retour à Libreville nous replonge dans la vie active. Comme il n'est pas
trop tard, nous décidons d'en finir une bonne fois pour toute avec notre bouteille de gaz. Nous
récupérons le bon à remplir et muni de notre précieux document, nous allons au dépôt général. David apporte la bouteille et le papier à un des
employés qui part remplir la bouteille. Ca se précise. Mais, il faut
enregistrer l'opération au bureau, et là on nous dit que ce n'est pas possible
pour des raisons administratives. Argh, si près du but. On essaie d'en savoir
un peu plus et finalement au bout d'un moment on apprend que le poids de
notre bouteille de gaz est absent de leur programme informatique et de fait ils
ne peuvent pas l'enregistrer. Il est 5 heures et le dépôt ferme. Nous restons
dans le bureau tous désespérés : nous car on ne voit pas la fin du feuilleton
bouteille de gaz, et eux car ils voudraient terminer de travailler mais ils ne
voient pas trop l'issue du problème. A force de discuter, je demande s'il n'est
pas possible de créer un nouveau code pour notre bouteille. Le chef appelle
l'informaticien de service qui lui dicte la manipulation à effectuer. Ca y est,
après, de nombreuses impressions de listings en tout genre, des signatures sur
des formulaires en plusieurs exemplaires, cette fois ci on peut considérer
notre mission accomplie !
Nous quittons la capitale pour passer la nuit sur la côte à Santa Clara qui
semble relativement proche, mais la route et ensuite la
piste est aussi mauvaise et on n'en voit pas le bout. La nuit tombe et il n'y a
pas l'air d'avoir grand chose de toujours ouvert. Heureusement, un homme nous
interpelle, probablement surpris de nous voir traîner dans les parages à des
heures aussi indues. Il connaît un endroit bien pour nous et il nous conduit à
un parking sur la plage à côté de sa maison. Il y a beaucoup de vent, il fait
frais et il fait nuit. Nous dînons rapidement pour nous coucher à l'abri.
Jeudi 22 Avril
Avec le jour, nous découvrons le cadre très sympathique dans lequel nous
avons dormi. Cela doit être beaucoup plus fréquenté le week-end. Mais
aujourd'hui, nous commençons notre trajet pour quitter le Gabon. Nous revenons
à Libreville où on s'offre un super petit déjeuner dans une délicieuse
pâtisserie. Le plein de carburant effectué, nous prenons la route pour
Lambaréné. Tout le long de la route, les villageois suspendent devant
leur maison le gibier qu'ils ont chassé récemment (enfin depuis plus de temps
à l'allure de certaines bêtes suspendues). Les Gabonnais adorent la viande de
brousse, la seule véritable viande à leurs yeux. On reconnait beaucoup
d'espèces différentes dont certaines sont protégées en théorie : beaucoup
de petites antilopes, des singes, des varans, crocos, porcs-épics, pangolins,
civettes, chauve-souris. Parfois la viande est proposée séchée ou boucanée et
là c'est beaucoup plus dur de trouver à quel animal ça correspond. Le village
d'Ekok est réputé pour sa viande de brousse mais nous n'y avons pas gouté :
il faut être certain de sa fraicheur et après avoir appris tant de choses sur
le virus Ebola, c'est beaucoup moins tentant !
Nous faisons une halte à Lambaréné pour visiter le célèbre hôpital du
Docteur Schweitzer. Il est un peu délabré mais des efforts sont entrepris pour
sa rénovation. La visite guidée est très intéressante et cela donne vraiment
envie d'en savoir plus sur cet extraordinaire personnage qui ne dormait que
quelques heures par nuit et avait ainsi tout le temps de s'adonner à la
médecine, au bricolage, à la menuiserie, à l'écriture, la musique et bien
d'autres choses encore.
Nous quittons la paisible ville installée sur les rives du fleuve Ogouué
pour s'engager sur la route qui nous conduit toujours plus au sud. Le goudron
s'arrête très vite et nous retrouvons la classique latérite. Peu avant la
nuit, nous arrivons à Fouganou où nous espérons dormir. Pour cela, nous
recherchons la mission catholique. Mais notre camping dans la voiture semble assez compliqué
et comme quand on revient, il fait nuit noire mais surtout il règne un bruit
assourdissant provenant des groupes électrogènes de la ville
juste en face, on part en quête d'un nouveau logement. C'est comme ça
qu'on finit par s'installer sur le parking du grand hôtel de la ville, non sans
avoir essuyé au préalable une rude négociation.
Vendredi 23 Avril
Ce soir, si tout se passe bien, on dort au Congo mais on n'en est pas encore
là. Nous empruntons une mauvaise piste jusqu'à Mouila et de là nous en
prenons une autre jusqu'à N'Dendé où on espère accomplir les formalités.
Nous en accomplissons une partie mais il faudra terminer plus loin. J'essaye d'en
savoir un peu plus sur la suite des formalités et sur les conditions de route
au Congo. Sur le premier point j'obtiens les renseignements nécessaires quand
au second, personne ne peut me répondre !
Quand on arrive à Moukoro, une barrière se dresse devant
quelques bâtiments épars. Un homme s'approche de nous, il est gendarme et
termine la procédure qui nous concerne. Il ne nous reste plus qu'à rentrer au Congo.
Mais une fois arrivés à Doussala, on se fait arrêter sur la piste par un
militaire qui nous fait conduire au poste où on recommence tout. On quitte le
poste militaire mais devant nous il y a encore une barrière devant un bâtiment
désaffecté ayant vraisemblablement appartenu aux douanes gabonaises. On
attend, rien ne se passe. On n'ose pas lever la barrière nous-même. Au bout
d'un moment, un des militaires à qui on a eu affaire arrive. Il nous réclame
un droit de passage ! Comme d'habitude on refuse et il finit par nous laisser
partir. C'est le début d'après midi et l'inconnu nous attend au Congo.
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